Rétrospective d’une année de résistance à l’exploitation minière : entre espoirs et atermoiements

RÉTROSPECTIVE D’UNE ANNÉE DE RÉSISTANCE À L’EXPLOITATION MINIÈRE: ENTRE ESPOIRS ET ATERMOIEMENTS

 

Version pdf.: Bloc 1_AnniePelletier

Par Annie Pelletier,

 

Dure année que la dernière, pour le Guatemala! Si plusieurs d’entre nous connaissent bien la triste chanson de la violence et des violations des droits humains dans ce pays, même les plus avertis auront encore eu de quoi s’étonner en 2009, tant les rebondissements politiques et sociaux auront été à la fois vifs, télé romanesques[1]1 et préoccupants, parce que symptomatiques d’un pays en crise.

Pourtant, en marge des épisodes d’ingouvernabilité, de la corruption, du contrôle exercé par le crime organisé, du climat de violence et de répression[2], de la justice historiquement défaillante et de la pauvreté croissante, la société civile ne s’est peut-être jamais autant affirmée que ces derniers mois. En fait foi la mobilisation pour la défense des ressources naturelles, alors qu’elle a contraint le gouvernement à reconnaître enfin le déficit démocratique sur la question, à ouvrir des espaces d’expression publique et à tenter de répondre aux pressions grandissantes d’un front commun qui demande à être pris en considération et qui réclame, notamment, une réforme complète de la loi régissant les activités minières au pays[3]. C’est tout un processus d’organisation citoyenne, lent et fragmenté, mais combien important, qui est en train de se dérouler au sud.

Premiers signes d’une résistance sociale

 

A partir de 2001 déjà, des poches de protestations sociales avaient commencé à surgir[4], preuve de la réappropriation d’une liberté d’expression longtemps refoulée par les armes. Mais ce n’est que plus tard qu’on a vu se créer et s’activer des mouvements organisés en opposition aux mégaprojets de barrages hydroélectriques, ou aux concessions octroyées à des entreprises d’extraction de pétrole et de minerais, la plupart étrangères. Là où la prospection allait bon train, l’inquiétude des populations locales augmentait, donnant à voir les prémisses d’une conflictualité sociale exacerbée par cette « nouvelle colonisation ». En 2004, à la veille de l’autorisation d’une licence d’exploitation pour la première mine d’or à ciel ouvert dans le département de San Marcos, des organisations environnementales[5] sonnent l’alarme sur le grand laxisme de la loi minière : de trop minces redevances des entreprises à l’état (1%), une absence de contrôles externes, et le manque d’engagement pour la réhabilitation complète des sites d’exploitation favorisent nettement l’industrie extractive au détriment des droits des Guatémaltèques et des peuples autochtones.

La compagnie canadienne Montana Exploradora de Guatemala[6] se fait alors rassurante, offrant de plein gré des garanties pour démontrer que le projet Marlin en est un responsable face à l’environnement et aux communautés, mais la réponse demeure peu satisfaisante pour les habitants de Sipakapa et de San Miguel Ixtahuacán qui craignent de voir leur milieu de vie contaminé par les opérations minières et leur santé en être affectée. L’avenir leur donnera malheureusement raison.

En attendant, un vaste processus de consultations communautaires se déploie dans le nord-ouest du pays et provoque des réactions en chaîne, là où les gouvernements successifs de la « paix » ont découpé le territoire en centaine de concessions, sans prendre la peine d’interroger et d’informer préalablement les populations potentiellement affectées par ce type de développement. Depuis 2005, l’organisation de plus d’une trentaine de consultations communautaires par les autorités et les leaders locaux rend visible le rejet massif de plus de 500 000 personnes face à l’exploitation minière sur leur territoire. Surtout, elles permettent l’émergence d’une vaste coordination d’organisations et de mouvements autochtones, non autochtones et intersectoriels.

Amplification des luttes sociales et esquisses de réponses politiques

 

En février 2009, la lutte s’intensifie, alors que plusieurs organisations du mouvement social et environnemental joignent leurs efforts pour exiger la réforme de la loi minière, même s’ils ne s’entendent pas nécessairement sur les revendications. Certains proposent une hausse des redevances des entreprises de l’ordre de 50%, alors que d’autres rejettent d’emblée l’emphase mise sur cette question qui cache, selon eux, le véritable débat : la légitimité même des mégaprojets d’exploitation minière en l’absence de consultation préalable et de consensus social.

En juillet, alors que plusieurs centaines d’habitants de San Juan Sacatepéquez[7] bloquent depuis trois jours les grandes artères de la capitale, le gouvernement cède enfin en autorisant la création d’une Commission pour la transparence[8], chargée d’analyser le conflit entourant l’octroi des licences d’exploitation à l’entreprise nationale Cementos Progreso et à la transnationale Goldcorp, et de produire des recommandations pour trouver des solutions à l’impasse.

C’est la première fois que le gouvernement nomme une telle instance pour entendre le point de vue de toutes les parties en conflit, et l’exercice suscite un vif d’intérêt. Le rapport de la Commission de Transparence sera publié le 14 novembre, non sans créer une certaine déception chez les militants de la première ligne : la Commission se refuse à recommander la suspension des licences d’exploitation en vigueur, son mandat légal ne lui donnant pas un tel pouvoir d’interférence. En revanche, elle s’ajoute aux voix qui clament que l’État du Guatemala viole la convention 169 de l’O.I.T., tout comme sa propre constitution, en n’ayant toujours pas créé de mécanismes juridiques, normatifs et administratifs pour mettre de l’avant des consultations avec les peuples autochtones avant d’autoriser tout projet de développement minier sur leur territoire, ou pour donner force de loi aux référendums déjà réalisés. Le rapport souligne abondamment la nécessité de se doter d’une loi minière assurant de meilleurs contrôles environnementaux et la perception de redevances plus justes (de 5 à 9%) pour l’État, mais surtout pour les municipalités affectées.

