Le mouvement féministe en Asie du Sud-est : Les phillipines

Par Maria Kapelewski

De nos jours, le combat pour l’égalité est un mouvement présent partout autour du monde, quel que soit le sujet de la protestation : racisme, droit de liberté d’expression, combat des minorités, égalité homme/femme etc … Ces combats sont également très présent dans la région de l’Asie du Sud-Est, d’autant plus qu’ils sont très fortement liés à leur passé historique. Dans ce blogue, nous nous intéresserons au mouvement féministe en Asie du Sud-Est. Comment ce(s) mouvement(s) ont-ils été créés? Est-ce un seul mouvement commun pour toute la région, ou bien plusieurs très distincts selon chaque pays? Quel(s) lien(s) y-a-il avec l’histoire coloniale? Comment se distingue-t-il des mouvements féministes d’Occident? Quels impacts ce mouvement a-t-il créer et qu’en est-il aujourd’hui? À travers 5 pays de cette région, nous irons voir ce que le mouvement féministe était, et ce qu’il est maintenant.

Dans ce premier billet, nous nous pencherons sur les Philippines. Grand pays de la région, il comptabilise 83 millions d’habitants pour 300 000 km². C’est également un des premiers pays rencontrant la colonisation, dite « première colonisation », uniquement à but commercial, afin de créer des points de repères commerciaux dans la région. Les Espagnols sont les principaux premiers colonisateurs de cette région. C’est également le premier pays de la région à avoir déclaré son indépendance, même si elle n’a durée en somme que 3 mois, en 1898. Un fort mouvement nationaliste est en place, tout au long de la période, et se renforce avec l’arrivé des Américains. L’indépendance réelle est obtenue en 1934, avec l’acte de Tydings-McDuffie signé par les États-Unis et les Philippines. Le premier président est élu en 1935.

Si l’on regarde l’histoire du mouvement féministe philippin, on peut voir qu’il remonte déjà à la période coloniale espagnole, où le pouvoir en place se concentre sur une société masculine et forte. Même en 1898, la présence américaine ne fait que renforcer cette inégalité homme/femme, et donc créer une situation d’urgence pour les femmes pour y répondre. Nombreux sont les problèmes présents aux Philippines, surtout pour les femmes : dur labeur dans les usines et les champs, peu de médications et d’accès aux soins, malnutrition, violence entre les femmes, tourisme sexuel et viols militaires, etc … Un mouvement s’est créé et confirmé depuis environs 20 ans. En 1905, on peut assister au premier mouvement féministe : « Asociacion Feminista Filipina », pour dénoncer une culture bien trop patriarcale. Les buts de cette organisation étaient limités, mais déjà engageaient pour l’égalité, notamment pour l’amélioration de l’éducation Le 30 avril 1937, après un vote massif de la population féminine philippine, le droit des femmes de voter est obtenu après avoir largement atteint et dépassé le quota requis.

Dans les années 60 nait le premier mouvement révolutionnaire des femmes, Makibaka (Combattre en filipino). L’organisation essaie de stimuler les efforts aussi bien dans les parties rurales et urbaines des Philippines. Déclarée illégale, et forcée de se cacher en 1972, à cause de la loi martiale de Ferdinand Marcos, elle continue d’agir tant bien que mal. En 1984 est créée l’organisation « «GABRIELA »1, en l’honneur de Gabriela Silang, qui a combattu durant le 18eme siècle pour la libération. Il regroupe un grand nombre de femmes nationalistes à travers tout le pays. Des associations comme PILIPINA (également une grande organisation féministe) en font partie .

En 1985 sort le « Filipino Women’s Manifesto », expliquant la crise nationale et féminine, et détaillant les problèmes étrangers, économiques, politiques menant à cette situation. La situation était tout autant similaire sous le régime de Marcos que sous Aquino.

Un des objectifs majeurs des mouvements féministes philippins est l’éducation, son accès à toutes et à tous ainsi que son amélioration, pour pouvoir éduquer également chaque femme philippine si elle le souhaite, pour qu’elle ne soit plus forcée de rester à la maison seulement comme femme au foyer. Même si le rôle de l’éducation est strictement réservé à la mère de la maison, la famille ne peut pas s’instruire correctement et ainsi recevoir les éléments nécessaires pour pouvoir être insérée dans la société. Une bonne éducation permet d’instaurer dès le départ une égalité entre hommes et femmes sur tous les niveaux. Les études démontrent également qu’il y a plus de femmes que d’hommes enseignant dans le système d’éducations philippin. On peut voir de nos jours que ce sont également les femmes qui vont le plus à l’université et qui réussissent le mieux leurs études.

On peut voir que les Philippines se sont battues tout au long de l’histoire pour leurs droits, en tant que femmes, que ce soit pour le droit de s’exprimer ou de s’éduquer. Ce fut un des premiers mouvements féministes en Asie du Sud-Est et qui plus est, la société d’aujourd’hui est désormais considérée comme une des sociétés les mieux reparties et égales en matière de genre.

1 General Assembly Binding Women for Reforms, Integrity, Equality, Leadership and Action


BIBLIOGRAPHIE

A companion to gender history

edited by Teresa A. Meade and Merry E. Wiesner-Hanks

Oxford : Malden, MA : Blackwell Publishing c2004

The Women’s Movement in the Philippines

Dorothy Friesen

Published by:  The Johns Hopkins University Press

Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4315962

Role of Women in Philippine Society Filipino Women and Feminism

G. Fitzsimmons

LifePaths 360

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