Fracture politique, lois liberticides et kermesse policière: Essai sur la répression du « Printemps québécois »

Fracture politique, lois liberticides et kermesse policière:

Essai sur la répression du « Printemps québécois »[1]

Par Tristan Ouimet Savard

« Le libéralisme ne cesse de vouloir nous convaincre à quel

point nous avons la liberté de penser et d’exprimer nos idées.

Aussi longtemps que ces idées restent des idées, nous

avons ces ‘libertés’. À partir du moment où les gens commencent

à mettre leurs idées en pratique et que celles-ci ne correspondent pas

à l’ordre sécuritaire du statu-quo, la répression se fait ressentir et

ces libertés s’estompent en une courte mémoire ».

Un commentateur anonyme[2]

« Je ne suis pas du genre à reculer devant l’intimidation.

Car le jour où on commence à reculer devant l’intimidation,

ce 
jour-là la démocratie est morte ».

Raymond Bachand, ancien ministre des Finances

À plusieurs égards, la grève étudiante et le soulèvement populaire qui a sévi au printemps 2012 représentent une fracture politique. En décidant de lutter hors des sentiers du pouvoir institué pour contester la décision du gouvernement libéral de Jean Charest de hausser les frais de scolarité universitaire, les associations étudiantes et leurs alliés ont défié les frontières de la démocratie parlementaire, remettant en cause l’autorité même de l’Assemblée nationale sensée être garante de l’intérêt général. Plus longue et intense grève étudiante de l’histoire de la province, ce qui a été communément appelé le « Printemps Québécois » ou le « Printemps Érable » a ainsi permis d’expérimenter de façon singulière la nature profondément conflictuelle inhérente à l’administration des affaires publiques. Entre autres fragments, cette fracture a permis de révéler la dimension profondément violente et arbitraire du pouvoir dont disposent les agents de l’État et du capital. En refusant catégoriquement d’accorder toute légitimité morale, politique et juridique au mouvement étudiant, il est apparu clair dès le début du conflit que Jean Charest et ses acolytes avaient fait le choix de la voie répressive pour « gérer » le conflit et imposer au bras de fer ses politiques néolibérales. L’évolution du conflit étudiant en une kermesse policière et judiciaire a fait état d’une véritable mise à nu des appareils coercitifs d’État[3] à la portée des décideurs, bafouant au passage maints droits et libertés, prétendument inaliénables, pour casser la mobilisation et assurer la « loi et l’ordre ». Cette vague de répression politique sans précédent du Québec contemporain peut être considérée comme une brèche du temps, alors que durant les huit mois qu’aura duré la grève, nous avons eu accès à une véritable radiographie du tournant punitif de l’État sous la gouvernance néolibérale qui tend à criminaliser la dissidence.

***

La chute du gouvernement libéral maintenant chose faite, la reprise de l’État sous la gouverne péquiste de Pauline Marois en a soulagé plus d’un-e. Son administration s’est empressée de calmer les ardeurs contestatrices en annulant la hausse des frais de scolarité et en abrogeant la loi liberticide 78 (projet de loi devenu la loi 12) adoptée sous bâillon par la précédente administration pour mater la mobilisation et forcer un retour en classe. Il convient impérativement de jeter un regard rétrospectif sur les évènements qui ont ponctué le printemps dernier, car ils pourraient très bien se reproduire tant le spectre des mesures d’austérités est omniprésent à travers la planète.

Sur base d’une discussion théorique sur la répression des mouvements sociaux, je propose dans cet essai une revue descriptive et commentée des quatre principales formes et dynamiques répressives qui ont marqué le Printemps québécois : 1) la judiciarisation du conflit via les injonctions; 2) la loi spéciale forçant le retour en classe; 3) la mobilisation et les interventions policières ; 4) le rôle du champ discursif dans l’étiquetage de la déviance. La teneur de cet essai en est une de prise de parole militante proposant une réflexion générale sur la répression des mouvements sociaux qui afflige les organisations et militants s’inscrivant dans la nébuleuse de la contestation au néolibéralisme. Il ne s’agit pas d’un bilan ni d’une analyse exhaustive à prétention scientifique, mais bien une lecture singulière basée sur mon expérience et mes observations du printemps 2012, des notions académiques, des articles de journaux, des tracts et fanzines, ainsi que des récits et des témoignages.

Qu’est-ce que la répression politique ?

Si on adopte une conception englobante de la répression politique, on peut la définir comme « action étatique ou privée destinée à prévenir, contrôler ou contraindre l’action collective non institutionnelle, y compris son initiation » (Earl 2001 : 263). Relève donc de la répression politique toutes manœuvres qui cherchent à « accroitre le coût de la mobilisation et de l’engagement politique ou [à] en réduire les bénéfices, y compris par le discours public et médiatique » (Dupuis-Déri 2010 : 141). Ainsi définit, les différentes formes que peut prendre la répression oscillent en ce qu’elle soit ponctuelle ou durable, sélective ou indiscriminée, préventive ou réactive. Aux frontières indistinctes, la répression politique défie l’imaginaire et les typologies tant elle peut prendre diverses formes et être perpétré par divers acteurs, que ces derniers soient en position d’autorité ou non, prenant place dans la sphère privée et l’espace public. Cela dit, bien que la répression politique est un phénomène qui est essentiellement dynamique et non exclusif à l’État, le champ de l’action publique et de ses appareils coercitifs tentaculaires est le plus étudié, auquel on distingue de façon sommaire les activités coercitives observables menées par les gouvernements nationaux, telles la répression militaire, les gardes nationales et l’intervention policière lors de manifestations. D’autre part, les formes non observables de la répression à portée coercitive par les appareils d’État inclus des activités comme la surveillance, les agents provocateurs, le fichage, l’infiltration de groupes, le partage de données, etc.

