Par Valérie Phromrasmy
Nous avons tous entendu parler de la guerre du Vietnam, mais il y a une chose dont peu de gens en sont informés; la guerre qui a eu lieu au Laos surnommé la secret war de 1964 à 1974, qui a été menée par les Américains. Évidemment, sous ce surnom se cache plusieurs secrets et ils ont été mis dans l’ombre des guerres du Vietnam et du Cambodge depuis trop longtemps.
À l’ère coloniale, le Laos était un pays colonisé par la France, mais en 1945, les Japonais ont renversé le gouvernement français de Vichy, ce qui a permis aux Laotiens de déclarer leur nation indépendante. À la première conférence de Genève en 1954, l’Accord de Genève a étable le Laos comme étant un état souverain neutre et a demandé le retrait de toutes les troupes d’armées étrangères sur le territoire.[1]
À l’aube de la guerre froide, lorsque le capitalisme et le communisme ont divisé le monde en deux, les États-Unis n’avaient que de l’intérêt pour le Laos afin d’arrêter l’expansion du communisme. Ils ont donc fourni 167 millions de dollars pendant trois ans au dirigeant du pays, le Gouvernement Royale Lao, afin d’aider à combattre le Pathet Lao communiste du pays. Cependant, la majeure partie de la somme a servi pour l’armée. Avec une population rurale qui n’était déjà pas très riche, cet argent inégalement distribué n’a fait que pousser d’avantage les gens à prendre le côté des communistes[2]. Le Pathet Lao pouvait donc être assuré de leur victoire à l’élection de 1958. Suite à l’élection truquée en 1960 par les États-Unis, des coups d’états et contrecoups sont lancés par les parties opposantes. C’est à ce moment que des troupes américaines sont envoyées pour se battre aux côtés de l’armée du Gouvernement Royale Lao et que la guerre civile débute. Une deuxième conférence de Genève a eu lieu en 1961 pour faire un rappel à l’Accord de Genève en 1954.
Inévitablement, cette deuxième conférence de Genève ne servi à rien puisque des activités se faisaient quand même illégalement. L’armée américaine restait aux côtés de l’Armée Royale Lao tout en s’associant avec les Thaïlandais et les forces armées des Hmongs. On croyait jusqu’à présent que les Thaïlandais étaient en mission dans le sud du Vietnam mais ils étaient plutôt en mission au Laos.[3]De plus, Le Central Intelligence Agency (CIA) était aussi présente et recrutait des Hmongs et d’autres minorités ethniques. Ces fronts étaient une violation directe à l’Accord de Genève. De plus, toutes ces activités ont eu lieu sans l’autorisation du congrès américain ou même qu’il en soit mis au courant. Ce n’est qu’en 1971 que la guerre est exposée au Sénat américain.
DE 1964 à 1973, une campagne massive de bombardements illégaux a été lancée sur le Laos. L’armée américaine a affirmé que ces bombardements étaient nécessaires afin de neutraliser la présence illégale de troupes nord-vietnamiennes au Laos[4]. N’avaient-ils pas déjà appris leur leçon lors des relâchements des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki? Leur justification rappelle grandement celle de Harry Truman en 1945 :
Le monde se souviendra que la première bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, une base militaire. Nous avons pris de vitesse les Allemands dans la course à la découverte, et nous avons utilisé cette bombe pour abréger le supplice de la guerre, pour sauver la vie de dizaines de milliers de jeunes Américains. Et nous continuerons à l’utiliser jusqu’à destruction totale de la puissance militaire japonaise.[5]
Il n’y a pas que la justification qui rappelle les événements de 1945, mais aussi l’événement lui-même. Les objectifs étaient les mêmes et les victimes étaient des innocents.
Quand les pilotes américains ne pouvaient pas aller sur le territoire vietnamien, ils relâchaient souvent les bombes sur le Laos en chemin pour retourner dans leur base militaire en Thaïlande. C’est comme dire que leur cible principale n’était pas le Laos quand il y avait la piste d’Ho Chi Minh. Cette piste était un chemin de ravitaillement pour les communistes qui passait par le sud-est du Laos. Évidemment, ce n’était que des excuses par l’armée américaines.
Aujourd’hui, contrairement au Japon, le Laos est encore affecté géopolitiquement par les bombardements. Il est le pays le plus bombardé par des bombes à sous-munition et plusieurs n’ont pas encore étés déclenchés faisant donc des victimes à chaque année. Même en réunissant tous les pays bombardés ensemble, le nombre total de bombes ne pourrait pas battre celui du Laos à lui seul.
Sans aucun doute, les territoires affectés empêchent visiblement le développement du pays. De plus, les États-Unis ne prennent toujours pas pleinement leur responsabilité. En 2008, le montant proposé au budget américain pour le nettoyage de mines était de 1,4 millions de dollars. Mais cela ne vaut rien contrairement au 2 millions de dollars dépensés par jour pendant la guerre et il en faut beaucoup plus pour tout enlever les mines. Finalement, tel qu’énoncé plus tôt, puisque ces bombardements faisaient partie du secret war, peu de gens en sont informés, alors peu d’aide peut être offerte. Pour ce faire, une organisation a créé une pétition où elle peut être signée sur ce site.
Bibliographie
Khamvongsa, Channapha et Elaine Russel. 2009. « Legacies of War: Cluster Bombs in Laos ». Critical Asian Studies 41 (Juin): 281-308
Osornprasop, Sutayut. 2007. «Amidst the Heat of the Cold War in Asia: Thailand and the American Secret War in Indochina (1960-1974) ». Cold War History 7 (no 3): 349-71
Wikipédia. En ligne. http://en.wikipedia.org/wiki/File:Trumann_hiroshima.ogg (page consultée le 11 octobre 2009)
[1] Channapha Khamvongsa et Elaine Russel, p. 287.
[2] Ibid
[3] Sutayut Osornprasop, p. 350.
[4] Channapha Khamvongsa et Elaine Russel, p. 282.
[5] http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Trumann_hiroshima.ogg