Déclaration de Guerre 15 octobre 1999

Poème lu à CKUT le… 10 septembre 2001, lors d’une entrevue avec Anne Farell, au sujet de la violence, de la révolte et du fascisme.

par Ève Langevin

Gisons, gisant, les lèvres pleines de fumées

Pour qu’ils n’y voient qu’un leurre

pire que la mort

Plantons un bulbe d’amour

À chaque coin de rue

Cousons cousins des mots incendiaires

sous chaque rebord de robe

Chaque mot prononcé en trop

est une minute de plus à vivre

surtout parler

la bouche un peu moins pleine

J’en connais beaucoup

qui mourront très jeunes

Ou qui sont déjà morts d’overdose

hum… [expression de plaisir]

Mangeons lentement

les plus belles fleurs du monde

Pendant qu’il en reste encore

Broutons, comme des vaches, s’il le faut

Et râlons, hurlons comme des louves

Pour le prochain enfant à naître

aou aou [cri de loup]

Il paraît que je suis dans l’espace

Que je marche sur des nuages mal peltés

Il paraît qu’un rayon vert me porte

(C’est ce que les Djinns m’ont dit)

grr grr [grognement de colère]

Il paraît que je suis au bord de la crise de nerfs

Au sud, au nord, à l’est,

qu’il ne manque qu’il ne manque qu’une perle

Les petits soldats de bois

Déboulant les escaliers

Ils ont tant de peines

Un seul souffle suffit

pour les faire tomber

Ils sont si bien alignés

Il paraît que nous sommes en guerre

Et nous ne le savions même pas.

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