Dans la majorité des recherches en la matière, l’étude de la répression politique s’intéresse ainsi aux dispositifs de maintien de l’ordre dans le cadre de mobilisation collective, analysant non seulement les comportements et le rôle joué par la police, mais également les cadres législatifs et discursifs qui légitimisent (c’est-à-dire rendent ‘légale’ en vertu du droit et ‘acceptable’ aux yeux du public) les mesures adoptées et les actions posées par l’État pour « gérer » un conflit social qui, comme dans le cas du conflit étudiant, pose le gouvernement comme un des antagonistes. Un angle d’approche intéressant pour étudier le phénomène est de s’intéresser à la variation des formes de répression ainsi que des niveaux de répression (intensité), c’est-à-dire en quoi, comment et pourquoi les dispositifs répressifs varient selon le temps et l’espace, les mouvements sociaux et les acteurs impliqués. Des facteurs explicatifs locaux et structuraux tels les cadres législatifs encadrant les agissements policiers, l’expérience historique en la matière, le niveau de formation des agents et la sophistication de l’équipement, etc., on peut dégager certaines tendances globales.

À ce chapitre, deux grands styles de répression ont été relevés par Fillieule et Della Porta depuis la seconde moitié du XXe siècle (della Porta et Fillieule 2004). D’un côté, ils notent un style « opportuniste », qui se caractériserait par une certaine tolérance, souplesse et flexibilité par des actions plus sélectives. Cette tendance est généralement associée à la période précédant les années 1980-1990 et a été identifiée au modèle anglo-saxon de « negociated management ». Le second style est qualifié de « légaliste », ce dernier se montrant plus répressif, dissuasif et diffus, optant pour des mesures musclées. Or, s’il a été mis de l’avant par ces auteurs que la tendance au premier style peut partiellement s’expliquer par la professionnalisation de la police qui s’accompagne d’une « juridicisation » de ses interventions (ce qui contraint parfois les styles musclés), il apparaît que les modes de gestions et d’interventions restent malgré tout sélectifs et différenciés selon la perception qu’ont les autorités des groupes manifestants[4]. À cet égard, la répression peut avoir des effets anticipés à court, à moyen et à long terme, ce qui nous force à distinguer entre risque « objectif » et « perception de ce risque » (Combes et Fillieule 2011 : 1052). Ainsi, la perception des acteurs sociaux contestataires par les autorités est un des facteurs expliquant comment les forces de l’ordre agissent dans le cadre de mobilisation sociale, alors que les mouvements nouveaux, formés autour de causes inédites, ont moins de chance d’être tolérés, au même titre que ceux qui défendent des causes stigmatisées par le pouvoir politique (Combes et Fillieule 2011 : 1054). Au-delà des causes défendues et des revendications portées par les mouvements sociaux, le statut accordé comme acteur politique (ill)légitime peut dépendre de plusieurs facteurs, tels l’idéologie défendue, le répertoire d’actions utilisées, les modalités organisationnelles, la représentation dans les instances de pouvoir, dans l’espace public et les médias, les appuis populaires et autres, la force et le poids politique réel ou présumé, etc. Il va sans dire que l’identification d’une organisation et/ou d’un mouvement social au registre de « menace » contribue d’autant plus à légitimer l’usage de la répression et d’en diminuer le coût, dès lors, où dans les contextes démocratiques, si les actions étatiques sont jugées inappropriées, le gouvernement élu risque d’essuyer des conséquences négatives en termes électoraux (Davenport 2007, p.10 ; Mahooney-Norris 2000). Un des facteurs déterminants englobant ces dimensions est celui du niveau de radicalisme (réel ou présumé) que présente un mouvement, organisation, groupe ou militant, dès lors où une organisation présentant un haut niveau de radicalisme sera plus susceptible d’être réprimée. Les critères du « radicalisme » ne sont évidemment pas univoques selon les autorités et les acteurs de mouvements sociaux, ce qui laisse un grand biais quant à la perception du public sur ce qu’il en est.

De la répression politique sous la gouvernance néolibérale

 

Or, parallèlement à la croissance des activités de protestation transnationale contre le néolibéralisme (surtout lors des rencontres du G8 et G20 ou de l’Organisation Mondiale du Commerce, du Fond Monétaire Internationale ou la Banque Mondiale), la forme et le niveau de répression observé sur le terrain invalident la tendance soulevée par certaines recherches qui rendent compte d’une certaine « pacification » du maintien de l’ordre et d’une relative diminution de la répression dans le cadre des démocraties occidentales (Combes et Fillieule 2011 : 1055 ; McCarthy et McPhail 2006). En effet, plusieurs auteurs avancent que la répression politique que connaissent les mouvements, organisations et militants associer de près ou de loin à l’altermondialisme est marquée surtout par une militarisation accrue des services d’ordre ainsi que la volonté de prévenir les troubles à l’ordre public (Combes et Fillieule 2011 : 1052-1053). Ce phénomène est d’autant plus prégnant depuis les attentats du 11 septembre 2001 qui cautionnèrent l’intensification des mesures d’exception restreignant les droits et libertés à des fins (prétendument) sécuritaire (Bigo 2008). Bien que présente de tout temps et de tout régime politique, la répression politique bat aujourd’hui son plein, avec de surcroit, un discours et des pratiques davantage hostiles à l’égard de la contestation sociale qui se mobilise hors des cadres institutionnelles du pouvoir. Ceci marque donc un retour en force de la criminalisation des manifestations (della Porta et Fillieule 2006 : 11 ; Masse et Boyon 2004), ce qui s’accompagne d’une extension de la surveillance policière à des populations non criminelles (King 2005). En somme, à mesure que la gouvernance néolibérale se déploie tant dans les pays du Nord que du Sud, les dirigeants sont empreints d’une constante préoccupation contreinsurrectionnelle devant la montée de la contestation sociale. Se met ainsi en scène un discours et des pratiques liées aux enjeux de sécurité, où la lutte contre le crime et lutte contre la dissidence relève de paradigme analogue où « radicalisation » est bien souvent synonyme de « violence ».

