Par Maria Kapelewski
Après avoir abordé le cas des Philippines et de la Thaïlande dans les deux précédents billets, nous allons aujourd’hui nous pencher sur le cas du mouvement féministe en Indonésie.
La République d’Indonésie, dont la capitale est Jakarta, fait environs 2 millions de km² et compte près de 225 millions d’habitants. La langue officielle est le bahasa indonésia, mais le pays compte également 200 langues et dialectes régionaux en plus. Après environs 300 ans de colonisations et occupations néerlandaise et japonaise, le pays déclare son indépendance le 17 août 1945 sous Sukarno, qui était à ce moment un leader nationaliste.
Étant coloniséedepuis le XVIIeme siècle par les Néerlandais, de nombreux mouvements nationalistes se créèrent, et parmi eux, des mouvements féministes. Tout d’abord, il est important de noter que les hommes néerlandais dénigraient les femmes en Indonésie, qu’elles soient Néerlandaises ou Indonésiennes. Comme pour les Philippines, les Indonésiennes veulent privilégier l’éducation pour les femmes, leur permettant ainsi de s’échapper des mariages arrangés, et les aideraient à devenir mère. Une des figures majeures de ce mouvement s’appelle Raden Ajeng Kartini. Elle est une avocate des droits des femmes et de la libération nationale en Indonésie. En 1913, elle créé la fondation Kartini pour aider les femmes et les enfants. Étant un exemple pour la majorité des femmes en Indonésie, le gouvernement Indonésien proclame un « Mother Kartini Day », sous l’ère Suharto (1966-1998).
Plusieurs associations pour promouvoir l’éducation des femmes et leur participation dans la sphère publique voient le jour, comme Putri Mardika (1912), The Union of Sumatra Women (1911) et d’autres, et n’hésitent pas à publier des journaux sur leurs problèmes et moyens d’agir. On peut voir que non seulement, en plus de créer des groupes de soutiens, et une communauté pour s’entraider, les femmes indonésiennes militent, communiquent et diffusent leurs façons de penser entre elles, elles tiennent à être entendues. En 1928, se tient le premier Congrès Indonésien des Femmes, où est discuté, en particulier, une loi pour un mariage laïque, et non uniquement religieux.
Mais la venue de la Seconde guerre Mondiale détruit la plupart des mouvements nationalistes, tandis qu’ hommes et femmes essayent de créent le maximum de mouvements de résistances pour lutter.
En 1974, une loi sur le mariage est appliquée pour élever l’âge minimum du mariage, appeller pour la protection des femmes au sujet du mariage contre leurs gré, et autoriser les femmes à initier la demande de divorce. Cependant, les familles musulmanes sont exclues de cette partie de la loi, car le divorce est tenu en cours islamique, donc du domaine privé. Les femmes musulmanes ont des droits donc moins larges que les femmes non-musulmanes. Mais ont-elles pour autant une différente vision du féminisme? En réalité, leurs objectifs sont semblables et joints, car même les femmes musulmanes rejettent la part de viol, décrit par les hommes comme faisant parti du jihad, voyant ça comme de la pure violence, et demandent également, une égalité dans le respect de leurs droits.
Sous Suharto, la valorisation de la maternité comme une part de la différence des genres, dans le système dit patriarchale (dominé en grande partie par des hommes), est mise en avant.
En 1998, les femmes prennent part active aux manifestations et occupent même le parlement. Leurs activismes (à propos des droits des femmes) à été stimulé par la révélation de viols massifs des femmes Chinoises. Ce qui indique donc, que les femmes indonésiennes ne sont pas seulement concernées par ce qui arrive à leur peuple, mais surtout au sort de toutes les femmes touchées, dans leur région, ou à proximité.
Que peut-on remarquer dans les dernières années, au niveau du mouvement féministe en Indonésie? Elles continuent à faire des demandes politiques. La création du CEDAW (Elimination of All Form of Discrimation Against Women), pour améliorer et rectifier les conditions de travail en est un résultat effectif. Concernant la politique, même s’il y a peu de femmes dans la législation, il existe des femmes dans le top du système politique, comme la présidente Megawati, la fille du premier président Sukarno, en pouvoir jusqu’en 2004. C’est un résultat important de la prise de conscience féministe indonésienne, en élisant une femme au pouvoir.
Le 8 mars 1999 est organisée la Marche des femmes Indonésiennes contre la violence. C’est d’ailleurs la première fois que le jour de la Femme est célébré en Indonésie.
Pour conclure, comment peut-on voir le féminisme en Indonésie? Il peut être comparé aux Philippines, où une vraie demande et lutte pour l’éducation des femmes sont appliquées, afin d’améliorer le sort de chacun et chacune. Plusieurs commémorations et mouvements sont créées en faveur de la femme, pour garder le combat pour l’égalité des droits, et le respect des genres toujours présent, et d’actualité. Quelle que soit la religion, ou la nationalité, la demande d’égalité est essentielle.
BIBLIOGRAPHIE
A companion to gender history
edited by Teresa A.Meade and Merry E.Wiesner-Hanks
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Political worlds of women : activism, advocacy and governance in the twenty-first century
Mary Hawkesworth, Rutgers University
Boulder, Colorado : Westview Press, a member of the Perseus Books Groupe (2012)
Women in Indonesia: Gender, Equity and Development
Edited by Katryn Robinson and Sharon Bessell
Institute of Southeast Asian Studies, Singapour, 2002