La Malaisie: entre enjeux économiques et revendications territoriales en mer de Chine méridionale

QUINZHOU

Par Raluca Stanescu

Le présent texte cherche à exposer la position de la Malaisie face aux disputes territoriales en mer de la Chine méridionale, qui appuie une solution multilatérale, sans ébranler les solides rapports de coopération avec la Chine.

Tigres émergents de l’Asie de Sud-Est et membre fondateur de l’ASEAN, la Malaisie a connu ces dernières décennies, une ascension économique et sociale remarquable. Ce succès à ses racines dans un investissement des revenus d’exploitation pétrolière, dans la diversification habile de son économie ainsi que dans le développement des infrastructures. Le pays poursuit par une habile diplomatie son objectif de développement en vue d’atteindre jusqu’en 2020, le statut de pays développé, (Jammes et Robinne 2014, 257). La Malaisie est la deuxième puissance économique de l’ASE, avec un PIB qui, d’après les statistiques était de 312.4 billions de dollars US, en 2013, (CIA, 2013).

Dans ce contexte, le gouvernement malais favorise une politique d’extension des relations bilatérales et multilatérales, dont celles avec la Chine occupent une place centrale. La poursuite des objectifs ambitieux favorise la diversification des rapports entre les deux pays. En 2013, deux parcs industriels ont été mis en fonction à Quinzhou (5500 ha), province du Guangxi (Chine-Malaisie) et à Kuantan, État du Pahang, (MCKIP, 600 ha), (Jammes et Robinne 2014, 257). Présentement, la RPC est le premier partenaire commercial de la Malaisie; « ses exportations à destination de la Chine sont passées au-dessus des exportations vers les partenaires traditionnels, et ce en 2008 précisément. Derrière les flux d’échange commerciaux se noue tout un faisceau de liens économiques et politiques qui s’affermissent au fil des mois. » (Lafaye de Micheaux, 2014)

Dans le contexte des revendications territoriales en mer de la Chine méridionale, les deux pays ont choisi un ton diplomatique doux et tolérant sans empiéter sur leurs relations économiques, qui représentent la base des rapports entre Kuala Lumpur et Pékin. La Malaisie ne cherche pas à faire un point central de la situation en mer de la Chine et laisse les différends à l’écart de nombreux projets de coopération économique qui occupent le centre d’intérêt des deux gouvernements.

En plus de favoriser de bonnes relations avec une Chine omniprésente dans la région, la Malaisie prend une voie médiane à l’ occasion des disputes maritimes en mer de la Chine méridionale, offrant support aux dialogues bilatéraux entre la Chine et les autres pays concernés, elle-même revendiquant la souveraineté sur plusieurs iles dans les Sud de l’archipel Spratly et Paracels, qui se trouvent sur son plateau continental, cconformément à la loi sur la zone économique exclusive (Malaysia’s Exclusive Economic Zone Act 1984). Même si il revendique des possessions dans les iles Spratly et Paracels, le gouvernement malais protège ses relations avec la République populaire. Il semble plutôt concerné par le danger géopolitique que ces disputes pourraient engendrer. C’est pourquoi au sein de l’ASEAN, le gouvernement malaisien adopte une stratégie conciliante, offrant son support pour le dialogue constructif autour des disputes en Mer de la Chine. Également, il salue les initiatives chinoises de dialogue bilatéral avec les pays dont les intérêts en mer de la Chine méridionale se superposent à ceux du Pays du milieu.  Selon Mouhyiddin, Vice-Premier Ministre du pays,  « La Malaisie est d’avis que les discussions avec la Chine sur la question de chevauchement des revendications doivent être effectuées après que les autorités ont mis au point un cadre de base sur les demandes fondées sur des faits, le droit et l’histoire. »  Il a ajouté, « Nous croyons que les négociations entre les demandeurs de l’ASEAN sont importantes. » (Notre traduction, Thayer, Carlyle A., 2011)

L’appétit de la Chine pour l’énergie intensifie la course pour l’exploitation des ressources de la région. Si la Malaisie se montre favorable aux solutions bilatérales des disputes territoriales en mer de la Chine, elle fait entendre sa voix au sein de l’ASEAN en faveur d’une coopération multilatérale nécessaire pour assurer la stabilité de la région.

Mais pour la Malaisie, comme pour les autres pays qui se disputent une partie des formations insulaire en mer de la Chine méridionale, le besoin de renforcer l’équilibre des forces de la zone est tangible. Bien que les relations sino-malaisiennes reste positives, la montée de la tension en mer de la Chine méridionale impose des ajustements. En 2009 la Malaisie dépose une plainte officielle conjointe avec Vietnam à la CLCS, contestant la ligne de démarcation de « 9 traits » que la Chine réclame comme limite de sa souveraineté sur la mer méridionale. (Thayer, Carlyle A. 2011, 8)

Comme le Vietnam et les Philippines, la Malaisie, même si d’une manière plus discrète, se place en faveur d’un ajustement du rapport de forces en région. Si le poids des relations économique malaisiennes gravite autour de la Chine, pour sa stratégie de défense, ça va tout autrement. En se gardant discrète et apparemment neutre, la Malaisie n’hésite pas se rapprocher des États-Unis. « Depuis 2011, les Malaisiens participent par exemple plus directement qu’auparavant aux exercices militaires menés par les US dans le Pacifique ; ils sont passés du statut d’« observateur » à celui d’« acteurs ». De même, les visites de la flotte navale américaine dans les ports malaisiens sont de plus en plus nombreuses ces dernières années. » (Lafaye de Micheaux, 2014)

On peut donc dire que la Malaisie, cherche à combler sa stabilité économique et politique en misant sur une stratégie à multiples facettes. « Ce qui est certainement à noter, selon N. Fau, est le jeu d’équilibriste sans cesse maintenu entre les liens avec les USA et la Chine. » (Lafaye de Micheaux, 2014)  En gardant une position impartiale, elle joue le rôle de principal partenaire économique de la Chine en ASE, de médiateur face aux enjeux en mer de la Chine méridionale et d’allié militaire discret pour les États-Unis, un mélange idéal de tous les ingrédients géostratégiques présentes en région.

Bibliographie

CIA. 2013, En lige. https://www.cia.gov/index.html (page consultée le 10 novembre 2014)

Jammes, Jeremy et François Robbine dir. 2014. « L’Asie de Sud-Est 2014. Les évènements majeurs de l’année » Collection documents Paris (France) : IRASEC

Jianwei, Li. 2014. « Managing Tensions in the South China Sea: Comparing the China-Philippines and the China-Vietnam Approach » S. Rajaratnam School of International Studies Singapore. RSIS Working Paper: no.273

Lafaye de Micheaux, Elsa. 2014. « Chine-Malaisie (vue de Malaisie) : menace ou relation consensuelle inscrite dans la continuité ? » Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs. Paris : 15 (printemps)

Thayer, Carlyle A. 2011. « China’s New Wave of Aggressive Assertiveness in the South China Sea». CSIS. Washington, D.C.: 20‐21 (juin)

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