Indonésie: De Suharto à la démocratie

Par Amélie Privé

 

Depuis les années 2000, plusieurs pays d’Asie du Sud-est sont reconnus comme étant des pays en émergence. L’un des grands meneurs économiques est l’Indonésie. Cependant, qui dit développement économique, ne dit pas forcément démocratie. En effet, le chemin des îles indonésiennes pour la démocratie fut difficile, puisqu’elles sortent tout juste d’un gouvernement militaire. L’Indonésie s’est de plus libérée très tard de son statut colonial qui l’empêchait de développer sa propre constitution. Malgré la tentative de mise sur pied d’une démocratie, les énormes clivages du pays rendent le gouvernement très instable et les putschs sont considérés comme une solution pour un gouvernement fort. L’armé a, elle aussi, jouée un rôle important dans la réussite ou la défaite de l’implantation de la constitution. Aujourd’hui, même si le régime militaire est tombé, il reste de nombreux défis à la république indonésienne afin de consolider sa démocratie. Nous verrons ici comment l’Indonésie est tombée sous le jouc de Suharto et la manière dont elle s’en est sortie.

Tout d’abord  l’Indonésie a été pendant plus de 300 ans une colonie de la Hollande. Mais c’est seulement après la capitulation du Japon qui occupait ces îles depuis trois ans que son indépendance fut proclamée par le chef du mouvement nationaliste Mohammad Hatta ainsi que Sukarno le  17 aout 1945. Les Hollandais ne reconnaissent pas la nouvelle république et tentent de la reprendre. Pendant ce temps, le pays est déchiré entre les coups des ultranationalistes qui tentent de nombreux putschs et les répressions de l’armée sur les communistes qui étaient accusés de vouloir prendre le pouvoir. En effet ceux-ci sont d’avis que l’Indonésie a besoin d’un État fort, ce que la république n’est pas car elle a dut changer de gouvernement à six reprises entre 1950 et 1959. Après que les États-Unis et l’ONU ait mis de la pression sur la Hollande, celle-ci laissa une partie du territoire tout en conservant l’autre partie. En 1950, l’Indonésie s’unifie et reprend les territoires néerlandais.

Jusqu’à la fin des années soixante, le pays est touché par des vagues de radicalisation. Après les premières élections, les communistes deviennent de plus en plus populaires et cela ne plait pas du tout à l’armée et au gouvernement musulman. En 1965 Suharto prend la tête de l’armée  et assassine les partisans du parti communiste indonésien. Sukarno se voit alors dans l’obligation d’abdiquer et de donner le pouvoir au général Suharto.

Les trente années du pouvoir militaire de Suharto se sont déroulées dans la répression et la violence. En effet, l’armée joue un rôle non seulement militaire mais également politique.[1]Bien que la démocratie ait fait un bout de chemin lors du pouvoir de Sukarno, le recul fut rapide et radical au moment de la prise de pouvoir de la junte militaire. Aussitôt arrivé au pouvoir, celui-ci interdit le parti communiste. Les élections sont conservées mais, bien entendu, elles sont contrôlées par le régime de Suharto qui s’est ainsi maintenu au pouvoir pendant plus de 30 ans (1966-1998).  Ces années sont marquées par de sanglantes répressions contre les musulmans et les communistes. De plus des étudiants ainsi que la classe musulmane menèrent de nombreuses manifestations ainsi que des actes terroristes pour dénoncer et lutter contre la corruption, celles-ci furent également réprimées par l’armée de manière agressive.

Malgré l’essor économique dut à la baisse du prix du pétrole, la crise économique de 1997 toucha l’Indonésie aussi bien que plusieurs autres pays d’Asie du Sud. Les guerres civiles deviennent de plus en plus fréquentes ainsi que les massacres, la corruption et les avantages données aux membres proches du pouvoir et à la famille du dictateur contribuèrent à augmenter les inégalités. En 1998 Suharto démissionna suite aux innombrables émeutes. Cependant, la démocratie n’est pas revenue au même point qu’elle en était au moment de la prise de pouvoir de l’ancien dictateur. Celui-ci désigna l’un de ses ministres et le gouvernement retrouva ses vielles habitudes. En 2001, c’est à Megawati que revient la tâche de reconstruire la démocratie qui commence tranquillement à se consolider si on la compare avec ce qu’elle était jusqu’en 1998.

Il est intéressant de noter que l’Indonésie constitue l’archipel le plus grand au monde. La diversité y est également présente dans tous les aspects de la société. Il y a plus de 200 langues et de nombreuses ethnies. Cela constitue une énorme difficulté pour le gouvernement démocratique car celui-ci doit représenter la population. Plus d’une quarantaine de partis ont été enregistrés lors des élections suivant la chute de Suharto. L’unification nationale du pays est donc difficile, mais la démocratie n’est pas impossible. La place de l’armée a été considérablement réduite et la police est redevenue civiles. Même si la représentation reste imparfaite et que les luttes pour l’indépendance (Timor Oriental) continue de troubler l’ordre, le chemin parcouru est considérable. Cependant, l’image des leaders est priorisé au détriment d’un programme électoral fort et solide qui représente les intérêts de la population.

La démocratie est encore bien jeune en Indonésie. Il reste cependant remarquable de constater les progrès fait vers une consolidation. La possibilité d’un coup d’État est néanmoins présente car l’orientation des partis est d’avantage basée sur le choix du dirigeant que sur une idéologie. Malgré cela, l’Indonésie reste un pays en émergence avec une démocratie en consolidation. La population, comme nous l’avons vu plus haut veut se faire entendre et que les politiques représentent ses intérêts. Il s’agit d’un pas très important dans le développement de la démocratie indonésienne.

Bibliographie

Cayrac-Blanchard, Françoise. Violence contre démocratie en Indonésie. Le monde diplomatique. Archives 1999. P.24-25

Cayrac-Blanchard,  Françoise. Article encyclopédique, Indonésie au XXème siècle

 

Hefner, Robert.W. Muslims and democratization in Indonésia, Civil islam. Princeton university press.2000


[1] Cayrac-Blanchard, Françoise. Violence contre démocratie en Indonésie. Le monde diplomatique. Archives 1999. P.24-25

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