L’urbanisation, un enjeu planétaire

Par Louis Bories-Azeau

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À l’heure actuelle, la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain. En 2050, on estime que plus de 65 % des habitants de la planète seront citadins (ONU habitat, 2013). Bien que ces prévisions ne soient peut-être que des conjectures, il ne fait aucun doute que les problèmes liés à l’urbanisation constituent désormais des enjeux majeurs du XXIe siècle. Face à une dynamique d’une telle ampleur, il convient de s’interroger sur les conséquences de l’urbanisation.

Urbanisation : des conséquences planétaires

Longtemps considérée comme un vecteur de développement économique et humain, l’urbanisation fait aujourd’hui l’objet de nombreuses critiques. On peut classer les conséquences négatives de l’urbanisation en fonction de leur nature.

 

La première critique, et sûrement la plus importante, concerne la « bidonvilisation ». En effet, l’urbanisation accélérée favorise l’apparition de bidonvilles. Ce type d’urbanisation est souvent incapable d’assimiler les populations pauvres qui viennent peupler les villes et qui se retrouvent à vivre dans des conditions d’hygiène et de vie déplorables. En 2011, ONU-habitat estimait que 827,6 millions de personnes vivaient dans des bidonvilles, soit près de 12 % de la population mondiale. L’enjeu est donc de permettre à des millions de personnes de vivre dans un environnement urbain de qualité.

 

La deuxième critique concerne les conséquences environnementales de l’urbanisation et notamment, la pollution provoquée par une très forte densité urbaine. En prenant en compte le fait que les mégalopoles (centres urbains avec une population d’au moins 10 millions d’habitants) vont se multiplier, passant de 28 en 2014 à 41 en 2030 (ONU-habitat, 2013), les conséquences environnementales de l’urbanisation sont amenées à devenir un problème de plus en plus criant.

 

La troisième critique se situe dans une perspective plus culturelle. De nombreux observateurs reprochent à l’urbanisation d’être un des facteurs à l’origine d’une uniformisation culturelle du monde. Les patrimoines urbains traditionnels doivent être sauvegardés, affirment-ils. Ainsi, un autre enjeu majeur sera d’allier modernité et préservation du patrimoine culturel urbain.

 

La quatrième critique concerne les conséquences sociétales de l’urbanisation. En effet, chaque modèle urbain sous-entend la cohabitation de populations issues de différents milieux sociaux. Pourtant, la mixité sociale est mise à mal en raison de l’embourgeoisement ; les classes populaires sont expulsées des centres-villes, et les problèmes liés aux transports sont légion. L’enjeu sociétal de l’urbanisation sera donc de préserver la cohésion sociale, c’est-à-dire des modèles de sociétés multiculturelles et diversifiées, et d’amener les villes à redevenir des espaces où des populations de toutes origines et de toutes croyances vivent en harmonie.

 

Urbanisation : face à des enjeux mondiaux, des solutions mondiales ?

L’urbanisation soulève à l’heure actuelle de vastes enjeux dans le sens où elle touche l’ensemble de la planète. Aucun pays ne semble pouvoir lui résister. Bien que ce processus puisse sembler inévitable, les conséquences néfastes de l’urbanisation sont loin d’être une fatalité, bien au contraire. Nous faisons face à la nécessité de repenser les modèles urbains tels que nous les connaissons et de réussir une transition vers des villes durables. En outre, s’il est vrai que le nombre d’habitants citadins mondiaux ne cesse d’augmenter, il faut prendre en compte le fait que les villes constituent par nature les meilleurs espaces d’accès aux services de santé, aux infrastructures et à l’information. Par ailleurs, les politiques publiques s’appliquent plus aisément en milieu urbain, avec des cibles plus larges, des économies d’échelle et une efficience accrue en ce qui concerne les transports, l’assainissement, l’adduction d’eau, la gestion des déchets, l’éducation (Julien Damon, 2011).

 

Dans cette perspective, l’urbanisation pourrait être utilisée comme un canal de développement économique et humain sans précédent. Face à de tels enjeux mondiaux, ce sont uniquement des solutions planétaires qui pourront se faire valoir. Par exemple, sans solution coopérative pour lutter contre la pollution, c’est l’ensemble des habitants de la planète qui en fera les frais. Alors certes, les problèmes sont nombreux, mais on peut tout de même affirmer que l’urbanisation et son évolution conséquente constituent une occasion sans commune mesure pour favoriser la coopération entre de nombreux acteurs de la communauté internationale.

 

Le projet FOURMIS

Dans une perspective où les enjeux de l’urbanisation concernent l’ensemble de la planète, il convient de réfléchir ensemble à des solutions communes. C’est dans cette optique qu’est né le projet FOURMIS (Formation « Ouverture et regards multimédias sur l’international et la solidarité »). Son principal objectif est l’élaboration d’une trousse pédagogique comportant différents modules sur des enjeux contemporains de développement et de solidarité internationale. Cet outil se veut une approche 2.0 de l’enseignement qui met à profit les supports multimédias (en particulier les documentaires vidéo utilisés comme études de cas et pour illustrer chaque chapitre) et qui sera diffusé auprès des membres d’organisations non gouvernementales et de la société civile, dans les cégeps et dans les écoles secondaires du Québec.

 

L’approche pédagogique de FOURMIS est novatrice : l’enseignement est basé sur la proximité entre les formateurs et les participant.e.s ainsi que sur l’interactivité et le multimédia. L’objectif est de mobiliser les particpant.e.s et de susciter leur intérêt afin qu’ils s’investissent pleinement lors de la présentation des activités. Chaque module est pensé de manière autonome afin d’intéresser au maximum les participant.e.s. Cette diversité est également liée au fait que les activités de chaque module s’adaptent aux enjeux traités au cours de la séance. Enfin, FOURMIS, c’est avant tout et surtout de la collaboration, car au cours de la rédaction de chaque module, ce sont de nombreux experts, rédacteurs, étudiants, conseillers et consultants qui travaillent ensemble afin de réaliser les meilleurs outils pédagogiques possibles. C’est dans cette optique que des modules portant notamment sur l’accaparement des terres, la gestion des déchets, ou bien encore l’altermondialisme ont été réalisés.

 

Pour l’heure, FOURMIS est encore un jeune projet qui fait ses preuves jour après jour, mais qui espère vite se développer, car comme le dit le proverbe togolais : « À force de persévérance et de courage, la petite fourmi finit par arriver au sommet de la montagne ».

 

 

Louis Bories-Azeau est étudiant à la maîtrise en Études Internationales à l’Université de Montréal et rédacteur du projet FOURMIS

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