LE JAPON, POUR UNE COOPERATION INTERNATIONALE PLUS JUSTE

Par Jonathan Tordjman

Le Japon possède une politique d’aide internationale réputée pour être très active. La gestion de la coopération internationale japonaise présente certaines différences avec celle qui est exercée par l’Occident. L’objectif de ce billet sera de comprendre le fonctionnement de la politique d’aide au développement du Japon, quelles en sont les particularités ? Dans un premier temps, la politique d’aide japonaise depuis la fin de la guerre froide sera analysée. Par la suite, certains mécanismes de la coopération économique seront mis en valeur et il sera également question de l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA). Enfin, l’intérêt sera porté sur le microcrédit, qui est une stratégie qui prend de plus en plus de place dans le système d’aide japonais.

Dans l’OCDE, (organisation de coopération et de développement économiques), le Japon est l’un des principaux bailleurs de fonds pour l’aide publique au développement. Cette aide a pour but d’établir un ordre plus juste et écologiquement durable dans les relations Nord-Sud. Depuis la fin de la guerre froide, la Japon possède une volonté explicite d’apparaître sur la scène internationale comme un partenaire politique d’envergure mondiale. La coopération japonaise et sa nature ont été à la base influencées par la relation avec les Etats-Unis qui ont structuré la politique extérieure du Japon envers les pays du Sud, pour lutter contre le communisme.

Aujourd’hui, trois aspects institutionnels peuvent définir le fonctionnement de la politique de coopération japonaise[i]. Le premier aspect se traduit par la cohabitation de différents ministères au sein du dispositif de coopération gouvernemental. La coopération bilatérale, l’aide non remboursable, l’assistance technique et les prêts à taux d’intérêt réduit relèvent de la compétence du ministère des affaires étrangères mais également du ministère de l’industrie et du commerce et de l’Agence de planification économique. Le deuxième aspect est le principe du « demandeur de l’aide »[ii], qui consiste à n’étudier un dossier de coopération qu’à la demande du pays bénéficiaire (celui qui réclame une aide). Ce principe est différent de la stratégie occidentale car il est fondé sur l’idée qu’il ne faut pas imposer une aide aux pays du Sud en respect de la souveraineté et de la volonté des pays concernés. Enfin, le troisième aspect se caractérise par la faiblesse de la transparence du suivi des réalisations de l’aide pour le développement. Ce dernier aspect permet une meilleure compréhension de la part de l’opinion publique japonaise.

Au niveau de la mentalité, les japonais sont très rationnels et donnent une grande importance au travail, il en est de même pour l’aide. Par exemple, les Etats-Unis opèrent une aide économique stratégique et géopolitique et la France d’ordre culturelle et de diffusion de la langue française[iii]. L’aide japonaise quant à elle est purement fondée sur la rationalité économique et évite toute ingérence culturelle.

Pour structurer cette aide, l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA)[iv] a été mise en place. Elle a pour objectif d’apporter une aide économique et sociale ainsi que de promouvoir la coopération internationale sur tout le globe. Cette organisation offre des prêts aux Etats demandeurs, fournie une assistance technique, des dons aux ONG et traite les demandes d’aide par l’intermédiaire de ses ambassades.

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source : http://www.jica.go.jp/english/news/field/2009/img/20091016_03_01.jpg

En janvier 2010, le Japon a octroyé 7 millions de dollars à la République démocratique du Congo par l’intermédiaire de la JICA[v]. Le pays vivant dans un conflit, cette aide fut d’ordre alimentaire (farine de maïs) et permit de nourrir les habitants en tant de crise. « Cette concertation gouvernementale entre la RDC et le Japon sur la politique de développement va nous permettre d’avoir une nouvelle perspective pour le développement du pays » explique l’ambassadeur japonais au Congo. Cet exemple permet d’illustrer l’accompagnement du Japon dans la crise congolaise, sous forme de don alimentaire dans une région lointaine.

De plus, le Japon cherche de nouveaux modes d’assistance et s’intéresse au microcrédit[vi]. Non seulement l’Etat voudrait apporter sa contribution dans ce domaine qui concerne les prêts mais aussi doter les pays pauvres d’experts pour canaliser l’aide, apporter une formation et empêcher certains abus. Pour commencer, le microcrédit sera appliqué localement en Asie de l’Est où encore 2 milliards de personnes vivent avec moins de 2$ par jour. Les dirigeants japonais ont été influencés par l’ONG Planet Finance[vii] et accompagnés par la Banque Asiatique pour le développement et certaines banques privées.

Pour conclure, l’aide au développement japonaise se veut innovante et rationnelle. La volonté de ne pas imposer d’aide et de ne pas influencer les cultures des pays pauvres marque un contraste avec l’aide occidentale. Finalement, il possible d’affirmer que la recherche d’intérêts ne fait pas partie de la politique d’aide au Japon et cette rationalité économique et humaine pourrait être un modèle pour le monde du développement.


[i] Makoto Katsumata, « La politique japonaise de l’aide depuis la fin de la guerre froide. Société civile et relations Nord-Sud », p7.

[ii] Makoto Katsumata, p8.

[iii] Séverine Blaise « De l’aide à la coopération économique : pour un réexamen de la politique japonaise », p20.

[iv] Agence Japonaise de Coopération Internationale : Agence Japonaise de Coopération Internationale. JICA. En ligne.

[v] Voir Luc-Roger Mbala Bemba, « Dans le cadre d’un projet alimentaire exécuté par la JICA ».

[vi] Philipe Pons, « Soucieux de renouveler sa politique d’aide au développement, le Japon s’intéresse au microcrédit », p15.

[vii] Philipe Pons.

Bibliographie

Blaise, Séverine. 1997. « De l’aide à la coopération économique : pour un réexamen de la politique japonaise ». Tiers-Monde 47 (no 186): 307-328.

Katsumata, Makoto. 1997. « La politique japonaise de l’aide depuis la fin de la guerre froide. Société civile et relations Nord-Sud ». Tiers-Monde 38 (no 151): 553-568.

Mbala Bemba, Luc-Roger. 2010. « Dans le cadre d’un projet alimentaire exécuté par la JICA ». L’Observateur (Congo), 14 janvier: 2.

Pons, Philippe. 2007. « Soucieux de renouveler sa politique d’aide au développement, le Japon s’intéresse au microcrédit ». Le Monde (Paris), 6 juin: 15.

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04 2010

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