Urbanisation, pauvreté et vulnérabilité à Jakarta

Par Samantha Julien

 Des séismes aux sécheresses, en passant par les éruptions volcaniques et les inondations, l’Indonésie fait face à plusieurs menaces de catastrophes naturelles. Bien que les bâtiments de nos jours soient construits pour se montrer résistants à ces possibilités, les populations plus pauvres restent tout de même vulnérables face à ces menaces. Il importe donc pour le gouvernement de trouver des solutions afin de venir en aide à sa population la plus fragile. Comment expliquer le développement rapide de Jakarta ? Comment les populations pauvres doivent-elles s’organiser ? Tout d’abord, il est important de voir la croissance démographique importante que connait Jakarta afin de comprendre comment les populations s’organisent. Aussi, un portrait de la situation des pauvres et des initiatives gouvernementales permettent de saisir dans quel contexte ceux-ci doivent vivre.

 

1. Jakarta vue la nuit. L’image reflète bien le côté très moderne de la ville.

 Jakarta, un portrait

Jakarta est l’une des plus grandes villes du monde, ce qui l’expose à plusieurs problématiques. De nos jours, la région métropolitaine compte plus de 30 millions de personnes –en incluant la région Jabodetabek, ce qui en fait la plus grande ville d’Asie du Sud-Est (Cybriwsky et Ford 2001, 199). Il s’agit d’une mégalopole qui embrasse à la fois les bénéfices, mais également tous les défis que la mondialisation et l’urbanisation peuvent créer. D’un côté, la ville se développe rapidement et attire des investissements, de l’autre elle est prise avec ces problèmes environnementaux, d’emplois, ou encore de surpopulation (Cybriwsky et Fort 2001, 199). Une agglomération aussi grande est séduisante pour les jeunes en quête d’aventures ou pour les opportunités économiques qu’elle peut offrir.  Ainsi, c’est de 200 000 à 250 000 personnes qui sont venues s’y installer entre 2002 et 2004 seulement (Banque Mondiale 2011, 24). Conséquemment, le gouvernement local doit prendre des mesures adéquates relativement à l’urbanisation afin d’éviter les effets néfastes d’une croissance trop rapide.

             De plus, Jakarta est considérée comme l’une des villes les plus vulnérables face aux catastrophes naturelles. Le gouvernement local n’étant pas très conscient des risques impliqués, il y a donc un manque de gestion à ce niveau (Firman et al 2011, 372). Il devient ainsi essentiel de renforcir les agences locales afin que celles-ci puissent devenir plus efficaces dans la gestion de crises. La ville est particulièrement sensible à tout ce qui concerne l’eau, notamment les inondations (Firman et al 2001, 372). La ville de Jakarta a été frappée par deux grandes inondations, la première en 2002 et la seconde en 2007. Dans le cas de la dernière, c’est 430 000 personnes qui se sont retrouvées sans domicile et 80 personnes en sont décédées (Steinberg 2007, 360). La mauvaise gestion de la crise a fait s’envenimer l’opinion publique par rapport au gouvernement et au manque de mesures.

 

2. Les Kampungs à Jakarta.

Jakarta, ville de kampungs

L’urbanisation à Jakarta, mêlée à une croissance démographique incontrôlée, crée des environnements vulnérables pour les populations plus pauvres. Des études suggèrent que c’est 312 280 personnes qui vivraient sous le seuil de la pauvreté, à savoir moins de 1,23$US par jour, à Jakarta seulement (Banque Mondiale 2011, 19). Toutefois, plusieurs des populations pauvres sont sans papiers, faisant en sorte que leur nombre pourrait être encore plus grand. Évidemment, ces personnes n’ont pas les moyens de s’offrir un logement adéquat et se retrouvent donc dans des bidonvilles. Jakarta est considérée comme étant une ville de kampungs, qui traditionnellement sont des villages clos, mais qui dans ce cas-ci font office de quartiers pauvres et délabrés. Généralement, les habitations sont pauvrement construites et y sont insalubres. C’est environ 60% de la population urbaine qui réside dans ces kampungs, ce qui démontre le développement incontrôlé que connait la ville (Steinberg 2007,356). Il s’agit d’une réalité qui existe depuis des décennies et les compagnies d’aménagements se retrouvent au centre de conflit lorsqu’elles désirent relocaliser les populations afin de bâtir sur leurs habitations. Déjà dans les années 80, le Kampung Improvement Program (KIP) visait à améliorer les conditions de vie, mais la crise financière est venue compromettre les plans (Steinberg 2007, 358). Ainsi, les pauvres vivent dans des conditions pratiquement similaires à celles de plusieurs décennies.  Ainsi, vivre dans de telles conditions les rends vulnérables aux catastrophes touchant Jakarta.

3. Les inondations représentent une réelle menace pour les populations pauvres de tout perdre.

 Les populations pauvres de Jakarta font face à des défis socio-économiques plus grands lors des catastrophes naturelles. Cela signifie qu’en cas de crise, elles se retrouvent dans un état de stress important pouvant s’expliquer par des changements environnementaux, politiques, économiques (Firman et al 2011, 374). Ces changements ont souvent comme conséquences de les appauvrir encore plus. Ainsi, les grandes inondations de 2002 et 2007 sont particulièrement dangereuses, car les populations n’ont pas d’autres endroits où aller et la pauvre qualité de construction faite en sorte qu’elles perdent toutes leurs possessions. De plus, dans le cas de Jakarta, la plupart des kampungs sont faits près de rivières, de canaux ou de réservoirs (Banque Mondiale 2011, 23).  Les pauvres sont donc vulnérables sur deux plans : physiquement, conséquemment à leurs lieux de résidences et socioéconomiquement puisque leurs occupations sont liées à des zones à risques.

             Il y a donc une urgence de solidifier les institutions qui s’occupent de gérer les crises et les politiques. Plusieurs actions peuvent aider à la situation de pauvres à Jakarta, telle que les activités de sensibilisations, une amélioration de la gouvernance, des plans adaptés aux inondations, etc.

 

 

Bibliographie

 

Banque Mondiale. 2011. « Jakarta : Urban challenges in a changing climate ». En ligne. http://documents.worldbank.org/curated/en/132781468039870805/pdf/650180WP0Box360ange0Jakarta0English.pdf (page consultée le 10 juin 2017).

Cybriwsky, Roman et Larry R. Ford. 2001. « City profile : Jakarta ». Cities 18 (no3): 199-   210.

Firman, Tommy et al. 2011. « Potential climate-change related vulnerabilities in Jakarta: Challenges and current status ». Habitat international 35 : 372-378.

Steinberg, Florian. 2007. « Jakarta: Environmental problem and sustainability ». Habitat  international 31: 354-365.

 

Iconographie

 

  1. http://www.indonesia.travel/fr/destination/area/jakarta
  2. https://www.merdeka.com/jakarta/jokowi-janji-bedah-28-kampung-kumuh-di-jakarta.html
  3. http://www.reuters.com/article/us-sealevel-subsidence-jakarta-sr-idUSKBN0K016S20141222

 

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