Des dommages prévisibles qui ne passent pas inaperçus

 

Le 24 décembre 2009 se produit à San Miguel Ixtahuacán ce que plusieurs craignent dans la région: le bris d’un conduit menant vers la digue de rétention des eaux usées de la mine Marlin provoque l’écoulement de 83m3 de déchets industriels vers le ruisseau Quivichil, un point d’eau vital pour les communautés des environs. Montana Exploradora fait le point sur les travaux de nettoyage et nie les possibilités de contamination, promettant qu’aucun autre accident ne se reproduira[9].

Et voilà que quelque chose auquel personne n’avait été habitué se produit : le Ministre de l’environnement Luís Ferraté ne se contente pas des réponses données par l’entreprise, et dépose une plainte[10] contre Montana, exigeant que des enquêtes indépendantes et des examens de la faune et de la flore soient menés pour déterminer si le liquide industriel qui s’est échappé aurait pu contenir des métaux lourds potentiellement toxiques. Gageons que la tenue de la commission y est pour quelque chose. Pour Yuri Melini, cet incident démontre clairement que la sécurité industrielle de la mine n’est pas au point.

Des avancées significatives?

La bonne nouvelle, c’est que les choses pourraient être appelées à changer. Grâce à un récent jugement de la Cour Suprême du Canada[11], les compagnies canadiennes opérant à l’étranger seront désormais tenues de présenter des études d’impacts environnementaux et sociaux plus complètes – mesurant tous les impacts possibles sur le projet minier dans son ensemble – et rédigées de manière à faciliter la compréhension et la consultation publique. Le jugement canadien donne aussi des armes solides aux organisations écologistes et au Ministère de l’environnement[12] pour exiger toutes les ressources nécessaires à de meilleurs contrôles éthiques et environnementaux pour les entreprises extractives. Une révolution? Peut-être pas : l’avancée juridique est salutaire, mais sa mise en pratique sera sans doute laborieuse, si on se fie aux intérêts économiques en jeu et à la mollesse d’une classe politique et diplomatique sans cesse courtisée par le lobbysme minier qui crie déjà à la manipulation. En période de crise économique et de besoins pressants de liquidités, rien n’autorise à croire que le Guatemala aura vraiment les moyens de sa souveraineté sur son territoire et ses ressources naturelles. Mais l’année 2009 à San Marcos, aussi accablante qu’elle ait été, nous a aussi réservé quelques bonnes surprises : 2010 pourrait être une année décisive, si le mouvement social continue à prendre en ampleur et que la communauté internationale maintient sa vigilance et son engagement.

Par Annie Pelletier, Ancienne coordonnatrice du PAQG au Guatemala et Présidente du Conseil d’administration du PAQG


[1] L’enlèvement de Gladys Monterroso (l’épouse du Procureur des Droits Humains) la saga de l’accès public aux archives militaires du conflit armé, ou encore l’affaire Rosenberg, pour ne nommer que ceux-ci.

[2] Depuis le 22 décembre 2010, un état d’urgence (signifiant la militarisation et la suspension de plusieurs garanties constitutionnelles) a été décrété dans la région de San Marcos, à la suite de plusieurs blocages de route. Les manifestants y dénonçaient les abus de la compagnie espagnole Union Fenosa qui détient le monopole de la distribution d’énergie électrique au pays. Deux leaders communautaires de la région ont été assassinés dans les trois derniers mois (Victor Galvez, de Malacatán, et Evelinda Ramírez Reyes, d’Ocós, militaient au sein du Front de Résistance pour la défense des ressources naturelles et des droits des peuples – FRENA).

[3] La plus récente loi « minière » a été votée en 1997 sous le gouvernement d’Arzu

[4] Le Centre pour l’action légale, environnementale et sociale (CALAS), Colecti- vo Madre Selva et Tropico Verde.

[5] Le Centre pour l’action légale, environnementale et sociale (CALAS), Colecti- vo Madre Selva et Tropico Verde.

[6] Actuelle filiale du géant canadien Goldcorp Inc.

[7] San Juan Sacatepéquez vit une situation extrêmement tendue depuis 2007, la région connaissant notamment une remilitarisation inquiétante dans un contexte où la résistance sociale ne cesse d’enfler. Cette dernière a culminé lorsque des résidents de 12 communautés San Juan Sacatepéquez ont manifesté en juillet 2009 dans la capitale pour que le gouvernement interdise l’installation de la cimenterie Cementos Progreso sur leurs terres, invoquant entre autre les dommages sur leur environnement.

[8] La Commission, composée de deux députés du Congrès, de Yuri Melini, directeur de CALAS et d’Alfredo Marroquín, directeur de Acción Ciudadana, entendra tour à tour les responsables des Ministère de l’environnement et des ressources naturelles, de l’Énergie et des Mines, des membres des communautés affectées de San Juan Sacatépequez et de San Miguel Ixtahuacán, ainsi que les représentants de Cementos Progreso ,S.A. et de Montana Exploradora de Guatemala, S.A. Les membres de la Commission effectuent également des visites dans les deux régions respectives.

