Posts Tagged ‘Uni-Alter’

Forum social mondial 2011: l’alimentation comme projet de société

par Claudia Beaudoin, Élodie Rousselle, Farah Wikarski et Maxime Thibault-Vézina (délégation UniAlter/YMCA)

La notion de souveraineté alimentaire semble, depuis déjà quelques années, s’imposer au sein d’un nombre grandissant de mouvements et d’organisations comme principe angulaire d’un nouveau combat à mener. Accaparement des terres, dépendance aux organismes génétiquement modifiés, perte de la biodiversité, appauvrissement des communautés rurales, et autres conséquences de la libéralisation des politiques agricoles tendent à mobiliser paysans, consommateurs, femmes et citoyens.

La prégnance d’un nouveau discours, axé sur la mise en place d’une gestion locale, autonome et plus humaine des systèmes alimentaires, s’est illustrée avec force au cours du Forum social mondial 2011. Cet événement, qui s’est déroulé à Dakar entre le 6  et le 11 février, a rassemblé plus de 120 000 personnes en provenance de 143 pays, et a favorisé le partage de solutions concrètes à des enjeux planétaires. Plusieurs dizaines d’ateliers, conférences et assemblées se sont attardés à discuter des différents enjeux et solutions se rattachant au concept de souveraineté alimentaire. Read the rest of this entry →

Dakar – le Caire – Tunis : même combat ? Le Forum social mondial et les processus de mobilisation politique

Par Pascale Dufour (professeure, Université de Montréal) et Raphaël Canet (professeur au CEGEP du Vieux Montréal)

70 000 personnes ont défilé le 6 février dernier dans les rues de Dakar pour la marche d’ouverture du Forum social mondial (FSM). Par la suite, et jusqu’au 11 février, plusieurs dizaines de milliers de participants ont circulé sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop à la recherche d’un atelier, d’une conférence ou d’une manifestation afin de penser et construire un monde différent, plus juste, solidaire et démocratique.

Parallèlement, les soulèvements populaires en Égypte ont mobilisé l’attention médiatique. Ces mobilisations faisaient suite à la « révolution de Jasmin » en Tunisie, et suscitent de nombreuses aspirations au changement dans d’autres pays de la région. Les peuples descendent dans la rue pour braver le pouvoir autoritaire des gouvernements en place depuis des décennies. Doit-on voir dans ces deux séries d’événements plus qu’un parallèle ? Read the rest of this entry →

Vidéo-clip « Les universités unies au Forum social mondial »

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=c3D2YDL12H0&eurl=http://www.nouvelles.umontreal.ca/multimedia/forum-en-clips/les-universites-unies-au-forum-social-mondial.html]par Marie Lambert-Chan

Des étudiants de l’Université de Montréal ont participé à la 8e édition du Forum social mondial, à Belém au Brésil. Ce voyage s’effectuait sous l’égide d’UNI-Alter, un collectif qui regroupe les universités de Montréal, de Sherbrooke, d’Ottawa et de l’UQAM. Deux étudiants de l’UdeM, une étudiante de l’UQAM et le professeur de science politique Dominique Caouette relatent ici leur expérience

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03 2009

De retour du Forum social mondial (FSM), la tête pleine d’images, de rythmes et d’interrogations!

Après les péripéties des embouteillages locaux et quatre vols d’avion contribuant encore au gaz à effet de serre, que rapporte-t-on de cette expérience du Forum social amazonien? Des étudiants exténués, des bagages ultra-humides, des nuits sans sommeil, mais surtout des rencontres comme nulle part ailleurs… et des têtes pleines de rythmes, d’idées, de projets et d’interrogations. Des ateliers spontanément organisés ou parfaitement planifiés qui se transforment sous nos yeux, par des participants peu ou pas du tout intéressés à suivre un ordre du jour établi par d’autres. Des gens qui participent pour une toute première fois à un forum social qui se lèvent pour prendre la parole et exprimer haut et fort leurs frustrations par rapport à un monde d’exclusion, où les intellectuels même au sein des forums sociaux, continuent trop souvent à discuter entre eux, sans écouter ce que les mouvements populaires ont à dire.