Synchroniser en toute contingence avec les mouvements des indignés et d’Occupy, il n’est pas faux de dire que la lutte étudiante gravite autour de l’altermondialisme et des mouvements qui luttent en faveur d’une plus grande justice sociale et économique. Cette mouvance rassemble une myriade d’acteurs qui, s’ils présentent une importante hétérogénéité culturelle, stratégique et idéologique, se conjuguent de façon univoque en opposition aux politiques néolibérales. À ennemi commun – armes communes : la vague de répression qui a sévi au printemps dernier m’apparaît avoir plusieurs traits de similarité avec la tendance récente de la répression des mouvements sociaux ci-haut discutée. Cette répression, tel que nous l’avons expérimentée durant le conflit étudiant, est surtout marquée par un recours au droit pénal et à la force policière, tous deux s’inscrivant dans une mise en scène discursive d’étiquetage de la déviance qui favorise une approche « légaliste » en matière de gestion de l’ordre et de l’espace public.

Tour d’horizon de la répression du Printemps québécois

D’une perspective générale, on peut regrouper l’ensemble des dispositifs et dynamiques ayant participé à la répression politique du Printemps québécois sous deux dimensions qui illustrent les objectifs visés, chacun ayant évolué en différentes formes au cours du conflit. D’un côté, on note des mesures spécifiques qui avaient comme objectif premier de mettre fin à la grève étudiante, alors que de l’autre, on a observé une foule de mesures et de pratiques qui avaient comme objectifs explicites ou finalités implicites la prévention, le contrôle ou l’arrêt de la contestation sociale en général. Cette distinction est bien entendue sommaire et mérite sans aucun doute d’être détaillée, mais elle permet néanmoins de mettre de l’ordre dans l’abondance d’évènements et situations qui peuvent s’inscrire sous le prisme de la répression politique.

Forcer le retour en classe par la voie judiciaire

De prime à bord, on peut dire que le gouvernement libéral de Jean Charest a dès le début du conflit circonscrit l’éventail des choix possibles dans le cadre de sa gestion du conflit étudiant et laissé planer le spectre de la voie répressive en niant la légitimité du mouvement de grève voté démocratiquement par les associations étudiantes en assemblées générales. Cette non-reconnaissance du principal moyen de pression des étudiants s’est soldée notamment par la judiciarisation du conflit, à savoir, le recours aux instances juridiques pour forcer la reprise des programmes et cours interrompus par la grève. Or, l’avènement de la judiciarisation du conflit via les injonctions a été grandement facilité par le fait que le gouvernement libéral s’est appuyé sur l’absence de fondements juridiques de la grève étudiante dans le Code du travail pour instaurer le concept de boycottage, ce qui a constitué un « appel direct à procéder par la voie judiciaire contre les grévistes » (Frappier, Poulin et Rioux 2012 :116).

Le mouvement des « carrés verts » opposé à la grève et favorable à la hausse a ainsi eu l’avale du juge en chef François Rolland de la cour Supérieur qui a donné droit à une myriade d’injonctions, notamment parce qu’il accepta « l’ajout de nouvelles demandes d’injonctions de facto en les intégrant dans sa décision initiale » (Frappier et al. 2012 : 116). Le jugement de Rolland traduit d’une « approche essentiellement individualiste » du droit qui « l’emporte sur des droits collectifs de nature politique, par un effet de banalisation de la démocratie étudiante » [5]. Cette conception marchande de l’éducation, qui est défendu par le Parti Libéral et la Coalition Avenir Québec (CAQ), relève d’un « contrat conclu entre un établissement d’enseignement et l’étudiant », alors qu’à cause du « boycottage », les étudiants n’ont pas accès « aux services auxquels ils ont droit » et subissent alors « un préjudice irréparable »[6].

Cette judiciarisation du conflit a deux conséquences principales. La première a été d’inciter les briseurs de grève à traverser les piquets de grève, ce qui s’est soldé par l’intervention de la police pour faire appliquer les injonctions, notamment au Collège Rosemont à Montréal, à l’Université du Québec en Outaouais à Gatineau ainsi qu’au Collège Lionel Groulx à Sainte-Thérèse. La seconde a été de rendre possible une poursuite judiciaire contre Gabriel Nadeau-Dubois, un des porte-parole de la Coalition Large de l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (CLASSE), rendu coupable d’outrage au tribunal par le juge Denis Jacques de la Cour Supérieur pour avoir eu « l’intention d’inciter les gens à contrevenir aux ordonnances rendues par la cour »[7]. On constate à travers les injonctions que les étudiants opposés à la grève ont une position avantageuse dans l’état actuel du floue juridique : en effet, si le vote en assemblée est défavorable à la grève, tout baigne, tendis que dans le cas où la grève l’emporte, les mises en demeure et les injonctions sont presque garanties d’être obtenues. Par un coup de marteau dont on peu douter de l’impartialité, la démocratie étudiante a été sapée.

Loi spéciale pour casser la grève et la mobilisation sociale

À la 14e semaine de la grève étudiante, devant l’intransigeance des étudiants et l’échec des « négociations » entre les associations étudiantes et le gouvernement, ce dernier répond par la manière forte avec l’adoption de la Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent. Appuyé par la CAQ à l’Assemblée nationale, le projet de loi 78 (devenu la loi 12 avant d’être abrogé par le Parti Québécois) est entré en vigueur le 18 mai 2012. À l’international, cette loi d’exception a été décriée par Amnistie Internationale tout comme le conseil des droits de l’homme des Nations Unies, estimant qu’il s’agissait d’une loi restreignant les droits et libertés politiques fondamentaux[8].

