Singapour : une régime démocratique autoritaire, mais durable

Par Judith Cavallo

Singapour est un petit pays très diversifié au sud de la Malaisie « divisé en 27 municipalités » (Perspective Monde 2016). En effet, le territoire se trouve être très cosmopolite, « on y parle le malais, le mandarin, l’anglais et le tamoul » et « la population est de confession bouddhiste, taoïste, chrétienne ou musulmane. » (Perspective Monde 2016). De plus, c’est un petit pays qui a connu un développement économique très important ces dernières années. Il a longtemps fait partie du Commonwealth britannique, pour ensuite se joindre à la Fédération de la Malaisie. Le pays proclamera son indépendance en 1965.

Côté politique, Singapour maintient une stabilité depuis son indépendance. Cependant, il est important de noter que la vie politique singapourienne est dominée depuis un certain temps par le même parti politique, le Parti d’action populaire (PAP).

Nous nous demanderons alors, pourquoi Singapour s’avère être réellement une démocratie solide malgré la domination du PAP ?

Nous procéderons donc de la sorte : nous verrons, dans un premier temps, pourquoi le PAP est le parti qui domine, puis nous analyserons la conception de la démocratie singapourienne et les changements qui s’opèrent au sein du régime politique.

La domination du PAP

Le PAP a vu le jour en 1954 et avait pour but ultime de promulguer un jour l’indépendance du pays. Depuis maintenant 1959, le PAP détient la majorité à l’Assemblée et est dominant au sein des gouvernements successifs, le parti contrôle alors le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Le PAP a cependant su maximiser le développement économique, politique et social, ce qui a permis à Singapour de devenir un État moderne en moins d’un demi siècle. On peut expliquer l’hégémonie du PAP suivant plusieurs facteurs significatifs.

En effet, comme nous avons vu ci-dessus, le parti politique a su apporter beaucoup de nouveauté et de progrès au pays qui lui ont permis une avancée nécessaire. En plus d’avoir développé une croissance économique importante au sein du pays, le PAP reflète une grande diversité ethnique de Singapour, notamment à travers sa composition de la députation et des gouvernements.  De plus, le PAP s’appuie sur la majorité des chinois conservateurs, après avoir éliminé les communistes, dont l’idéologie est dominée par les valeurs du confucianisme et du capitalisme. Le parti contrôle la société civile grâce à un réseau d’organisations populaires et a instauré un régime d’État Providence généreux. Il faut tout de même savoir que l’opposition demeure faible et divisée au sein du pays, cela peut s’expliquer par le fait que les pays se forment sur des bases ethniques (Éthier 2017).

Cependant, avec cette domination d’un seul parti politique, Singapour peut être considérée comme une autocratie. En effet, Larry Diamond, « a décrit Singapour comme une autocratie élue qui organise des « élections sans démocratie » (Singh 2011). Les régimes autocratiques sont en phases de disparition, cependant, ce n’est pas le cas pour l’État singapourien où l’hégémonie d’un seul parti existe toujours.

De ce fait, il est compliqué d’affirmer que Singapour est entièrement une démocratie avec une réelle compétitivité entre les différents partis. D’un autre sens, le régime politique relève tout de même des caractéristiques démocratiques.

La démocratie singapourienne

En effet, le gouvernement singapourien n’est pas un régime totalement autoritaire même si certains agissements nous le font penser. Le gouvernement du pays a une conception particulière de la démocratie. De ce fait, la stabilité politique est primordiale et passe avant la diversité des partis politiques, pour citer Lee Kuan Yew : « aucun dirigeant singapourien ne peut se permettre de faire passer la théorie politique avant les besoins concrets de stabilité et de progrès méthodique » (Singh 2011). Cependant, même si la diversité politique ne prime pas au sein du pays, le gouvernement, soit le PAP, a entrepris « une série de mesures qui semblent aller dans le sens d’un assouplissement des contrôles politiques établis de longue date et qui ont donné à Singapour l’image d’un État autoritaire ou d’un État où règne une démocratie illibérale » (Singh 2011). C’est toutefois quand le PAP perd un certain nombre de vote que le pays se tourne de plus en plus vers une démocratie totale.

La domination d’un seul parti à Singapour est la cause principale d’une lente démocratisation du système politique. Cependant, le PAP perd de plus en plus de légitimité auprès des électeurs et le relâchement du contrôle politique mène à une transition vers la démocratie. Par exemple, le pays a adopté plus récemment « un style de gouvernement plus consultatif, qui exprime, par exemple, plus explicitement les positions officielles sur diverses politiques » (Singh 2011).

 

Pour conclure, Singapour n’a pas encore adopté un régime politique totalement démocratique, nous pouvons encore le qualifier de régime « semi » autoritaire. Cependant, de nombreux changements sont en train de s’installer petit à petit au sein du pays, et ces derniers pourraient mener à long terme à une démocratie relativement stable.

 

Bibliographie

Perspective Monde. 2016. « Singapour ». Lettres et sciences humaines. Université de Sherbrooke. En ligne. http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/pays/SGP/fr.html (page consultée le 12 juin).

MAUZY Diane K. et R.S. MILNE. 2000. Singapore Politics under the People’S Action Party, Londres, Routledge, 2000

Bilveer, Singh. 2011. « Singapour – Maintenir l’équilibre entre la prospérité, la croissance sociale et la démocratisation graduelle » Dans        Revue internationale de politique comparée. De Boeck Supérieur. Vol 18. Pp 105-122. En ligne. https://www.cairn.info/revue-internationale-de-politique-comparee-2011-1-page-105.htm (page consultée le 12 juin)

 

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