par Geneviève Ducharme
On peut l’affirmer d’emblée, l’ensemble de l’Asie a connu une impressionnante croissance économique au cours des décennies. Depuis trente ans, le développement de l’aquaculture est également remarquable pour la région. À l’origine, cette activité était pratiquée par les communautés locales, mais récemment, elle représente toute une industrie d’exportation. Étant présenté comme un modèle de production efficace, plusieurs l’adoptent en Asie et partout ailleurs. Aujourd’hui, cet apport financier a un coût environnemental important. En effet, les pratiques utilisées ont eu de graves conséquences sur la biodiversité et l’élevage de crevettes représente un véritable exemple de dégradation de l’habitat naturel, celui des forêts de palétuviers.
Source : http://www.fao.org/forestry/mangrove/fr/
Le cas en Thaïlande
On comprend l’importance de l’industrie de la pêche dans cette région en observant le nombre impressionnant de travailleurs employés dans l’aquaculture. Selon M. De Konink, c’est plus de 400 000 pêcheurs munis d’équipements modernisés contenant une flotte de 30 000 chalutiers. Entre 2000 et 2004, le taux de croissance annuel de production d’aquaculture est passé de 3,4 à 9,1% pour l’Asie avec une production de 1 172 866 tonnes. Au monde, la Thaïlande se trouve au septième rang comme producteur aquacole et est l’un des principaux exportateurs de crevettes.
La pêche thaïlandaise opère dans le golfe de Thaïlande le long du littoral. Ce bassin d’eau de 320 000 km² est tapissé d’une forêt d’arbres et arbustes qui prennent vie sous le niveau que peut atteindre l’eau en période de marées hautes, appelé aussi mangrove. Le développement extensif d’élevage de crevettes a engendré la destruction de vastes zones de mangrove situées sur les côtes. L’absence ou la destruction de ces mangroves peut avoir de graves conséquences chez les pays en développement qui sont bordés par ce type de forêt, car leur rôle est de modérer les crues des moussons et de protéger les côtes des phénomènes naturels tels que : l’érosion due aux vents, aux vagues et aux courants, ainsi que d’atténuer les effets de tempêtes et tsunami. On se souvient tous de la catastrophe de 2004 qui a frappé de plein fouet l’Indonésie, les côtes du Sri Lanka, le sud de la Thaïlande ainsi que plusieurs autres pays. Des études ont d’ailleurs démontré que les régions marquées par la désertification de mangroves ont été les plus touchées par l’événement. Concrètement, l’Asie aurait subi une perte de 1,9 millions d’hectares de forêt de mangroves. Avec les variations climatiques qui se manifestent de plus en plus il est essentiel pour les régions, surtout la Thaïlande, de préserver et de réhabiliter les côtes à mangrove pour diminuer les risques à d’éventuelle catastrophe naturelle.
Le cas de la Thaïlande illustre bien une situation où l’utilisation irrationnelle des ressources est allée de pair avec la croissance économique que la région a connue dans les années 80. Aujourd’hui, plusieurs groupes environnementaux sont en place et s’impliquent dans la conservation des forêts à mangrove selon une approche écosystémique de l’aquaculture. Par exemple, le Global Aquaculture Alliance a comme mission une aquaculture respectueuse de l’environnement sans compromettre les besoins alimentaires du monde ou encore la Convention de Ramsar qui se veut protectrice des zones humides. De plus, le FAO, l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture qui est très impliqué dans le domaine. Bien entendu, il ne faut pas interdire cette industrie, car d’un côté son poids économique et social demeure et de l’autre côté la demande des pays industrialisés continu de croître. Une façon simple de contribuer sans arrêter de manger des crevettes est de choisir celles étant certifiées bio.
Bibliographie
http://www.fao.org/fishery/countrysector/naso_thailand/fr
http://www.fao.org/forestry/mangrove/fr/
http://www.fao.org/DOCREP/V5200F/v5200f09.htm
http://www.goodplanet.info/goodplanet/index.php/fre/Biodiversite/Mangroves/Mangroves/(theme)/302
http://www.wrm.org.uy/bulletinfr/132/Mangroves.htm
ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/009/a0874e/a0874e00.pdf
De Koninck, Rodolphe, L’Asie du Sud‐Est, 2e édition revue et corrigée, Paris: Armand Colin, 2005.