Dans sa version la plus simple, la « loi spéciale » permet de remanier le calendrier scolaire et de contraindre la tenue de manifestations[9] en prévoyant des amendes substantielles[10] en cas de non-respect de ses dispositions[11]. Première loi d’exception à viser les étudiants et non pas un conflit de travail (voyez l’ironie?), la teneur même de cette loi déborde largement l’imposition du retour en classe des grévistes (ou des boycotteurs, c’est selon!) et est véritablement un coup de force qui cherche à mettre fin à la contestation sociale via la démobilisation étudiante. Cette loi antidémocratique « porte atteinte aux droits constitutionnels et fondamentaux des citoyens »[12], selon le Barreau du Québec, limitant le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique à l’ensemble de la population et pas seulement les étudiants. Selon la Ligue des Droits et Libertés, la loi 12 abolit le droit de grève des étudiants, asservit les associations étudiantes et de salarié des collèges et universités au service du gouvernement et menace d’asphyxier les associations étudiantes en remettant en cause leur existence même[13].

Bien que les policiers assurent que la loi 12 ne vise que les « casseurs » et qu’elle sera appliquée avec « discernement » [14], la confusion règne : ayant été appliquée à ma connaissance seulement à Sherbrooke[15]. À ce chapitre, on constate que dès le lendemain de l’adoption de la loi spéciale ainsi que tout au long de la période allant jusqu’à son abolition par le PQ, les centaines d’arrestations qui ont sévi à travers la province se sont fait en vertu d’autres codes de lois et règlements, les plus récurrents étant l’article 500-1 du code routier[16] ainsi que le règlement municipal P-6 de la ville de Montréal. Il semblerait à ce sujet que les complications qu’entraînent l’application de la loi 12, sans doute à cause des recours qui ont été déposés pour la contester, aient résulté dans la même période en la modification du règlement P-6. Toujours en vigueur à l’heure actuelle, cette modification visait à y inclure des dispositions restreignant le port de masques lors de manifestations tout en reprenant les mesures générales de la loi 12 sur l’annonce et l’approbation de l’itinéraire des manifestations par les policiers. Elle prévoit également des amendes en cas de violation du règlement pouvant atteindre 3000 $. Commandées sur demande pour faire face à la radicalisation de la lutte que rend visible la prolifération d’actions directes, ces lois et règlements, votés d’urgence, violent les principes des Chartes canadienne et québécoise des droits et libertés et portent en elles le sombre souvenir des lois scélérates de l’Europe Fin de siècle visant les anarchistes : elles ont été faites « contre une catégorie, non pas de délits ni de crimes, mais de personnes » (de Pressensé 2008 : 15).

Mobilisation policière, arrestations arbitraires et brutalité

Du début du mouvement de grève le 16 février jusqu’au 3 septembre 2012, date des élections provinciales, l’espace public québécois a été la scène d’une véritable kermesse policière. Les services de police ont eu le premier rôle de l’intervention de l’État dans le conflit, fidèle aux habitudes des gouvernements qui envoient leur bras armé pour assurer la « loi et l’ordre » lorsque la grogne populaire se fait encombrante à leur agenda politique. Seulement pour le territoire de Montréal, la facture du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) s’élève à un total de 15 millions de dollars en heures supplémentaires, des embauches devancées de 100 policiers, achats d’équipements et réparations de dommages[17]. D’autres municipalités ont également assumé des hausses de coûts, comme la ville de Gatineau qui a dû débourser 310 000  dollars en heures supplémentaires de ses troupes. La Sureté du Québec (SQ), quant à elle, refuse de donner son bilan assurant que c’est une question de sécurité publique. Ayant déployé un arsenal paramilitaire intimidant de bâtons et de boucliers, bombes assourdissantes et gaz irritant, en passant par les fusils à balles de plastique, on ne s’étonne pas que la facture policière ait explosé et que les recrues envoyées aux fronts à la hâte n’aient fort possiblement pas l’expérience requise pour faire face à un contexte d’intervention semblable.

Selon un bilan offert par le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP), 3418 arrestations ont été menées durant les huit mois qu’aura duré le conflit, « la plus importante vague d’arrestation de l’histoire du Québec contemporain »[18]. Ce bilan reste partiel et ne fait pas état des arrestations de mineurs ainsi que les interpellations qui se sont soldées par la remise d’une contravention sans qu’il y ait eu arrestation. Triste bilan qui fait état de « records » face aux vagues d’arrestations qu’a connues le mouvement étudiant par le passé (1000 arrestations en 20 ans, de 1990 à 2010), en « huit mois seulement, ce nombre a été dépassé trois fois plutôt qu’une ». Plus encore, les arrestations qui sont survenues durant le printemps dernier surpassent également l’ensemble des arrestations enregistré entre 1999 et 2006 dans le cadre de manifestations altermondialistes, anticapitalistes et contre la brutalité policière au Québec, dénombré à plus de 2500 (Dupuis-Déri 2006). Les vagues d’arrestations massives ont même porté ombrage à ce qui semblait être le summum de la répression lors du contre-sommet du G20 à Toronto en 2010.

D’une manière générale, les arrestations policières visant des activistes sont menées soit de façon préventive ou réactive, au moyen d’approche sélective ou globale, ciblant quelques « perturbateurs » ou l’ensemble d’un groupe de manifestants (plus communément appelé en « souricière ») (Dupuis-Déri 2009 : 142). Beaucoup s’inquiétaient que l’avènement de la loi 12 allait marquer un accroissement considérable des pouvoirs discrétionnaires de la police à l’endroit des manifestants. Or ce pouvoir la police ne s’en contente plus pour appliquer la loi par la force, « elle l’invente, elle publie des ordonnances, elle intervient chaque fois que la situation juridique n’est pas claire pour garantir la sécurité » (Derrida 1994 :102-103). Les policiers ont le pouvoir de déclarer une manifestation illégale, cette dernière pouvant devenir sous la décision des policiers, soit un attroupement illégal ou une émeute, un méfait s’il y a entrave à la jouissance d’un bien, une infraction pour avoir troubler la paix, une violation du Code de sécurité routière ou encore une violation d’un règlement municipal.

