Par Lucie Marcoux
Durant la colonisation de l’Asie du Sud-Est, des mouvements nationalistes ont commencé à surgir vers la fin du 19e siècle afin d’atteindre l’indépendance. Durant ces révolutions, l’idée d’une société sans classes fit son apparition. Plusieurs mirent en place des mouvements communistes dans le but d’y arriver. Certains de ces hommes, dont Ho Chi Minh, sont mondialement connus pour leurs efforts dans la révolution. Par contre, certains le sont un peu moins. Kaysone Phomvihane est l’un d’entre eux.
Son nom est peu mentionné dans l’Histoire bien que, vers la fin de la guerre d’Indochine en juillet 1954, il était le communiste laotien le plus puissant et un allié privilégié du Vietnam [1]. Malgré sa notoriété au Laos, comme en témoigne le musée en sa mémoire (voir photo ci-haut), il demeure un personnage politique peu connu à l’extérieur de cette région. Avec ces informations, il est facile d’en venir au questionnement suivant : qu’est-ce que Kaysone Phomvihane a accompli pour marquer l’histoire communiste de son pays ? C’est la question à laquelle cet article répondra.
Premièrement, Kaysone Phomvihane a travaillé à amener le mouvement communiste vietnamien au Laos. Phomvihane est né d’un père Vietnamien et d’une mère laotienne. Il maîtrise donc les deux langues parfaitement et il décide d’étudier au Vietnam, dans la ville de Hanoi, au début des années 1940. Ayant un grand intérêt pour le nationalisme et le communisme, il commence à s’impliquer dans les activités de l’Union Étudiante au Vietnam et il devient ainsi un sympathisant actif des Viet Minh (groupe de résistance contre la colonisation des Français et des Japonais) [2]. Étant donné qu’il possède également des caractéristiques et qualités de dirigeant, il prend part à des positions de gestion dans des groupes armés et dans des partis politiques quelques années plus tard [3]. C’est avec ces actions qu’il se fait remarquer par le communiste Vietnamien Ho Chi Minh. En 1946, Ho lui demande d’infiltrer le mouvement nationaliste du Laos, connu aujourd’hui sous le nom du Pathet Lao [4]. Cette action marque le début d’un long partenariat entre le Laos et les communistes vietnamiens [5] et c’est grâce à cela que le Laos rentrera dans une lutte nationaliste et communiste.
Deuxièmement, Kaysone Phomvihane fut un des acteurs importants à la formation du parti communiste laotien et de la lutte contre les Français et les Américains. À son retour au pays, Phomvihane participe à la formation du Pathet Lao, un mouvement politique communiste, et il lutte pour l’indépendance du pays. À ce moment, le Laos est encore sous l’emprise du pouvoir colonial français, qui contrôle l’Indochine depuis 1893. Le mouvement nationaliste conduit alors une propagande anticolonialiste, tout en entrainant des forces armées locales dans le nord du Laos [6]. Ils obtiennent l’indépendance de la France en 1949, par contre le combat continue contre les États-Unis qui désirent contrôler les mouvements socialistes de l’Asie pour prévenir l’effet domino du communisme [7]. Les Américains croient éviter l’expansion du communisme de la Chine et du Vietnam en intervenant au Laos. Kaysone Phomvihane va donc déplacer le Pathet Lao dans des caves situées dans les montagnes au nord du Laos durant les bombardements américains en 1964. Ils continueront à combattre contre le Royaume du Laos et les forces américaines jusqu’à la libération du pays [8].
Troisièmement, Kaysone Phomvihane a également marqué l’histoire du Laos en gérant l’État avec une idéologie communiste. Après la victoire du Pathet Lao et l’abolition de la monarchie en 1975, Phomvihane devient premier ministre de la nouvelle République Démocratique Populaire Lao jusqu’en 1991. Il amène la révolution nationale démocratique au Laos avec la fondation de la République et avec l’abolition de l’État archaïque. C’est à ce moment que commence le mouvement communisme contre l’État bourgeois et le capitalisme. Malheureusement, cette lutte amène le Laos dans une transformation difficile et chaotique [9].
Pour conclure, avec ces accomplissements, le peuple laotien considère Kaysone Phomvihane comme un homme qui a fait beaucoup pour le pays, et ce, jusqu’aux dernières minutes de sa vie. Ce communiste a confronté plusieurs périodes difficiles durant la révolution face aux forces étrangères, mais n’a jamais abandonné. Il s’est sacrifié pour la révolution et c’est pourquoi cet homme est vu comme un héros patriotique qui marque l’histoire communiste du Laos.
Références :
[1] : Nguyen
[2] : Gunn, 1988, p.134.
[3] : Gunn, 1988, p. 254.
[4] : The Editors of Encyclopædia Britannica, 2016.
[5] : Nguyen
[6] : Nguyen
[7] : Souk-Aloun, 2002, p. 143-144.
[8] : The Editors of Encyclopædia Britannica, 2016.
[9] : Souk-Aloun, 2002, p. 263-264.
Bibliographie:
Dommen, Arthur J. 2001. « The Indochinese experience of the French and the Americans : nationalism and communism in Cambodia, Laos, and Vietnam ». Bloomington : Indiana University Press.
Evans, Grant. 1988. « Agrarian change in communist Laos ». Singapore : Institute of South East Asian Studies.
Gunn, Geoffrey C. 1988. « Political struggles in Laos, 1930-1954 : Vietnamese communist power and the Lao struggle for national independence ». Bangkok, Thailand : Editions Duang Kamol.
Nguyen, Phi-Vân. « La Guerre d’Indochine (1945-1956) : KAISÔN PHOMVIHĀN ». [En ligne] http://indochine.uqam.ca/fr/le-dictionnaire/703-kaison-phomvihn-nguyn-quc-tr-anh-by-19202002.html (page consultée le 25 mai 2016).
Souk-Aloun, Phou-Ngeun. 2002. « Histoire du Laos Moderne (1930-2000) ». Paris: L’Harmattan.
The Editors of Encyclopædia Britannica. 2016. « Kaysone Phomvihan : President of Laos ». [En ligne] http://www.britannica.com/biography/Kaysone-Phomvihan (page consultée le 25 mai 2016).