Le Cambodge, un pays qui semble s’éloigner de la démocratie

de Paola Vegas

Le Royaume du Cambodge, une monarchie constitutionnelle avec deux chambres législatives, est un pays qui a longtemps vécu sous l’influence de pays extérieurs. En effet, le pays a d’abord connu le protectorat de la France en 1863, puis l’occupation japonaise entre 1940 et 1945. Tout au long du 20ème siècle, le pays connut une forte instabilité politique.

Suite au coup d’État de 1970, une guerre civile ravagea le pays pendant 5 ans, opposant les Khmers Rouges et les forces gouvernementales en place. Suite à cette guerre civile, le gouvernement de Pol Pot entreprit une sorte de « purge » chez leurs citoyens, qu’ils pensaient tous être des « agents de l’impérialisme américain » (INA, 1988)[1]. Enfin, la République populaire de Kampuchéa est formée, de 1978 à 1989. Cependant, ce n’est qu’en 1993 que des élections législatives à multipartis sont organisés, sous la tutelle de l’ONU. Même si cela représente une avancée en terme de droits démocratiques octroyés aux citoyens, nous pouvons nous demander si le pays en a réellement fini avec l’instabilité politique. En ce sens, nous étudierons l’exemple de l’économie, qui reflète la mauvaise gestion du gouvernement. Ensuite, nous nous demanderons quels sont les recours possibles afin d’atteindre une démocratie plus transparente et stable.

 

 

Les graves problèmes économiques du pays, exemple du manque de stabilité du gouvernement.

Même si le Cambodge a rejoint l’ASEAN en 1999, le Cambodge reste l’un des pays les plus pauvres au monde. En 2014, chaque habitant vivait avec en moyenne 850 dollars par an. Cela signifie qu’en plus d’avoir un système politique instable, le pays souffre donc d’une économie handicapante. C’est une tendance qui ne semble pas changer avec le temps. En 2016, le Cambodge a bénéficié de près de 400 milliards de dollars en aide au développement provenant de la communauté internationale.  Cela démontre bien un manque de stabilité de la part des pouvoirs publics, qui ne parviennent pas à mettre en place des politiques économiques.

Aussi, nous pouvons nous demander dans quelle mesure l’ouverture économique du pays et le fait de rejoindre l’ASEAN a bénéficié aux citoyens Cambodgiens. En effet, même si ce regroupement de pays possède une Charte des Valeurs[2] qui protège les droits individuels à travers une commission pour les droits humains, celle-ci ne semble pas être respectée dans le pays, avec par exemple une arène politique ou les opposants au régime sont arrêtés.Ces exemples nous démontrent bien qu’en dépit des divers outils qui sont mis à la disposition du gouvernement de Hun Sen, ceux-ci ne parviennent pas à guider l’économie vers la croissance et à mettre en place des politiques cohérentes. Cela enlève la légitimité que pourrais ce donner les dirigeants lors de la prise de pouvoir, qui la justifient avec un désir de « redresser » le pays et le faire rayonner.

 

Les limites de la démocratie en place :

De plus, la liberté d’expression est lourdement restreinte dans le pays. Par exemple, en 2017, « Un texte adopté par le parti au pouvoir autorise le gouvernement du premier ministre Hun Sen et les juges à dissoudre les formations politiques » (Penh 2017). Cela signifie que le gouvernement peut donc décider de dissoudre des partis politiques qui pourraient remettre en question son autorité ou sa manière de gérer le pays[3]. Même en 2002, le pouvoir en place avait même recours aux assassinats politiques. Même si les crimes politiques de ce genre sont en baisse dans le pays, ce n’est que parce que les pouvoirs en place « considèrent que cette politique est efficace et ont confiance dans la manière dont le parti gère ses opposants » (Un 2011, 549). Pour finir, il est important de noter que les citoyens de ne peuvent toujours pas jouir de droits humains fondamentaux. Par exemple, « près de 10% des prisonniers sondés (…) se sont dit victimes de torture par la police ou de l’armée » (Un 2011, 550). En ce sens, la « démocratie » en place dans le pays a plus tendance à nous rappeler les régimes autoritaires également présents dans la région, il est donc vrai que « Les partis et les clans au pouvoir sont bel et bien responsables des obstacles mis au développement de l’économie et de la démocratie » (Jennar 1995, 13).

L’exemple de la difficulté à mettre en place des politique économiques nous démontre bien que les pouvoirs en place ne parviennent pas instaurer des

 

Quels recours existent pour pallier à ces problèmes ?

L’instabilité économique et le manque de confiance envers les institutions, notamment la police ou l’armée, nous montrent bien que le Cambodge doit encore faire de nombreux progrès en matière de démocratie. En effet, le pays ne peut jouir d’un système stable que si ses institutions le sont. Cela passe notamment par une ouverture au commerce international, mais surtout une réforme du système politique. En ce sens, il serait pertinent d’appliquer au Cambodge le principe de balance et contrepoids. Ce concept veut qu’il existe une séparation des pouvoirs judiciaires, législatifs et exécutifs, afin de ne plus concentrer les pouvoirs autour d’une même institution, que ce soit l’armée ou la police. De plus, il est primordial que la communauté internationale, en plus d’aider au développement économique du pays, pousse également pour une répression plus importante de la corruption dans le pays.

Malgré tout, il ne faut pas perdre espoir en ce pays au grandes capacités économiques et politiques. En effet, « Quoique d’une extrême complexité, le problème cambodgien n’est pas insoluble » (Regaud 1988, 953).

 

[3] Pour mieux saisir l’ampleur du génocide qui a eu lieu durant ces années : http://www.ina.fr/video/I04209456

[1] La charte au complet : http://asean.org/storage/2012/05/62.-December-2016-The-ASEAN-Charter-20th-Reprint-Amended.pdf

[2] Pour voir la réaction de la presse locale : https://www.cambodiadaily.com/featured/party-busting-bill-passed-in-final-blow-to-democracy-125486/

 

Bibliographie 

Ina. 1988. Reportage : « Le génocide Cambodgien ». En ligne : http://www.ina.fr/video/I04209456

Jennar.R.M. 1995. « Le Cambodge ravagé par l’incurie ». Le Monde Diplomatique. (février) : 13

Penh.P. 2017. « Cambodge, bientôt la fin de la démocratie ? ». Courrier International. En ligne http://www.courrierinternational.com/article/cambodge-bientot-la-fin-de-la-democratie

Regeaud.N. 1988. « Cambodge, quelle nouvelle donne ? « . Politique étrangère. Vol. 53, No. 4 (hiver), pp. 943-954

Un.K. 2011. « Cambodia: moving away from democracy ? ». International Political Science Review / Revue internationale de science politique. Vol. 32, No. 5, The Quality of Democracy in Asia Pacific (novembre) : 546-562

 

Iconographie 

Rfi. 2016. Photo : « Les trois membres du mouvement de jeunesse du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) à leur arrivée au tribunal municipal de Phnom Penh. ». En ligne : http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20160613-cambodge-trois-meneurs-manifestations-condamnes-sept-ans-prison

 

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