[9] Alberto Ramírez E. “Denuncian derrame de desechos industriales en mina Marlin”, Prensa Libre, 22 janvier 2010, http://www.prensalibre.com/pl/2010/ enero/22/370238.html 10 Ibid 11 Environnementaliste, directeur de CALAS, défenseur des droits humains survivant d’une tentative de meurtre en septembre 2008 et membre de la Com- mission de Transparence. 12 Le 21 janvier dernier, la Cour Suprême canadienne concluait que l’Étude d’impact environnemental de la compagnie Red Chris (pour un projet d’extraction d’or et de cuivre, situé en Colombie-Britannique), a été fragmentée, de sorte qu’il était impossible d’identifier correctement les impacts pour l’ensemble du projet. Le jugement donne pour fautives les autorités qui ont évalué ledit projet et qui ont empêché la participation publique active dans cette évaluation environnementale. Voir : http://csc.lexum.umontreal.ca/ fr/2010/2010csc2/2010csc2.pdf

[10] Ibid

[11] Environnementaliste, directeur de CALAS, défenseur des droits humains survivant d’une tentative de meurtre en septembre 2008 et membre de la Commission de Transparence.

[12] Le 21 janvier dernier, la Cour Suprême canadienne concluait que l’Étude d’impact environnemental de la compagnie Red Chris (pour un projet d’extraction d’or et de cuivre, situé en Colombie-Britannique), a été fragmentée, de sorte qu’il était impossible d’identifier correctement les impacts pour l’ensemble du projet. Le jugement donne pour fautives les autorités qui ont évalué ledit projet et qui ont empêché la participation publique active dans cette évaluation environnementale. Voir: http://csc.lexum.umontreal.ca/fr/2010/2010csc2/2010csc2.pdf

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Sur le plan extérieur, le vent tourne par contre plus vite, et annonce la fin d’un long tête-à-tête forcé avec la Russie. La fonction de zone tampon de la Mongolie perd en effet de son importance depuis que Pékin s’est engagé, en 1978, dans un compromis avec le capitalisme et ne se pose plus en concurrente de Moscou. Les deux géants règlent leurs différends frontaliers en 1987, et Batmönkh peut signer plusieurs traités bilatéraux avec une Chine qui paraît sans arrières pensées, en étendant la démarche aux États-Unis.

Du socialisme au capitalisme, la transition chaotique vers une économie de rente inégalitaire

Le 10 décembre 1989, 200 personnes se rassemblent sous les fenêtres du Parlement à Oulan-Bator pour appeler les autorités à concrétiser une fois pour toutes leurs promesses de Perestroïka et de Glasnost. À la surprise générale, dès le lendemain, le PPRM en accepte le principe. Le 17 décembre, ce sont 2 000 manifestants qui reviennent avec une pétition — la première du genre —, dans laquelle ils demandent l’organisation d’élections libres l’année suivante. Le gouvernement se dit alors prêt à entamer des réformes, mais seulement dans le cadre d’un programme plus étalé dans le temps.

Rassemblé sous la bannière d’une Union démocratique mongole (UDM), le mouvement s’étend aux campagnes, et les doléances se font plus précises. Mais face à l’attentisme des autorités, c’est la légitimité même des institutions qui est désormais contestée. Le 8 mars, des violences éclatent et une personne décède : l’UDM, apôtre de la non-violence, est débordée. Coup de théâtre le 9 mars : le Politburo du PPRM annonce sa démission, et, peu après, le Parlement se réunit pour accepter le multipartisme. Enfin, le 10 mai 1990, après de laborieuses discussions, les premières élections libres de l’histoire du pays sont fixées à juillet, et l’agitation publique cesse.

Comment le régime a-t-il pu en arriver là en l’espace de cinq mois seulement ? Plusieurs facteurs éclairent directement l’issue des évènements. Le noyau originel des manifestants est d’abord composé des enfants des élites, formés en URSS ou en Europe de l’Est, sensibles aux idées de la période Gorbatchev, et qui connaissent tous, outre une langue slave, l’anglais ou l’allemand, ce qui leur donne accès aux médias occidentaux disponibles depuis peu. En outre, leurs demandes restent conformes aux règles politiques en vigueur, bien que leur méthode soit hors-la-loi. Les autorités ont donc deux bonnes raisons de penser parvenir à les maîtriser en se pliant initialement à leurs réclamations. C’est un accès de faiblesse qui ouvre la voie à l’émergence d’une critique plus populaire.

Quand les troubles atteignent leur paroxysme, le 8 mars, avec des dizaines de milliers d’individus de toutes origines sociales, une lutte latente pour le pouvoir fait rage au sein des hautes sphères de l’État entre les partisans de l’écrasement du mouvement et ceux de la négociation, à tel point que le ministre de la sécurité publique n’ose pas envoyer l’armée de peur qu’elle ne se retourne contre le gouvernement. Le Kremlin a bien fait savoir qu’il ne soutiendrait pas une répression musclée, ne souhaitant pas voir se répéter l’expérience chinoise de 1989 sur la place Tiananmen dans son pré-carré. Les orthodoxes sont dès lors écartés, et les réformateurs ont toute latitude pour emmener leurs troupes aux élections de juillet.

