Le triste destin des Hmong au Laos.

Par Johanna Durget.
En 1945 le Laos proclame pour la première fois son indépendance sous l’occupation japonaise, indépendance qui ne sera effective qu’en 1949 avec le retour des Français au sein de l’Union Française.
Plus tard en 1954, et conformément aux accords de Genève, les Français quittent le pays disputé entre les neutralistes, les communistes (Phatet Lao) et les conservateurs. Le Laos sera par la suite déchiré par le conflit vietnamien qui prendra fin en 1975 avec la prise de pouvoir du Phatet Lao, le parti communiste. Dès lors, la République Démocratique Populaire sera installée au Laos, mettant fin à la monarchie.

Le Laos, « royaume au million d’éléphants », est le pays le plus hétérogène de l’Asie du Sud-Est. Il compte 130 ethnies, sous-ethnies, et clans ce qui fait de lui le pays comportant le plus de minorités parmi ses États voisins immédiats (Birmanie, Thailande, Cambodge et Vietnam) [1]. Le gouvernement laotien a par ailleurs recensé 49 ethnies en 1989 dont celle des Hmong, qui représente 7,4% de la population laotienne [2].

Carte du Laos

La communauté autochtone des Hmong, ethnie originaire de la Chine méridionale, fait l’objet d’une politique de persécution et d’oppression depuis la prise de pouvoir du parti communiste, le Phatet Lao, en 1975. Pour comprendre cette discrimination il nous faut remonter à la guerre d’Indochine où les Hmong se sont rangés du côté des français et par la suite auprès des Américains.

Quelles sont ainsi les raisons et conséquences de cette persécution envers les Hmong? D’autre part, quelle est l’attitude des autres acteurs sur la scène internationale et plus précisément du gouvernement français?

Le peuple Hmong est un peuple de montagnards et de trafiquants dans les montagnes du Nord du Vietnam, coincés à la frontière du Laos et de la Chine. C’est le cinquième groupe ethnique en terme d’individu parmi les 56 nationalités de Chine et le recensement chinois estimait leur nombre a près de neuf million en 2000 [3] . L’origine historique des Hmong n’est pas entièrement certaine. Toutefois ce peuple a principalement occupé le centre de la Chine avant de se faire repousser de plus en plus par les Chinois pour finalement s’installer plus au sud du pays. La dispersion des Hmong s’est faite par l’incidence de guerres, rébellions et défaites et au début du XIXème siècle, des Hmong franchirent la frontière sino-laotienne et s’installèrent dans les montagnes du Laos, attirés par la culture du pavot et la production d’opium.

Hmong village

La persécution et haine à laquelle ils feront face dès 1975 et jusqu’à encore aujourd’hui sont principalement la conséquence de leur participation à deux guerres, la guerre d’Indochine et la guerre du Vietnam.

Lors de la guerre d’Indochine qui se déroula de 1946 à 1954, même si une mineure partie du peuple Hmong se lia à la cause de Vietminh, la majorité d’entre eux se rallièrent aux Français. La deuxième guerre qui engagea l’aide du peuple Hmong est celle du Vietnam de 1955 à 1975 qui opposa d’une part la République démocratique du Viet Nam et le Front national du Sud du Viet Nam, mais cette fois-ci l’aide fut portée auprès des Américains.

Ces agissements ont été perçus comme un acte impérialiste ou du moins comme une menace pour le gouvernement Laotien. Les conséquences sociales de ces participations aux guerres furent importantes et tournées vers la discrimination. Les Hmong ont été socialement rejetés et considérés comme des traitres envers le gouvernement laotien.

Traqués dans les montagnes laotiennes, les Hmong qui étaient au nombre de 300 000 ressortissants dans les années 60 ne sont qu’à seulement 8 000 au jour d’aujourd’hui.

D’autre part, la réaction internationale face à cette oppression abusive n’en est que moindre. Dans la grande majorité des cas, la situation de condition de vie déplorable de la population Hmong est bien trop méconnue. Obligés de fuir puisque pourchassés, ils sont contraints d’êtres nomades. Dans les campagnes du Laos, la moitié des enfants de moins de cinq ans ne reçoivent pas une alimentation suffisante, et cela est pire encore dans les régions plus isolées [4], comme dans les montagnes du Laos.

L’impossibilité d’action des organisations non gouvernementales et de l’ONU provient du fait que l’armée laotienne bloque le passage de la montagne Xieng Khuang. Plus encore, la situation tente d’être dissimulée par les autorités communistes sur place.

L’accès étant impossible, presque aucun reportage n’a pu être réalisé afin de dénoncer ouvertement et sur la scène internationale cette situation outrageuse. Seulement en 2003, Philip Blenkinsop a bravé les interdictions imposées par le gouvernement laotien pour partir à la rencontre des derniers résistants Hmong. Il a remporté en 2004 le World Press avec son reportage intitulé « La guerre secrète au Laos » [5].

La situation du peuple Hmong est toujours d’actualité et dure depuis une trentaine d’années déjà. De lourdes critiques sont portées à l’effet que, malheureusement, cette situation est plus ou moins ignorée par les acteurs de la scène internationale et plus précisément par le gouvernement français.
Certains hommes politiques discutent et sont conscients de la situation au Laos :

« La France a profité de l’aide des Hmongs lors de la guerre d’Indochine, il est donc de notre devoir aujourd’hui de leur apporter aide, assistance et dignité humaine » (Michel Zumkeller, député U.M.P. du Territoire-de-Belfort) [6]

La critique qui leur est ainsi faite est qu’aucune action véritable n’est donnée pour porter secours aux Hmong.

Références

[1] Axl Cefan. Laos. En ligne. http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/Laos.htm (page consultée le 12 novembre 2014).

[2] Unblog. Hmong. En ligne. http://hmong.unblog.fr/les-hmongs-presentation-dun-peuple/ (page consultée le 1er novembre 2014).

[3] Unblog. Les Hmong. En ligne. http://hmong.unblog.fr/les-hmongs-presentation-dun-peuple/ (page consultée le 29 octobre 2014)

[4] Amnesty international. Laos, Rapport 2010. En ligne. http://www.amnesty.org/fr/region/laos/report-2010 (Page consultée le 3 novembre 2014)

[5] Courrier international. Pour les Hmong la guerre du Vietnam n’est pas finie. En ligne. http://www.courrierinternational.com/article/2009/02/19/pour-les-hmongs-la-guerre-du-vietnam-n-est-pas-finie (Page consultée le 27 octobre 2014).

[6] Agoravox. Le triste destin de certains Hmong au Laos. En ligne. http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-triste-destin-de-certains-4467 (Page consultée le 2 novembre 2014)

Bibliographie

Agoravox. Le triste destin de certains Hmong au Laos. En ligne. http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-triste-destin-de-certains-4467 (Page consultée le 2 novembre 2014).

Amnesty international. Laos, Rapport 2010. En ligne. http://www.amnesty.org/fr/region/laos/report-2010 (Page consultée le 3 novembre 2014).

Courrier international. Pour les Hmong la guerre du Vietnam n’est pas finie. En ligne. http://www.courrierinternational.com/article/2009/02/19/pour-les-hmongs-la-guerre-du-vietnam-n-est-pas-finie (Page consultée le 27 octobre 2014).

Goudineau, Yves. 2003. Cultures minoritaires du Laos : valorisation d’un patrimoine. http://unesdoc.unesco.org/images/0013/001309/130985f.pdf

Monnier, Yves. 2004. Cahiers d’Outre-Mer : Notes Laotiennes. Populations montagnardes.

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