Et pourtant, qu’ils le veuillent ou non, à Belém, porte de l’Amazonie, tous ont été exposés aux aléas du quotidien des peuples amazoniens, cette minorité parmi les peuples autochtones, si peu nombreuse après des siècles de surexploitation et de marginalisation par les autorités brésiliennes et autres. Malgré leur nombre, comme l’affirmait si bien Boaventura de Sousa Santos, ces gens ont quitté la «sociologie des absents». Les peuples de l’Amazonie sont bel et bien présents et ils refusent de demeurer silencieux et invisibles! Ils émergent comme une force novatrice avec laquelle on doit compter. Novatrice entre autres parce que ces marginalisés de la dite modernité évoluent dans d’autres espaces et temporalités, et selon d’autres valeurs et d’autres façons d’interagir. En tant que Nord-Américains, fortement urbanisés pour la plupart d’entre nous, nous avons tout à apprendre de leurs savoirs et leurs visions du monde, ancrés dans cette relation symbiotique avec l’environnement, la terre nourricière, l’eau, source de vie et moyen de transport. Autochtones ou non, plusieurs des participants au FSM 2009 ont en effet navigué plusieurs jours car pour une fois, ils pouvaient se permettent de voir de leur propre yeux un Forum social mondial. On a ainsi côtoyé de nombreux jeunes brésiliens, et des moins jeunes, qui sont venus des diverses régions avoisinantes afin de rencontrer d’autres participant-e-s, et surtout, de partager leurs expériences et de faire connaître leur histoire.

Les multiples rencontres ont ainsi permis aux habitants de la ville de Belém et à plus de 100 000 participants inscrits et présents au FSM 2009 de constater comment, très souvent, les autochtones sont les premiers écologistes de cette planète. Imparfaits certes, mais ô combien plus conscients des richesses et des limites de notre monde! Ces peuples possèdent une connaissance directe de l’impact des changements climatiques, des grands projets hydro-électriques et de ceux des industries minières qui polluent et exploitent à outrance les ressources naturelles sur leurs terres ancestrales. Depuis des décennies, ces activités mettent en péril leur mode de vie et leur culture, tout comme c’est le cas pour les premières nations, ici même au Canada. Leur seul présence à Belém a transformé l’espace et a interpellé les participants de diverses façons. Ainsi, un étudiant de la délégation Uni-Alter affirmait qu’il est urgent, chez nous au Canada de refaire les livres d’histoire afin que les jeunes cessent de méconnaître le savoir et l’expérience des premières nations. Une femme amazonienne s’est quant à elle indignée, lors d’un autre atelier, de voir que les participants du FSM ne sortent pas en masse afin d’appuyer les revendications autochtones auprès du gouvernement brésilien pour enfin mettre un terme aux grands projets de barrages qui mettent en péril l’avenir de plusieurs communautés. La justice sociale et environnementale, en bien des endroits, ce n’est ni un luxe, ni un discours à la mode, ni une conceptualisation théorique. C’est une urgence, ancrée dans l’immédiat, l’ici et le maintenant! Pour nous Nord-Américains qui entendons quotidiennement les appels à une consommation ‘solidaire’ face à la crise économique actuelle, et aux grands plans de sauvetage des banques irresponsables (pensez au Buy American/Canadian et aux campagnes de publicité des grands de l’automobile aux États-Unis), qu’est-ce que ça change? Que pouvons-nous rapporter de ces échanges lors du Forum social mondial? Va-t-on poursuivre nos activités comme avant, pris dans le rythme effréné de notre quotidien? J’ose croire que de telles expériences continueront à bousculer nos valeurs pour un bon moment, et peut-être, peut-être aussi à transformer petit à petit nos habitudes de vie! Aux quelque 75 participants de notre délégation, longue route et sachez garder les yeux et l’esprit ouvert. Et surtout, contaminez vos pairs de vos multiples réflexions!

Marie-Josée Massicotte
Professeure-adjointe, Université d’Ottawa

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02 2009