L’interprétation élastique des définitions juridiques à la base des lois et des règlements qui est laissée à la discrétion des policiers permet de créer de nouveaux délits et de s’appliquer indirectement à des acteurs sociaux catégorisés dangereux et menaçants vis-à-vis l’ordre public et la propriété. À ce chapitre, les modifications du règlement P-6 de la ville de Montréal prévoient un accroissement considérable des pouvoirs de la police à l’endroit des manifestants, ciblant les individus se couvrant le visage qui souhaite ne pas se faire ficher par la police ou être reconnu dans les médias pour des raisons professionnelles, par exemple, contrôlant également (en principe) la tenue même des rassemblements, ce qui mine toute occurrence spontanée. Également, l’élasticité de l’Article 31[19] du Code criminel est encore plus inquiétante. Elle permet la détention et des fouilles avec identification sur base de « motif raisonnable de croire » qu’une personne est sur le point de prendre part à une violation de la paix. Dans le cadre du Grand-Prix de Montréal, au moins une centaine de fouilles, souvent avec détention prolongée (d’en moyenne quatre heures), ont été menées sans qu’aucune arrestation ou accusation ne soit portée. Notons de plus l’utilisation démesurée de la loi antiterroriste du Code criminel contre quatre jeunes qui se sont rendus aux services de police suite à la publication dans les médias de leurs photos, alors qu’ils ont été accusés pour incitation à « craindre des activités terroristes »[20] pour avoir lancé des canettes fumigènes sur les railles de quatre stations du métro de Montréal le 10 mai 2012. Est-ce que de telles accusations ont été déposées à l’endroit de Richard Bain, l’auteur présumé de « l’attentat meurtrier » à la salle de spectacle Métropolis le soir des élections provinciales de la même année? Non. Instrumentalisé à des fins politiques afin d’intimider les militants, le « spectaculaire » de l’évènement a occulté la couverture de la répression policière pendant quelque jours dans les médias (Frappier et al., 2012 : 119).

La prise en compte des arrestations est instructive pour offrir un bilan quantitatif de la répression selon les types d’infractions et d’accusations portées. Toutefois, cet échantillonnage est limité par son enregistrement dans le système judiciaire, ce qui jette l’ombre sur tout ce qui relève de l’informel propre à la « street level bureaucracy » (Lipsky 2010), passant sous silence le comportement des policiers lors de ces mêmes arrestations et dans d’autres circonstances. Par l’entremise de récits et témoignages, autant que d’observations lors de manifestations et actions de perturbation, tout comme les images captées en direct puis diffusées sur le web notamment par les groupes de cop watch, on peut rendre compte d’une quantité innombrable de cas d’abus de pouvoir perpétré par les policiers durant le conflit étudiant, que ce soit en matière de violation de procédures ou de manquement au code déontologique.

Aux manières parfois brutales et violentes des arrestations, s’ajoute de longues détentions dans des conditions pénibles, des fouilles intrusives sans être au préalable sous arrestation, des interrogatoires intimidants, avec au passage des insultes et des propos sexistes, racistes et homophobes. Dans de nombreux cas, surtout lors d’arrestations de masse, l’intervention de l’antiémeute a été faite sans aucun avis de dispersion alors que la manifestation se déroulait de façon pacifique. Il a également été maintes fois observer et relater que des agents de police ont caché leurs numéros de matricule ou encore refuser de le donner ce qui est contraire au code de déontologie policière. Plus encore, l’« omission » de lire les droits aussi bien que le refus d’informer des motifs d’une arrestation semble avoir été une pratique courante. Tout comme le fait de filmer les manifestants lors de rassemblements, le fichage était presque systématique dans le cadre d’arrestation avec prise de photos et numéro d’identification. Lors de la manifestation contre la cérémonie d’ouverture du Grand-Prix de Montréal, des preuves auraient même été dissimulées dans le sac d’un manifestant, afin de légitimer l’usage de l’Article 31 du Code criminel. Au compte des blessés, on note deux yeux perdus, des crânes, bras, jambes et des doigts fracturés, de même que des dents fracassées et de nombreux chocs post-traumatiques. Cela est sans parler des interventions de militant-e-s qui ont offert les premiers soins à leurs camarades. À cet égard, pour la seule manifestation à Victoriaville tenue à l’occasion du congrès du parti libéral du Québec, « une équipe d’infirmiers bénévoles affirme avoir fait quelque 400 interventions […] dont près de 200 pour traiter des gens incommodés par les gaz »[21].

L’ancien ministre de la Sécurité publique Robert Dutil alors en fonction durant le printemps 2012 n’a condamné aucun des comportements des policiers, invitant chaque individu qui aurait été victime de brutalité à « se plaindre aux instances compétentes ». À ce dernier d’ajouter qu’il « dénonce toute violence quelle que soit sa provenance »[22]. Cette nuance entre « condamnation » et « dénonciation », on se rappelle, a fait l’objet d’un véritable tollé dans les médias, alors que la CLASSE refusait de condamner les actes de vandalisme perpétré contre le bureau de la ministre de l’Éducation, condition à son invitation à la table de négociation appelée par Line Beauchamp avant que cette dernière ne démissionne. Un poids deux mesures, comme on dit !