Au sein de l’opposition qui prend forme, une autre dynamique est en cours. Les enfants de la vieille élite, ceux de décembre 1989, attachés à compléter les acquis sociaux par des progrès démocratiques, se retrouvent vite marginalisés par des nouveaux venus dans l’arène publique, qui se font pour leur part les champions de l’économie de marché. Cantonnés aux centres urbains, inexpérimentés, tous arrivent en ordre dispersé au scrutin, et ils sont sans surprise défaits par un PPRM qui augmente au préalable les allocations, les bourses et les salaires, et peut compter sur sa grande légitimité dans le monde rural — qui est ironiquement non sans rappeler celle du Bogd à une autre époque.

À partir de ce moment, la transition s’accélère. La Russie met un terme à son soutien, réclame le remboursement de ses investissements passés, exige d’être payée en dollars, et rechigne à échanger par troc comme le souhaitent les Mongols. À court de liquidités, ces derniers se tournent en catastrophe vers les bailleurs de fonds multilatéraux et Washington : le Secrétaire d’État américain James Baker arrive en août 1990 à Oulan-Bator, au moment où le Fonds monétaire international y effectue sa première visite, et la Banque asiatique de développement suit en mai 1991. Comme entre 1911 et 1927, les dirigeants mongols cherchent en somme, à l’extérieur, un soutien pour se maintenir en place à travers la tempête. Or, dorénavant, ils peuvent compter sur l’appui du vainqueur de la Guerre froide, et non de dynasties à l’agonie.

De surcroît, là où il n’y avait pas d’isomorphisme entre féodalisme et socialisme, il existe maintenant, entre socialisme et capitalisme, une rationalité étatique commune qui autorise les permutations idéologiques. Maîtrisant les rouages d’une administration pléthorique et d’une économie urbaine et industrielle centralisée, les ex-communistes apparaissent en effet aux yeux des Occidentaux comme les techniciens les mieux à même, dans un contexte d’incertitude généralisée, d’ouvrir le marché local et d’engager les institutions dans la voie de la démocratie.

Apte à recevoir des prêts et des dons de l’Ouest, le gouvernement du PPRM s’engage ainsi dans un des programmes de privatisation les plus rapides au monde : moins d’un an pour les plus petites entreprises. Chaque citoyen se voit donner des coupons représentant une proportion égale de l’unité en jeu, mais peu ont idée de leur valeur et du fonctionnement de la bourse, si bien que les pasteurs nomades et les citadins fragilisés par la soudaineté de la crise les vendent à rabais pour acheter des biens de consommation courante.[4] Quant aux appartements, ils sont simplement donnés à leurs occupants.

À la campagne, quelques 26 millions de bêtes ainsi que du matériel (tracteurs, outils, etc.) sont répartis par les directeurs de chaque coopérative en priorité à leurs familles et à leurs réseaux personnels, grâce à quoi, dès 1992, 5% seulement des ménages ont des troupeaux de 200 têtes et plus, et 42% de moins de 31 têtes.[5] Les prix sont libéralisés, et l’inflation explose : elle atteint alors 325%. L’État sabre en parallèle dans ses dépenses, avec pour conséquences, parmi d’autres, une mortalité des mères en couche qui double dans les trois premières années de la transition, des abandons scolaires de plus en plus nombreux, des milliers d’enfants qui deviennent sans-abris dans les rues de la capitale, et des collections muséales pillées.

La corruption devient endémique dans le jeu de recomposition du patrimoine des élites, gangrénant le quotidien des citoyens comme les décisions des plus hauts responsables. En 1993, le vice-Premier ministre Purevdorj signe, par exemple, un accord avec la firme américaine Ibex Group, lui octroyant un monopole de 99 ans sur l’extraction des ressources minières, les télécommunications, le tourisme et le cachemire. Une fuite in extremis dans la presse fera avorter le projet deux ans plus tard. Les Russes, pour leur part, décident de vendre au secteur privé la moitié de leurs 49% d’Erdenet — qui évite pourtant à la Mongolie la faillite pure et simple — au coût largement sous-évalué de 240 000 dollars.

Lassés, les citoyens votent pour le changement en 1996, en portant au pouvoir l’ancienne UDM, concrétisant la première alternance politique depuis 1921. Soutenue par des organisations américaines et allemandes liant économie de marché et démocratie, celle-ci se révèle pourtant plus déterminée encore à mener à bien la thérapie de choc, allant jusqu’à retirer 103 000 pensionnaires du système de retraite. L’affairisme reprend de plus belle, et la situation économique et sociale reste dramatique.

Au terme d’une décennie de « réingénierie » étatique, et malgré les coûts de licenciement les plus bas du monde, l’absence de véritables taxes sur le commerce, et le cinquième rang détenu par la Mongolie parmi les pays les plus dépendants à l’aide étrangère, le revenu par habitant est 77% inférieur à celui de 1989. Le chômage fait des ravages au sein d’une population sur-éduquée, qui vient gonfler le nouveau secteur informel, qui représente, dans la capitale seulement, entre 20% et 40% des actifs. Le taux de natalité chute de 52%, et le nombre de mariages de 40%. Un tiers des Mongols vit sous le seuil de pauvreté, et les inégalités ne cessent de croître.

La situation est totalement inédite du point de vue des changements structurels. On assiste à un passage « du Deuxième au Tiers Monde », qui se caractérise par la conjugaison d’une désindustrialisation, d’un exode urbain, et d’un retour à un pastoralisme nomade dont la productivité est en baisse. L’industrie voit en effet sa part dans le PIB s’effondrer de 41% en 1990 à 20% en 2003, un processus qui amène des milliers de familles citadines à devoir s’exiler à la campagne pour se lancer dans l’élevage, sans expérience. Ce mouvement fait reculer le nombre d’urbains à 52%, avant un douloureux retour de bâton en 1999, qu’Oulan-Bator absorbera au détriment des autres villes. La proportion du secteur agricole dans l’emploi total passe de 32% en 1989 à 49% en 1998, et de 15,5% à 37,5% dans le PIB.

