Popularité touristique malgré des tensions politiques : la Thaïlande

Par Sophianne Do

Sur les sites des gouvernements canadien et français peuvent s’y trouver des avertissements quant à la situation d’instabilité politique permanente en Thaïlande. Toutefois, celle-ci ne semble pas souffrir d’une baisse importante de touristes : au contraire, la Thaïlande est la destination la plus visitée en Asie du Sud-Est après la Malaisie (Pariona 2017). La Thaïlande est un pays aux paysages époustouflants, grouillant d’exotisme et possédant une culture d’une richesse incroyable. Bangkok, une ville cosmopolite, attire le plus grand nombre de visiteurs au pays. Les temples, les plages, les lieux historiques, etc. sont au menu de bien des touristes séjournant dans ce pays. Cependant, la Thaïlande est secouée par des coups d’État militaires, ce qui rend sa vie politique bien imprédictible. Cela ne semble pas préoccuper pour autant les visiteurs étrangers. Comment expliquer que la Thaïlande connaît un succès touristique relativement constant, et ce, malgré une situation politique instable?

Le tourisme thaïlandais est tout aussi populaire année après année. Les stations balnéaires, le climat tropical, la nourriture locale, la culture, le mélange de modernité et de tradition, les prix abordables, etc. attirent les visiteurs en grand nombre. Avec plus de 32 millions de visiteurs en 2015, elle accueille un nombre d’arrivées exponentiel (Banque mondiale).

 

 

De bouche à oreille : le succès touristique d’un pays sous tension

Selon une étude d’Ingram, de Tabari et de Watthanakhomprathip, la popularité d’une destination est un des choix qui conduit les potentiels touristes à choisir une destination, que ce soit conscient ou non. D’après la pyramide de Maslow, qui indique les besoins fondamentaux des êtres humains, on retrouve au premier niveau l’accomplissement de soi, et en troisième le besoin d’appartenance. Le fait de choisir une destination qui semble être approuvée par un grand groupe de personnes répond à ces deux besoins humains fondamentaux (Ingram, Tabari et Watthanakhomprathip 2013, 100). De plus, dans l’étude, les auteurs remarquent que la publicité négative a pour effet de faire baisser les prix : les billets d’avion soldés, des promotions d’hôtels, des forfaits de voyage, etc. À la base, le coût de la vie en Thaïlande est déjà peu élevé, alors les aubaines attireraient encore plus de touristes. Puis, pour un pays comme la Thaïlande, qui a une réputation touristique bien établie, les côtés et les avis positifs l’emportent souvent sur la presse négative (Ingram, Tabari et Watthanakhomprathip 2013, 101). La seule année où la Thaïlande a été plus affectée par ses problèmes de crises intérieures serait en 2014, où le coup d’État opposant les militaires à l’ex-président Thaksin Shinawatra, menant à une baisse d’un peu moins de 2 millions de visiteurs (Banque mondiale). Les soldats armés circulaient dans les rues de jour comme de soir, et les images faisant le tour des médias n’avaient rien de rassurant (Leggett 2014). L’année suivante, le tourisme reprit de plus belle, ce qui prouve que la Thaïlande a une image déjà définie aux yeux des touristes internationaux.

Le tourisme sexuel en Thaïlande

La Thaïlande est un pays reconnu à travers le monde pour son industrie du sexe. Comme le gouvernement sait que cette industrie est fructueuse et plutôt populaire auprès des touristes, il protège de manière indirecte ce secteur de l’économie. Certains parlent même d’État-proxénète, car ces migrations d’étrangers qui viennent pour visiter leur maîtresse génèrent des revenus. La mondialisation affecte les différents groupes vivant à l’intérieur même du pays. En effet, les travailleuses du sexe viennent de d’autres États, mais il y a également des migrations entre les régions rurales et les grandes villes (Formoso 2001, 57-58). Ces étrangères qui deviendront de futures travailleuses du sexe verront la Thaïlande comme étant un État prospère. De ce fait, elles verront une occasion de se trouver un emploi pour faire de l’argent afin de l’envoyer à leur famille (Documentaire Prostitution et tourisme sexuel aux Philippines). À l’heure de la mondialisation, ces femmes à la recherche d’emploi ne rencontreront pas d’obstacles dans leur passage vers la grande ville : les prostituées sont assez demandées, afin de répondre à une demande qui continue d’affluer vers la Thaïlande. Le tourisme sexuel est désormais considéré comme étant un loisir, et les gens se déplaçant pour profiter de ces services nourrissent le flux croissant de visiteurs. « Dans un tel contexte, la migration des travailleuses du sexe constitue une forme d’entrepreneuriat comparativement réduit qui, peut-être ironiquement, reflète les mouvements à grande échelle des capitaux mondiaux qui l’ont engendrée. Là encore, cette migration d’hommes reflète le flux transfrontalier de capitaux lié au tourisme de masse » (Robinson 2002, 42-43). La popularité de ce secteur touristique est difficile à calculer en chiffres, mais le fait que le gouvernement surveille de près les activités de ce secteur et que l’industrie est de plus en plus reconnue et financièrement prospère, confirme bien que le tourisme sexuel constitue à lui seul un pourcentage non négligeable des touristes venant visiter la Thaïlande. « Le tourisme international, s’il n’est pas à l’origine des salons de massage et des maisons de prostitution, leur a donné une sorte de consécration et de généralisation commerciale » (Michel 2003, 2).

 

Conclusion

En conclusion, l’impact de la mondialisation du tourisme en Thaïlande a pour effet de maintenir une certaine constance quant au nombre d’arrivées. La réputation paradisiaque du pays et la « spécialisation » dans l’industrie du sexe sont deux facteurs qui distinguent la Thaïlande des autres pays de l’Asie du Sud-Est en matière de tourisme. Malgré les coups d’État, les étrangers ne s’abstiennent pas de rendre visite à la Thaïlande, sachant que les avantages primeront sur les inconvénients.

 

 

Bibliographie

Banque mondiale. Tourisme international, nombre d’arrivées : Thaïlande. En ligne. http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/ST.INT.ARVL?locations=TH (page consultée le 18 juin 2017).

Banque mondiale. Tourisme international, rentrées ($ US courants). En ligne. http://donnees.banquemondiale.org/indicator/ST.INT.RCPT.CD?locations=TH (page consultée le 18 juin 2017).

Formoso, Bernard. 2001. Corps étrangers1 :« Tourisme et prostitution en Thaïlande ». Tourisme et sociétés locales en Asie Orientale 25 (no 2) : 55-70.

Ingram, Hadyn, Saloomeh Tabari et Wanthanee Watthanakhomprathip. 2013. « The impact of political instability on tourism: case of Thailand ». Dans Research Gate. En ligne. https://www.researchgate.net/publication/264238848_The_impact_of_political_instability_on_tourism_case_of_Thailand (page consultée le 19 juin 2017).

Leggett, Theo. 2014. « Thai coup prompts warnings to tourists ». Dans BBC. En ligne. http://www.bbc.co.uk/news/business-27539538 (page consultée le 19 juin 2017).

Michel, Franck. 2003. « Le tourisme sexuel en Thaïlande : une prostitution entre misère et mondialisation ». Théoros Revue de recherche en tourisme 22 (no 1) : 1-16.

Pariona, Amber. 2017. « The Most Visited Countries In Asia And The Pacific ». Dans World Atlas. En ligne. http://www.worldatlas.com/articles/the-most-visited-countries-in-asia-and-the-pacific.html (page consultée le 20 juin 2017).

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