Par Vo Viet-Anh
Le Vietnam n’est pas une démocratie libérale. Les militants démocrates se font enfermer régulièrement parce que, selon les autorités, ils sont une menace à l’ordre public. De son côté, le gouvernement affirme qu’il essaie de faire progresser la démocratie dans le pays de manière pacifique et non-radicale. Toutefois, des groupes de défense des droits de l’homme ne semblent pas croire à cette thèse; Human Rights Watch a publié un manifeste signé par 118 « activistes pour la démocratie » résidant au Vietnam. La réalité se trouve entre les deux : il existe un système électoral et des institutions de nature démocratiques au Vietnam. Cependant, les élections sont loin d’être libres et sans contrainte et toute autre formation politique que le Parti communiste est interdite.
La désignation officielle du système politique par le régime en place dans la République socialiste du Vietnam est la démocratie à parti unique; le pays est dominé par le Parti communiste du Vietnam et cela avec une main de fer sur la vie politique, économique et sociale de la population. Toutefois, contrairement de la croyance populaire, il y a un système d’élection en vigueur dans ce pays d’Asie du Sud-est. D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être un membre du Parti communiste pour poser sa candidature.
Pour maintenir une forme de légitimité face à son peuple et à la communauté internationale, le Parti communiste vietnamien a inité quelques réformes, dites du Doi moi en 1986. Ces réformes ont apporté non seulement des éléments de capitalisme dans le système, mais aussi des changements au niveau politique. Auparavant, le parti contrôlait tout, depuis la société est basée sur des lois, plus sur les désirs des chefs du Parti. Le point culminant de la « société légale » sera le système de démocratie à parti unique.
Jusqu’à maintenant, le système semble avoir fait quelques preuves : les élections au Vietnam sont ouvertes à tous : un candidat ne peut pas appartenir à une autre formation politique que le Parti communiste, mais, il est toujours possible de se présenter en tant qu’indépendant, suite à l’acceptation et la validation de la candidature par différentes instances gouvernementales. Officiellement, ce n’est que pour vérifier si quelqu’un dans votre région va voter pour la personne. Cependant, il y a un bémol : après la période de validation de la candidature vient celle de l’information au public. Et, lors de cette phase, les candidats ne reçoivent pas un traitement équitable.
En effectuant des recherches sur différents quotidiens vietnamiens lors de l’élection de 2002, Martin Gainsborough, professeur à l’Université de Bristol et spécialiste de l’ex-Indochine s’est rendu compte que l’information véhiculée et transmise à la population est largement inutile et ne porte que sur les candidats communistes. Sinon, les médias locaux, tous contrôlés par le gouvernement, laissent très peu de place aux candidats indépendants [1].
En fait, les informations disponibles ne parlent pas des questions touchant des enjeux locaux et nationaux, il s’agit plutôt d’informations sur le processus normal des élections et des informations aidant les électeurs à aller voter. Selon Gainsborough, le gouvernement vietnamien semble plus préoccupé par les aspects légaux des élections et veut éviter de leur donner un impact politique important. Malgré tout, il y a des députés indépendants qui réussissent à se faire élire (42 se faisant élire lors de la dernière élection tenue en 2007).
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[1] Gainsborough, Martin, Party Control: Electoral Campaigning in Vietnam, 2005, 61-69.