Cet afflux dans les steppes survient alors que la majorité des 35 000 puits ne sont plus entretenus et que la disparition des coopératives — qui aidaient à mettre les animaux sur le marché et fournissaient les services sociaux — forcent les éleveurs à rivaliser pour les meilleurs pâturages. De 1990 à 1999, le cheptel passe ainsi de 26 millions de têtes à 33,5 millions, dépassant la capacité de renouvellement du milieu. En outre, sa composition change de façon radicale, la recherche de rentabilité à court terme faisant préférer les chèvres, dont on exporte la laine de cachemire en Chine, aux moutons, mais les premières arrachent les pousses au lieu de les couper comme le font les seconds, accélérant une tendance lourde à la désertification.

Ainsi, lorsque une série d’étés secs suivis d’hivers plus rigoureux qu’à l’habitude s’abat sur la Mongolie en 1999, 2000 et 2001, ses effets vont s’en trouver démultipliés par les conséquences de la crise en zone rurale. Ne bénéficiant plus d’assez de réserves de graisse ni de fourrage, les animaux doivent faire face au gel et au dégel de la neige (dzud), qui forment une croûte difficile à traverser pour atteindre une herbe devenue plus rare. Quelques 11 millions d’entre eux meurent de faim, laissant leurs propriétaires dans le plus grand dénuement. Le pastoralisme, malgré toutes les vicissitudes du XXe siècle, vient de perdre, pour le peuple, sa vocation de refuge face à la crise.

Les déshérités qui ne vont pas (re)venir gonfler brutalement les quartiers périphériques de la capitale envahissent en masse une extension originale de l’économie informelle, dont un embryon commence tout juste à se structurer : les mines artisanales. Cependant, au même moment, dans un élan que la Banque mondiale qualifie de « sans équivalent » ailleurs, le secteur extractif formel attire, quant à lui, une multitude de firmes étrangères dans le but de profiter des formidables gisements d’or, de cuivre, de fluorine, de fer, de plomb, d’argent, de tungstène, d’uranium, de zinc et autres qui sont découverts.

Cette double dynamique prend racine dès les premiers mois de la période capitaliste. Le déclic a lieu en 1991, dans le village de Bornuur, dans le centre-nord du pays, lorsque quelques dizaines d’individus commencent à recycler les sédiments environnants pour en extraire paillettes et poussières d’or. Non loin de là, d’autres décident de se spécialiser dans la récupération du mercure présent dans le sol après l’explosion en 1956 d’un stock de dix tonnes, afin d’alimenter la demande locale.

En 1993, ce sont des travailleurs de la mine de charbon de Nalaïkh qui s’approprient les nombreux tunnels laissés vacants à sa fermeture. Puis, en 1995-1996, des centaines d’ex-employés d’autres mines publiques, pour la plupart hautement qualifiés, assistés de leurs familles, se lancent à leur compte dans les roches aurifères. Enfin, au cours de la première moitié de 1999, ils sont rejoints par une vague plus importante d’anciens fermiers et d’urbains marginalisés, à l’issue de laquelle ces « pionniers » sont près de 10 000.

De son côté, le gouvernement entame, en 1992, son programme « Or » dans le but d’attirer les investissements étrangers qui font cruellement défaut à ses finances. En 1994, il franchit une étape supplémentaire en ouvrant son très secret Fonds géologique. Mais c’est surtout l’adoption, en 1997, d’une loi sur le sous-sol considérée comme un exemple de libéralisme en la matière, qui permet d’obtenir le véritable aperçu des richesses souterraines. Le départ d’une course aux licences d’exploration est sonné, et son succès est tel qu’en 2003, avec près du quart du territoire national couvert, on en compte près de 2 600, auxquelles s’ajoutent 78 000 hectares sous licences d’exploitation détenues par 141 entreprises.

La majorité de ces 141 entreprises se concentre dans des zones alluviales aurifères présentes un peu partout, et les technologies auxquelles elles ont recours, toujours largement tributaires de l’héritage socialiste, entraînent des pertes de 15% à 45% de l’or contenu dans le minerai qu’elles traitent. C’est donc ce qu’elles laissent derrière elles qui va stimuler la convergence avec le secteur informel en s’imposant comme la seule alternative immédiate de survie aux individus affectés par les dzuds. En l’espace de trois ans seulement, et par capillarité avec les quelques réseaux déjà constitués, le nombre des mineurs artisanaux est multiplié par dix, et en 2003, il dépasse le cap des 100 000.

Il faut dire que le potentiel de recyclage en question est substantiel, puisqu’à ce point précis, chaque année, ce sont près de 7,8 tonnes d’or qui sont rejetées par les industriels, à l’origine de 95% des 7,5 tonnes extraites par les artisans (pour une valeur de 60 millions à 100 millions de dollars), en plus de stocks fixes restants estimés à 48 tonnes de métal pur. Certains experts n’hésitent pas, devant ces chiffres, à envisager un ancrage du phénomène sur plusieurs décennies.

