Par H. Aysegul KARSLI
Dans un pays comme l’Indonésie, où la diversité ethnique et religieuse cohabitent, le progrès économique nécessite tout d’abord une pacification sociale et l’harmonie ethnique. Avant la crise de 1997, l’histoire politique est marquée par le régime de Suharto. Le « Nouvel Ordre » établi par le général était à la source delà stabilité politique qu’avait conne le pays pendant longtemps. Sous ce régime, l’Armée remplissait une double fonction : assurer la sécurité nationale et aider le développement économique et social [1]. Le système de Suharto prenait ses forces de l’interaction entre la stabilité politique et le développement économique; la première assurait le progrès économique mais en même temps c’est la prospérité économique qui consolidait le succès politique.
À partir des années 70, l’Indonésie prend une place croissante parmi les économies en émergence. Son décollage économique est dû notamment au fait que cet État archipel possède des ressources pétrolières, minières et fossiles. Avec le boom pétrolier de 1973, l’Indonésie récolte les ressources financières nécessaires à l’industrialisation pour être compétitive avec l’étranger. Toutefois, le contre-choc pétrolier de 1982 met un frein au développement du pays. Les réformes de libéralisation mises de l’avant pour sortir le pays de la crise a préparé la perte d’équilibre qui surviendrait 15 ans plus tard.
En 1997, l’expansion incontrôlée des crédits dans le secteur bancaire, la dette extérieure croissante et la détérioration de la balance des paiements aggravent la pression sur la rupiah indonésienne en créant une situation de forte dépendance externe. La dégradation que la rupiah indonésienne a connu a mené à d’importantes déstabilisations politiques et sociales.
Plus de 300 groupes ethniques existent en Indonésie et 3% de la minorité chinoise qui détient 66% de la richesse internationale a provoqué des émeutes raciales [2]. Le déclenchement de la crise, la régression économique et l’appauvrissement ont relevé le mécontentement du peuple tout en épuisant le régime et attisé des tensions interraciales. La pression monte et le gouvernement de Suharto est renversé en 1998 [3]. La faiblesse et la mauvaise gestion de son successeur, Habibie, entraînent l’Indonésie dans une impasse obscure. D’ailleurs, à cause du caractère explosif de la situation que le FMI et le gouvernement consentent à accorder des prêts colossaux; soient de 33 milliards de dollars [4].
Au lendemain de la tourmente économique, le retour productif est assuré par le libre échangisme, la bonne gouvernance économique, les progrès dans la matière des droits de l’Homme et les pas acheminés vers la démocratie [5]. En 2002, la perte du Timor Oriental qui est riche de gisements pétroliers a eu un impact important sur la reprise économique. Entre autres, les troubles sociaux et religieux, l’attentat de Bali qui a eu lieu en 2003 font obstacles au rattrapage. Dans le cas de l’Indonésie, le krach asiatique a discrédité le régime maximaliste des autorités dont la légitimité découlait des « miracles » économiques.
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[1] Jacques Mauduy, Asie de l`Est : émergence, convergence, concurrence? (Paris : Éditions Ellipses, 2005)
[2] Ibid.
[3] Yves Gounin et Sébastien Vivier-Lirimont, La crise asiatique (Paris : presses universitaires de France, 1999)
[4] Jean Luc Domenach, L`Asie en danger (Paris : Librairie Arthème Fayard, 1998)
[5] Éric Bouteiller et Michel Fouquin, Le développement économique de l`Asie orinentale (Paris : Éditions La découverte, 2001)