De l’étiquetage de la déviance

 

Dans un contexte marqué par l’agitation sociale liée à des actions collectives opposées aux décisions d’un gouvernement, les actes de langage qui parcourent le champ du discours public (dans les médias, les réseaux sociaux ou les conférences de presse, par exemples) ont un rôle central comme lieu de construction des représentations sociale des forces politiques qui participent à un conflit (Corten 1999). Entendues qu’ils renferment des rapports de pouvoir selon le positionnement des énonciateurs, les actes de langages peuvent contribuer à légitimer les pratiques répressives et ainsi avoir d’importantes répercussions sur la configuration des paramètres d’énonciation qui encadrent tant la mise en scène des enjeux politiques que la représentation des acteurs qui y participe.

Dans le cadre du Printemps Érable, cet ordre du discours s’est manifesté comme un lieu de débat quant à la légitimité de la grève étudiante, alors que les positions sur la notion de « boycott » se sont vues relativement partagées dans les médias de masse. Par ailleurs, une des dynamiques les plus marquantes relève de la mise en scène sans grande nuance (voire presque consensuelle) de l’étiquetage de la déviance militante chez les « casseurs » ou les « radicaux », ces derniers se voyant fustiger de critique comme étant porteur de « violence » et d’« intimidation », par opposition aux manifestants « pacifiques ». Fonctionnant entre autres par stéréotypes manifestes prenant source en des amalgames discursifs influençant les pratiques policières, cet étiquetage de la déviance divise les individus de façon binaire entre « manifestants respectables » (salarié, adulte de peau blanche) et « peu respectables » (jeunes marginaux, minorités ethniques et à faible revenu), les seconds étant considéré a priori comme des individus peu crédibles, irrationnels, violents, émotifs, etc., et donc la cible première des arrestations (Dupuis-Déri 2006 : 59-80). Dans une vaste étude portant sur 2500 arrestations à caractère politique survenu au Québec depuis 1999, le politologue Francis Dupuis-Déri soutient que la pratique policière d’arrestation de masse ciblerait ainsi non pas les manifestants en fonction de leurs agissements illégaux, mais plutôt sur la base de leur identité politique réelle ou imaginée, posant ainsi que la répression serait discriminatoire envers une catégorie de personne, ce qui mine le principe libéral de neutralité juridique (Dupuis-Déri 2006 : 73).

Le rôle qu’a joué les entreparleurs sociaux pour discréditer le mouvement étudiant dans l’opinion publique par de tels amalgames fallacieux est indéniable, quoi que certainement variable selon les émetteurs, s’étant exprimer moins à l’endroit de l’ensemble du mouvement (à l’exception des ministres et députés libéraux) qu’envers des catégories de personnes singulières. Cette dynamique s’est surtout mis en scène par la concentration des nouvelles qui démontrent un flagrant parti pris idéologique en choisissant de relater des scènes de violence sans se questionner sur le pourquoi de ses agissements et dans quel contexte elles ont lieu. Une étude statistique menée par Influence Communication[23], à analysé pas moins de 396 pages frontispices (dit « la une ») de quatre quotidiens québécois privés (La Presse, Le Devoir, Le Journal de Montréal et The Gazette) entre le 15 février et le 9 juin 2012, pour en dégager les occurrences de couverture de la grève. En somme, on constate que Le Journal de Montréal, reconnu pour sa subjectivité éloquente, « s’est le plus concentré sur les scènes de violence, en les diffusant sur 33,33 % de ses photos en une ». Avec un écart de 12,26 % par rapport à la moyenne des quatre autres journaux, lorsqu’on considère l’ensemble de ses images de manifestation, « 70,81 % d’entre elles affichent une scène de vandalisme, une altercation avec les policiers ou un manifestant masqué ». À ce registre, La Presse arrive en deuxième position avec 52.4% d’images de manifestation montrant des signes de violence. Ce genre de rituels télévisé et journalistique de recherche de sensationnalisme représentent des lieux de pouvoir informel non négligeable. Principalement, cette dynamique discursive a contribué à l’édification de stéréotypes trompeurs dans l’imaginaire collectif, notamment autour des anarchistes et des militants utilisant la tactique du black bloc (ces individus vêtus de noir qui saccage des symboles du capitalisme lors de manifestation), tout en encourageant les comportements discriminatoires des policiers qui pratiquent le profilage politique.

La stigmatisation des militants via des prises de parole publique d’entrepreneurs moraux est inséparable de l’importance accordée par plusieurs à l’image du mouvement étudiant dans l’opinion publique, ce qui a certainement contribué à envenimer la division interne dans le mouvement. En effet, l’entité mystique de l’opinion publique a ainsi été l’objet de fortes tensions dans les réseaux militants, relevant des enjeux tactiques quant à la pertinence d’actions posée, le plus souvent dans le cadre de débat sur la diversité des tactiques[24]. Sur le terrain, ces tensions se sont soldées à maintes reprises par des « arrestations citoyennes », menées par ce qu’il a été communément appelées les « paciflics », à l’endroit d’autres manifestants ayant lancé des pierres sur des vitrines de multinationales ou de banques, alors que ces derniers ont été livrés à la police, comme ce fut le cas par exemple lors de la manifestation nocturne du 27 avril.

Pour ne surtout pas conclure…

Le monopole de la violence dite légitime qu’est le propre de l’État moderne s’est manifesté au printemps dernier et a fait état d’un évènement politique fondamentale, nous révélant en pleine figure ce sur quoi repose la reproduction du système capitaliste et ce à quoi les gouvernements sont capable face à ceux qui n’accepte pas leur autorité et décisions. La violence conservatrice qui a été mobilisée par le gouvernement libéral pour maintenir, confirmer et assurer la permanence de l’applicabilité du droit est en temps normal soit dissimulée, soit évitée. D’une part, dissimulée derrière la normalité de la vie quotidienne, dirigée par le spectacle de notre « médiacratie » et renforcée par l’aliénation collective qu’incarne la société de surconsommation. De l’autre, évitée par l’encadrement législatif de nos institutions qui ont comme principale fonction de pacifier les conflits sociaux en contrôlant les paramètres de définitions et de résolutions.