Les sédiments, notamment, qui forment le gros de ces déchets, présentent l’avantage d’être relativement simples à exploiter pour des néophytes dépourvus de moyens financiers et matériels, grâce à quoi ils attirent la plus grande part des nouveaux arrivants. On compte néanmoins 20 000 chercheurs d’or spécialisés dans les roches, plus difficiles d’accès, et même, quoique marginalement, des groupes qui vivent de la fluorine, des gemmes, du sel de montagne, et bien sûr du charbon et du mercure.

La diversité de cette population ne s’arrête pas là. Hommes, femmes et enfants tiennent des rôles généralement différents. Les métiers d’origine sont aussi variés que juge ou ouvrier. Les revenus sont susceptibles de passer du simple au décuple d’un lieu à l’autre pour la même activité. Et le temps investi peut représenter quelques jours ou plusieurs saisons, avec un mode opératoire sédentaire ou nomade, tout cela en fonction du profil et des circonstances de chacun : mineur professionnel, éleveur, étudiant, retraité, prestataire de service ; avec des dettes à rembourser, des enfants à charge, etc.

Si la condition sine qua non de leur existence est évidemment la relative inefficacité de l’industrie, les mineurs artisanaux possèdent par rapport à celle-ci, en contrepartie, un avantage technologique avec leurs procédés manuels. Plus précis et plus réactifs, ils sont capables de traiter un minerai contenant jusqu’à cinq fois moins de métal au mètre cube et ils en évaluent la densité moyenne en continu, alors que les compagnies établissent leurs objectifs sur une moyenne de plusieurs jours. En outre, ils ne s’arrêtent pas pendant l’hiver comme ces dernières, qui doivent tenir compte des conditions climatiques rigoureuses pour la machinerie et de leurs besoins importants en eau liquide.

Chaque détail de leur occupation est soumis à réévaluation et adaptation constantes. En témoignent, notamment, l’importation en 2003 d’« essoreuses » à sec californiennes, disponibles en version locale deux ans après, et celle, en 2005, de détecteurs de métaux coûtant entre 1 500 dollars et 4 000 dollars. Plus rien ne les retient, à la suite de ces « innovations », pour explorer d’autres terrains qui ne sont pas privatisés, comme l’immense parc naturel du désert de Gobi. Bref, le dynamisme de ces artisans est tel qu’ils constituent, peu après leur émergence, la première source de revenus et de nouveaux emplois dans le monde rural.

Malgré tout, leurs communautés reproduisent les inégalités qui caractérisent la société mongole dans son ensemble. Elles sont les premières victimes des dégâts environnementaux qu’elles causent, et les heures de travail excessives, les conditions sanitaires déplorables et la criminalité élevée y sont chroniques. Par ailleurs, les villages près desquels elles s’établissent, débordés par leur nombre et ne disposant pas des infrastructures nécessaires pour les prendre en charge, réagissent souvent mal à leur voisinage. Enfin, leur économie dépend, comme celle du reste du pays, de prix volatiles déterminés à l’extérieur, et elle génère de l’argent liquide destiné à être consommé largement en produits importés ou réinvesti à Oulan-Bator, par exemple dans l’achat de taxis.

Exclus du système de sécurité sociale, comme près de 60% des actifs (surtout ruraux), par un gouvernement soucieux de limiter au strict minimum ses dépenses au lendemain de l’effondrement du régime socialiste, les mineurs artisanaux sont en outre maintenus dans une illégalité prolongée. Cette illégalité sert de prétexte aux services de sécurité des détenteurs de licences et aux forces de l’ordre pour les réprimer et leur confisquer leur production, parfois violemment, puisqu’ils « volent » des ressources ne leur appartenant pas, bien qu’elles soient dénuées de valeur commerciale en l’état.

Les autorités, responsables en premier et en dernier ressort de cette situation, maintiennent une attitude volontairement attentiste à leur égard pendant toute la décennie 2000. La Banque nationale de Mongolie est en effet la seule au monde à être habilitée à acheter de l’or brut et à le vendre pour en tirer un bénéfice ; elle participe à ce titre au circuit de l’orpaillage informel. De plus, la dispersion de ces 100 000 victimes de la thérapie de choc des années 1990 sur un territoire immense évite l’explosion d’Oulan-Bator, donc une potentielle montée de la contestation sous les fenêtres du Parlement. C’est aussi, de manière plus subtile, à un coût modique pour les finances publiques, un réservoir d’« entrepreneurs » rompus aux pratiques du marché, pour le jour où la conjoncture en aura besoin.

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre l’adoption, en 2010-2011, d’une série de mesures législatives visant à encadrer leurs activités. Ces mesures stipulent en particulier que les mineurs artisanaux peuvent acquérir des licences collectivement et signer des contrats avec les entreprises dont ils exploitent les déchets. Cependant, les conditions en sont si complexes et si restrictives que leur mise en pratique pose déjà problème sur le terrain et crée une énième sélection entre les « méritants », qui ont les moyens de rentrer dans le droit, et les autres.

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Nombreux sont ceux, au sein de la galaxie des institutions internationales ayant pignon sur rue à Oulan-Bator et au sein du gouvernement, qui prédisent que les mineurs artisanaux réintégreront d’eux-mêmes l’économie formelle à mesure qu’une période prolongée de croissance leur en offrira les opportunités. C’est faire abstraction des facteurs structurels que nous venons de passer en revue, ainsi que des tendances lourdes du système capitaliste à produire de l’exclusion pour maintenir son rythme de développement, en particulier dans le cas qui nous intéresse.

