Singapour, un leader régional atypique étant parvenu à concilier développement local et ouverture internationale

Par Hugo Ballesteros

Singapour joue un rôle de leader régional et se démarque des autres pays en Asie du Sud-Est : c’est un marché bien établi qui attire des Firmes Multinationales (FMN) avec des productions à haute valeur ajoutée. Alors, ce statut de puissance économique stable et technologiquement très développée confère à l’île-État un rôle de leader régional à l’image de l’émergence de l’Asie du Sud-Est. Essayons de comprendre de quelle manière Singapour est parvenue à concilier croissance économique et développement en utilisant les FMN étrangères comme effet de levier sur l’industrie locale. Tout d’abord grâce à la l’ouverture et la stabilité de son marché, de plus grâce au transfert technologique, enfin grâce aux efforts gouvernementaux.

 

Un marché stable et ouvert propice au développement

Depuis les années 70, Singapour a connu une croissance économique fulgurante, et dans le même temps, la cité-État s’est remarquablement bien développée.

Aujourd’hui, Singapour dispose d’infrastructures urbaines et développées qui rappellent celles des plus grosses métropoles occidentales: c’est l’un des marchés les mieux établis dans la région (Andrews, 2003). D’après la Banque Mondiale et la Corporation Internationale de la Finance, Singapour est le pays où il est le plus facile de faire du commerce (7). Alors, la cité-État séduit beaucoup d’investisseurs étrangers : elle est tout de même la 3e destination la plus prisée en Asie en ce qui concerne les IDE (Wikipédia, 2016). Le climat des affaires favorable et la stabilité politique du pays ont naturellement conduit la croissance économique à se répercuter sur le développement.

 

La remontée de la filière électronique

Ce sont principalement les entreprises dans les secteurs à haute valeur ajoutée qui tendent à s’implanter à Singapour. En effet, les compagnies financières et de télécommunication représentent 53% du marché singapourien (Wikipédia, 2016). D’ailleurs, lorsqu’on s’intéresse de plus près aux statistiques du marché de l’électronique, les entreprises multinationales dominent largement avec plus de 90% de parts de marché (Chaponnière, 1985) .

Par ailleurs, l’implantation de ces FMN à Singapour a engendré le développement du tissu entrepreneurial local de différentes manières. Dans un premier temps, lorsque les entreprises s’installent, elles louent des équipements et un loyer à des fournisseurs singapouriens. La remontée de la filière électronique est certainement l’exemple le plus parlant pour illustrer ce phénomène (Chaponnière, 1985). En règle générale, les FMN qui s’implantent à Singapour font appel à des fournisseurs locaux pour sous-traiter une section de leur processus de production. Dans ce cas, les conseils techniques fournis par les grosses entreprises (Apple, Commodore) ont permis aux sous-traitants locaux de se développer (Chaponnière, 1985).

Dès lors, il s’est mis en abîme une véritable remontée de la filière électronique à Singapour : les producteurs de « sous-traitance » locaux sont parvenus opérer des activités initialement réservées aux industries centrales jusqu’à ce qu’ils aient pu commercialiser en autonomie des produits de qualité (Chaponnière, 1985). À travers le transfert technologique, les FMN qui produisent des produits électroniques ont permis le développement d’une industrie locale à la hauteur de la compétition internationale. En ce sens, la croissance des FMN à Singapour a fait ruisseler des revenus sur la société civile locale. Pour cela, leur implantation est encouragée par l’ÉtatEn guise de comparaison, le PNB par habitant singapourien qui était équivalent à celui des Philippines en 1965 est désormais équivalent à celui du niveau de la France aujourd’hui (Wikipédia, 2016).

 

La participation de l’État en vue de concilier ouverture et commerce local

Dans les années 90, alors que le pays devenait de moins en moins compétitif, le gouvernement a opéré conjointement une baisse des salaires et des taxes. Depuis, la politique fiscale est relativement laxiste avec des taux d’imposition assez bas (environ 20%), bien entendu en vue d’attirer les investisseurs étrangers (Wikipédia, 2016).

Néanmoins, l’État ne se contente pas d’accompagner les firmes étrangères à Singapour, il participe activement au développement du secteur entrepreneurial local. Tout d’abord, c’est l’État qui encourage les joint-ventures, et la transmission de savoir-faire des FMN aux Singapouriens (Chaponnière, 1985).

De plus, en menant une politique salariale active et en maintenant un plancher de rémunération, le gouvernement souhaite faire fuir les entreprises à travail intensif et aux bas salaires (Chaponnière, 1985).

En outre, les firmes locales proposent leurs services pour conseiller les compagnies étrangères. Cela illustre bien la volonté gouvernementale de faire répercuter les profits issus de la croissance économique des FMN vers le développement du tissu d’entrepreneuriat local (Lawyers Singapore, 2016).

Enfin, l’État singapourien investit dans les formations locales des jeunes en vue de faire émerger une main-d’œuvre qualifiée et diversifiée. Par exemple, la récente création de l’Institut de technologie à Nanyang formera 300 jeunes ingénieurs supplémentaires (Chaponnière, 1985). En somme, il y a un haut niveau de compétence en ce qui concerne les travailleurs à Singapour.

 

Bibliographie

Andrews, Tim G. Nartalin Chompusri, and Bryan J. Baldwin. « Chapter 2 : Rise of Multinationals » The Changing Face of Multinationals in Southeast Asia. London : Routledge, 2003 : pp.28-52

Mackie, Jamie, « Changing Patterns of Chinese Big Business in Southeast Asia », Southeast Asian Capitalists. (sous la dir.) Ruth McVey. Ithaca : Southeast Asia Program Publications, Cornell University, 1992 : pp.161-190

Chaponnière, J., & Gaulé, A. (1985). Singapour, enclave de l’électronique mondiale ou pôle de croissance » ? Revue d’économie industrielle, 32(1), 28-40.

Wikipédia (2016) Économie de Singapour -.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_de_Singapour

Lyceepmf-tunis.com .(2011) Singapour, un des «hubs» asiatiques majeurs ? http://www.lyceepmf-tunis.com/murs_du_lycee/spip.php?article223

Paix, C., & Petit, M. (1990). Géostratégies du capital et de l’État à Taïwan et Singapour. Strates : Matériaux pour la recherche en sciences sociales, 5.

Lawyers Singapore. (2016, September 14). The 10 Most Important Business Regulations in Singapore [Video file]. https://www.youtube.com/watch?v=0wHJaX9lcWU

Caouette, Dominique. 8 Juin 2017. “Diasporas Chinoises et Firmes Multinationales en Asie du Sud-Est” Cours 11, Asie du Sud-Est. Montréal : Université de Montréal

 

 

 

 

 

 

 

 

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