La répression politique qui a sévi au printemps dernier témoigne de l’intensification de la répression vis-à-vis de mouvements jugés illégitimes, voyant dès lors se déployer une criminalisation de la dissidence via l’adoption de lois et règlementations qui cherchent à restreindre les activités politiques d’acteurs non institutionnels jugés « menaçants » à la sécurité publique et la propriété privée. Dans les années à suivre, on peut s’attendre à une augmentation des enquêtes policières visant spécifiquement la surveillance ainsi que la répression des activistes, notamment avec le parti conservateur à la tête du gouvernement fédéral qui se démarque par sa paranoïa et son obsession sécuritaire[25], mais également avec l’escouade GAMMA (pour Gaie des Activités des Mouvements Marginaux et Anarchistes) qui relève de la division du crime organisé du SPVM. Cette escouade, qui emprunte le même acronyme que la milice française fasciste créée par le régime de Vichy durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie (1940-1944), base ses interventions sur le profilage politique et a déjà mené des arrestations ciblées à l’endroit de militants contre la brutalité policière et du mouvement étudiant[26].

Or, ce n’est pas sur l’arbitraire ni sur l’injustice que l’on peut fonder la sécurité sociale. Il s’avère donc impératif d’ouvrir le débat sur le pouvoir discrétionnaire que possède la police, ses derniers jouissant d’une quasi-impunité à l’égard des comportements abusifs et discriminatoires, protégés par la Loi sur la police balisant les recours en déontologie pour en faire pratiquement des « coquilles vides »[27]. À défaut d’assister de si tôt à l’abolition des appareils coercitifs d’État et à la naissance d’une société libre et autogérée où serait expérimenté des alternatives au modèle étatique de gestion du crime et de la violence[28], il convient de sérieusement s’interroger sur les façons dont nous pouvons contribuer à changer les pratiques policières et les dérives autoritaires de l’État en cette ère néolibérale. Malgré les dispositifs de contrôle et les dynamiques répressives qui restreignent les manifestations du vivant, je persiste à croire que l’univers des possibles est ouvert et qu’il doit le rester. Poursuivre l’élan créateur de la fracture politique qu’a permis la grève étudiante en développant des espaces de démocratie directe à l’image des Assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ), afin d’ériger des contre-pouvoirs aux gouvernements, s’avère essentielle. Enfin, exiger la tenue d’une commission d’enquête publique sur les agissements policiers lors du printemps dernier est tout aussi cruciale, afin que soit mis en place un mécanisme impartial, indépendant et transparent pour mener des enquêtes sur les activités policières.

 

En solidarité avec les arrêté-e-s de la grève étudiante et victimes de brutalité policière

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[1] J’aimerais remercier Dominique Caouette pour l’opportunité offerte d’écrire cet article. Un grand merci également à Marcel Savard, Étienne Desbiens Després et Olivier Jacques pour leurs commentaires et relecture du texte. Mes amours à ma compagne Bernice Chabot-Giguère, qui fait preuve d’un support inconditionnel dans mes activités académiques et militantes.

[2] Anonyme, « Quand ils défoncent ta porte, tu réponds comment ? Quelques réflexions sur l’escouade GAMMA », Anarchist news, En ligne : http://anarchistnews.org/?q=node/15280 (Page consultée le 13 novembre 2012).

[3] Selon la conception de Louis Althusser, les « appareils » dont dispose l’État pour exercer son rôle d’agent ultime de l’organisation sociale s’appuient sur des appareils répressifs et coercitifs, comme les forces armées et le pouvoir législatif, ainsi que des appareils d’ordre idéologique, ces derniers étant localisés dans les structures sociales religieuses, légales et culturelles, ainsi que dans les systèmes de médias de masse, de la famille et surtout dans le système de l’éducation.

[4] Pour le contexte québécois, voir Francis Dupuis-Déri, « Broyer du noir. Manifestations et répression policière au Québec », Les cahiers de l’éthique, Vol. 1, no. 1, Printemps 2006, p. 59-80. Pour le contexte canadien, J. A. Frank, « La dynamique des manifestations violentes », Revue canadienne de science politique, XVII, 2, juin 1984, 325-349. Pour les États-Unis F. Piven, R. Cloward, Poor People’s Movements, New York, Vintage Books, 1997.

[5] Christine Brunelle, « Injonctions et grève étudiante. La primauté du droit en péril ? », Le devoir, 30 avril 2012. Cité dans Ibid., Frappier et al., p. 115.

[6] Id.

[7] Cette incitation à désobéir aux injonctions est tirée d’une allocution dans les médias où il a soutenu qu’il « est tout à fait légitime pour les étudiants de prendre les moyens de respecter le choix démocratique qui a été fait d’aller en grève ». L’avocat du plaignant Jean-François Morasse demande une peine de 30 jours de prison ou 150 heures de travaux communautaires et GND ira en appel de la condamnation initiale du juge. Radio-Canada, « Gabriel Nadeau-Dubois reconnu coupable d’outrage au tribunal », En ligne : http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2012/11/01/006-nadeau-dubois-coupable.shtml (page consultée le 16 novembre 2012).

[8] Radio-Canada, « Des experts de l’ONU préoccupés par la loi 78 », 31 mai 2012 ; « Loi 78 : la situation au Québec est ‘alarmante’ selon l’ONU », 18 juin 2012.

[9] Toutes manifestations réunissant plus de 50 personnes (au départ c’était 10!) doivent être informées des policiers au minimum huit heures à l’avance de l’heure, la durée, de l’itinéraire ainsi que des moyens de transport utilisé à cette fin. À ce chapitre, le corps de police desservant le territoire où la manifestation doit avoir lieu peut ordonner un changement de lieu ou la modification de l’itinéraire projeté.