Plus grave, peut-être, pour des décideurs ancrés dans le présent : l’actualité leur donne déjà tort. Le nombre de « ninjas », comme les médias les surnomment en référence aux personnages d’un dessin animé auxquels ils sont censés ressembler avec leur équipement, est aujourd’hui loin de se résorber, notamment après un autre dzud en 2009-2010, qui a entraîné à lui seul la mort de huit millions de têtes de bétail. Tout l’équilibre des steppes est chamboulé, et les facteurs aggravants sont bien sûr d’origine anthropique. L’industrie extractive, quant à elle, n’est pas en mesure de fournir les emplois nécessaires, occupant seulement 4% des actifs au plus fort du boum des années 2000, alors qu’elle compte pour un tiers du PIB et 70% des exportations.

En outre, les tensions populaires se multiplient autour de l’accès à la rente minière, comme l’illustrent l’apparition de coalitions citoyennes réclamant une plus grande prise de participation des autorités dans les projets d’exploitation dits « stratégiques ». Une nouvelle loi sur le sous-sol leur fait d’ailleurs partiellement écho depuis 2006. Le PPRM et les héritiers de l’UDM se livrent aussi une concurrence de plus en plus féroce pour gagner le pouvoir de « redistribuer », avec des surenchères de promesses de primes et de chèques divers aux votants. Cette concurrence explique en partie des affrontements post-électoraux ayant fait cinq morts en 2008, des violences inédites depuis 1990.

La Mongolie n’a finalement fait que troquer une forme de dépendance pour une autre, et tout y est à reconstruire, en priorité ses infrastructures urbaines. 60% des habitants de la capitale, par exemple, vivent sous une yourte. Le pays est plus vulnérable que jamais aux variations des prix des matières premières, et sa balance du commerce extérieur est chroniquement déficitaire. Par ailleurs, la Chine, par le seul pouvoir du marché, a réussi à y reconquérir en sous main sa position prédominante : elle en est le premier investisseur, le premier client, et bientôt le premier fournisseur.

Ce dernier point a son importance. L’État mongol ne doit en effet son existence qu’à l’équilibre des puissances entre ses grands voisins. Mais sa spécificité tient au fait que, jusqu’à la découverte du plein potentiel de ses réserves minérales dans les années 1990, il remplissait seulement une fonction politique, d’où son entrée tardive — 1950-1960 — dans la modernité. Il est le plus pur produit de l’interventionnisme étranger, avec son lot d’évènements déclencheurs lointains et de conséquences locales arbitraires. Ses élites ont réussi à traverser indemnes toutes les crises, à l’exception du stalinisme. Jusqu’à quand le pourront-elles, maintenant qu’elles sont assises sur des mines d’or qui aiguisent même l’appétit du placide Canada et que les attentes de la population sont immenses ?

Arthur Floret

Bibliographie indicative

Pour approfondir le sujet, nous proposons les sources suivantes :

APPEL P. W., 2005, Small-Scale Mining in Mongolia. A Survey Carried out in 2004. Copenhague: GEUS (Geological Survey of Denmark and Greenland).

BANQUE MONDIALE, 2003, Mongolia Mining Sector: Managing the Future. Washington (D.C.), Banque mondiale.

BANQUE MONDIALE, 2007, Mongolia: Building the Skills for the New Economy. Washington (D.C.), Banque mondiale.

BAT-ERDENE (BAABAR) B., 2004 [1996], History of Mongolia. Oulan-Bator, Monsudar.

EVEN M.-D. et S. Clairet, 2008, « Dossier Ethnopolitique: Mongolie », Diplomatie 34 (sept./oct.): 101-13.

GRAYSON R., 2007, « Anatomy of the People’s Gold Rush in Modern Mongolia », World Placer Journal 7: 1-66.

GRIFFIN K. (dir.), 2003, Poverty Reduction in Mongolia. Canberra, Asia Pacific Press.

GROUSSET R., 1965 [1938], L’empire des steppes. Attila, Gengis-Khan, Tamerlan. Paris, Payot.

MBDA (Mongolian Business Development Agency), Eco-Minex International Ltd et Murray Harrison Ltd, 2003, Ninja Gold Miners of Mongolia. Assistance to Policy Formulation for the Informal Gold Mining Sub-Sector in Mongolia. Final Report. Oulan-Bator, MBDA, Eco-Minex International Ltd et Murray Harrison Ltd.

PNUD (Programme des Nations-unies pour le développement), 2000, Human Development Report Mongolia 2000. Reorienting the State. Oulan-Bator: PNUD.

PNUD (Programme des Nations-unies pour le développement), 2003, Human Development Report Mongolia 2003. Urban-Rural Disparities in Mongolia. Oulan-Bator, PNUD.

PNUD (Programme des Nations-unies pour le développement), 2005, Economic and Ecological Vulnerabilities and Human Security in Mongolia. Oulan-Bator, PNUD.

PNUD (Programme des Nations-unies pour le développement), 2007, Mongolia Human Development Report 2007. Employment and Poverty in Mongolia. Executive Summary. Oulan-Bator, PNUD.

ROSSABI M., 2005, Modern Mongolia. From Khans to Commissars to Capitalists. Berkeley, Univerity of California Press.

RUPEN R., 1979, How Mongolia is Really Ruled. A Political History of the Mongolian People’s Republic 1900-1978. Stanford, Hoover Institution Press.

UNFPA (Fonds des Nations-Unies pour la Population), 2007, Socio-Economic Situation of Informal Gold Miners and Their Need for Social Services. Survey Report. Oulan-Bator, UNFPA.

USGS (United States Geological Survey), 2009, « 2007 Minerals Yearbook Mongolia (Advance Release) ». En ligne. http://minerals.usgs.gov/minerals/pubs/country/2007/myb3-2007-mg.pdf


[1] La République de Chine (Taïwan), où les nationalistes de Tchang Kaï-chek se retrancheront, dénoncera par la suite cet accord et contestera l’indépendance de la Mongolie jusqu’en 2002.

[2] Cette dernière atteindra un pic de 100 000 hommes, à une époque où l’URSS et la Chine en viennent effectivement aux coups au sujet d’un différend frontalier (incident Damansky/Zhenbao en 1969).

[3] Le produit matériel net était l’indicateur comptable de référence du Bloc soviétique.

[4] En 2003, 0,5% de la population possède plus de 70% des parts des compagnies privatisées à ce moment-là.

[5] C’est une inégalité qui, en 2006, ne s’est pas résorbée, puisque 52% des familles impliquées dans le secteur ont moins de 100 animaux. Il en faut entre 200 et 300 à une famille de quatre à cinq membres pour vivre décemment.

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[10] Shim Jae-yun, « Geologist discovers diamond deposits », Korea Times, 18 mars 2008

[11] Edition citee supra – 18 mars 2008

[12] Andrew E. Kramer, « Russia Stockpiles Diamond, awaiting the Return of Demand », New-York Times, May 11, 2009/Reuters, 25 juin 2009.

[13] Les activités consulaires ont alors été transférées à Abuja au Nigeria.

[14] D’après l’agence chinoise Xinhua News Agency dans une dépêche datée du 26 novembre 1996

[15] La dépendance du régime est à un point tel que  pour choisir un sélectionneur national pour l’équipe nationale de football du Cameroun engagée à la coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, M. Paul Biya s’en est référé au chef du gouvernement français François Fillon d’après L’Internationalmagazine.com du 7 septembre 2009.

[16] Agence France Presse. Le Ministre des Affaire étrangères de Corée du Sud a annoncé, le vendredi 17, la signature, la veille, par le gouvernement camerounais d’un permis d’exploitation des mines de diamants de Yokadouma

[17] “In many respects, Cameroon is a classic fragile state. On all measures, its institutions are weak…” in Cameroon: Fragile State? International Crisis Group (ICG), Africa Report num 160 – 25 Mai 2010

[18] Achille Mbembe, analysant la débâcle de l’équipe nationale du Cameroun à la FIFA World Cup 2010 sud-africaine, in Le Messager quotidien du 22 juin 2010

[19] La philosophie de la Loi numéro 001-2001 du 16 Avril 2001 portant code minier a consisté, sous la férule des instituons de Bretton-Woods, à mettre sur pied une politique visant à attirer des investissements pour la recherche/exploration dans le domaine minier national; dans la pratique, le code ne favorise que des bradages et n’a pas attiré de fonds du fait d’un marketing médiocre

[20] En 1997 et 1998, le Cameroun est arrivé en tête des pays les plus corrompus du Monde de l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de l’ONG Transparency International.

[21] Sources : entretiens. D’après des cadres des Mines, la stratégie d’appel à prébendes consiste pour les fonctionnaires chargés de certains dossiers délicats à compliquer le traitement administratif desdits dossiers, provoquant notamment des retards incompréhensibles pour faire comprendre aux interlocuteurs qu’il faille « mettre la main dans la poche ».

[22] Achille Mbembe, analysant la débâcle de l’équipe nationale du Cameroun à la FIFA World Cup 2010 sud-africaine, in Le Messager quotidien du 22 juin 2010

[23] Source: entretiens

[24] Depuis la découverte du gisement camerounais, seule une minorité de personnes proches du Ministre des Mines, gravitant très souvent en marge de la hiérarchie interne visée du Département des Mines, a accès aux documents sur le gisement. Telle est en fait la stratégie qui permet au Ministre de réduire les moyens de contempteurs déclarés.

[25] In « Yokadouma Diamond Project in Cameroon », C&K Mining Inc., 2008, Document de base explicatif du projet adressé par l’exploitant au Gouvernement camerounais [site internet ?]

[26] Où nous nous sommes rendus par le moyen de transport le plus couru du coin : le porte-bagage de motos chinoises

[27] C’est une vieille rengaine des autorités administratives lorsqu’elles sont souvent appelées à trancher les rares différends fonciers qui naissent entre les exploitants et les populations. Elle ponctue souvent un discours complexe et inintelligible sur les lois et règlements régissant la gestion de la forêt, discours n’ayant qu’une perspective mystificatrice.

[28] Entretien avec le député Gervais Bangaoui Batandjomo et avec l’élite Mbimou

[29] Le CCFD-Terre Solidaire, le Secours catholique, Oxfam France et la plateforme française « Publiez ce que vous payez » ont salué le 19 juillet 2010 « une étape décisive vers la transparence du secteur extractif et une victoire de la société civile américaine ». La loi américaine a par cet acte repris l’esprit du projet de loi « Energy Security through Transparency Act » (S. 1700) déposé par un groupe bipartisan de sénateurs dirigé par le Démocrate Benjamin Cardin et le Républicain Richard Lugar au début de l’année. Le sénateur démocrate Patrick Leahy a proposé un amendement à la loi de réforme de Wall Street, qui a donc reçu un soutien décisif, notamment, des démocrates Christopher Dodd et Barney Frank qui menaient les négociations.

[30] Ibid, 17

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