[10] Des amendes sont prévues à quiconque contrevient aux mesures de la loi. Les individus « ordinaire » sont passibles d’une amende de 1 000$ à 5 000$, alors que pour un dirigeant ou un porte-parole d’associations étudiantes c’est entre 7 000$ et 35 000$, et pour une association étudiante, l’amande oscille entre 25 000 et 125 000$. En cas de récidive, les amendes prévues sont doublées.

[11] Pour consulter le texte de loi officiel, voir : http://profscontrelahausse.org/wp-content/uploads/2012/05/12-078sf.pdf.

[12] Paul Journet, « Projet de loi 78 : une atteinte aux droits fondamentaux dit le Barreau », La Presse, 18 mai 2012.

[13] Ces allégations, lourdes de sens, sont loin d’être infondé. Pour plus de détail, consulter : Ligue des Droits et Libertés, « Non à l’intimidation ! Non à la loi 78 ! », Fascicule, mai 2012.

[14] Philippe Teiscerira-Lessrd, «  Le SPVM appliquera la loi spéciale avec Discernement », La Presse, 19 mai 2012.

[15] Véronique Larocque, « 36 arrestations à Sherbrooke en vertu de la loi 78 », La Presse, 22 mai 2012.

[16] L’article 500-1 stipule que « nul ne peut, au cours d’une action concertée destinée à entraver de quelque manière la circulation des véhicules routiers sur un chemin public, en occuper la chaussée, l’accotement, une autre partie de l’emprise ou les abords ou y placer un véhicule ou un obstacle, de manière à entraver la circulation des véhicules routiers sur ce chemin ou l’accès à un tel chemin ».

[17] Pierre-André Normandin, « Le conflit étudiant a couté 15 millions au SPVM », La Presse, 21 août 2012.

[18] COBP, « Grève étudiante 2012 : 3418 arrestations [du 16 février au 3 septembre 2012] Bilan définitif », En ligne : http://cobp.resist.ca/documentation/gr-ve-tudiante-2012-3418-arrestations-du-16-f-vrier-au-3-septembre-2012-bilan-d-finiti (Page consultée le 16 novembre 2012).

[19] L’Article 31 du Code criminel prévoit deux dispositions : (1) Arrestation pour violation de la paix – Un agent de la paix qui est témoin d’une violation de la paix, comme toute personne qui lui prête légalement main-forte, est fondé à arrêter un individu qu’il trouve en train de commettre la violation de la paix ou qu’il croit, pour des motifs raisonnables, être sur le point d’y prendre part ou de la renouveler. (2) Garde de la personne – Tout agent de la paix est fondé à recevoir en sa garde un individu qui lui est livré comme ayant pris part à une violation de la paix par quelqu’un qui en a été témoin ou que l’agent croit, pour des motifs raisonnables, avoir été témoin de cette violation.

[20] Phlippe Teisceira-Lessard, « Paralysie du métro : des chefs d’accusation étonnants », La Presse, 14 mai 2012.

[21] Gabrielle Duchaine, « Le conflit étudiant a fait des centaines d’éclopés », La Presse, 8 mai 2012.

[22] Régys Caron, « Les associations solidaires », TVA, 19 avril 2012.

[23] Raphaël Dallaire Ferland, « La couverture médiatique du conflit étudiant », Le Devoir, 7 juillet 2012.

[24] L’enjeu de la diversité des tactiques n’est pas tant de juger du bien fonder ou de la légitimité de recourir à la force dans le cadre de lutte politique et d’action directe ou encore de nier la pertinence du pacifisme, mais plutôt de ne pas dénoncer publiquement son usage par d’autres, au risque de fragmenter le mouvement et d’exclure certain groupe.

[25] Voir à ce sujet le bulletin du printemps 2012 de la Ligue des Droits et Liberté intitulé « La Loi et l’Ordre plutôt que la justice », disponible en ligne : http://liguedesdroits.ca/wp-content/fichiers/bulletin-printemps2012-final.pdf ; Voir également les rapports produits par le Réseau de la Commission Populaire disponible en ligne : http://www.peoplescommission.org/fr/forum/report.php

[26] CRAP, « La CRAP dénonce l’escouade GAMMA », En ligne : http://www.lacrap.org/la-crap-denonce-l’escouade-gamma  (Page consultée le 18 novembre 2012); « Escouade GAMMA : l’ASSE prote plainte à la Commission des droits », Le Devoir, 18 juillet 2011; Francis Dupuis-Déri, « Pas de profilage politique à Montréal », Le Devoir, 18 juillet 2011.

[27] À titre d’exemple, durant le conflit étudiant, plus de 46% des plaintes déposées au Commissaire à la déontologie policière ont été refusées ou ont fait l’objet de conciliation. Voir : Huffington Post Québec, « 46$ des plaintes contre les policiers rejetées », En ligne : http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/09/20/deontologie-policiere-greve-etudiante_n_1901539.html (Page consultée le 16 novembre 2012.)

[28] Pour stimuler la réflexion, voir : Emily Gaarder, « Addressing violence against women :Alternatives to state-based law and punishment », R. Amster, A. DeLeon, L.A. Fernandez, A.J. Nocella II, D. Shannon (dir.), Contemporary Anarchist Studies, Londres-New-York :Routeledge, 2009, p. 46-56. ; Victoria Law, « Protection without police :North American community responses to violence in the 1970s and today », Upping the Anti : A journal of Theory and Action, no. 12, 2011, p. 91-105. ; Attack the System, « Dealing with Crime in a Free Society », En ligne : http://attackthesystem.com/dealing-with-crime-in-a-free-society/ (Page consultée le 18 novembre 2012).

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