La contribution des «Soldats aux cheveux longs» pour l’émancipation politique du Vietnam

Par Lisa Thuc duyên Hua

Parmi  les plus importantes contributions aux efforts de guerre par les femmes dans l’histoire, celle des Vietnamiennes  est plus qu’honorable. Se joignant aux hommes à la résistance contre  l’occupation dès le début de notre ère; guerrières, espionnes et autres, elles livrèrent  bataille aux Chinois pendant près de 1000ans, aux Français  pendant 100 ans, aux divers occupants durant la Deuxième Guerre Mondiale ainsi qu’aux forces américaines durant la fameuse Guerre du Viêt Nam. Aujourd’hui, en temps de paix, elles participent au soutien socioéconomique  et politique de la nation pour laquelle elles se sont toujours battues.

La notion de participation des femmes aux conflits armés dans la région du Viêt Nam  remonte aussi loin qu’en l’an 39 après JC, avec l’histoire des Sœurs Trung. À une époque où, malgré l’occupation chinoise, les femmes de l’Ancien-Viêt Nam pouvaient jouir d’une importance politique et martiale par le lignage maternel (contrairement à leurs semblables chinoises  qui subissaient l’influence populaire du confucianisme), deux sœurs, Trung Trac et Trung Nhi, soulevèrent le peuple Lac contre l’occupant chinois[1]. L’histoire rapporte qu’elles menèrent bataille avec  brio avec l’aide d’une armée de 80 000 soldats composée d’hommes et de femmes  dont  36 des généraux  étaient des femmes[2].  Même si, quelques temps après l’occupant chinois reconquit les terres disputées, l’exemple de ces deux femmes reste gravé dans les annales  et  musées du pays où leurs mémoires sont  dûment célébrées chaque année.  Elles  représentent  des icônes de résistance et de bravoure nationales et influencèrent sûrement la population  féminine lors des guerres qui survinrent par la suite.

Sous l’occupation française,  le rôle social et politique des Vietnamiennes, qui perdirent leurs privilèges matriarcaux sous l’influence de 1000ans du confucianisme, aurait normalement dû s’affaiblir. C’est le communisme venant du Nord, notamment sous l’influence du Viet Minh (ligue pour l’indépendance du Viêt Nam), qui les poussa graduellement  à s’enrôler dans la résistance contre les français. Leur rôle était limité à celui d’espionnes se prostituant auprès des soldats français à qui elles étaient chargées de transmettre des maladies sexuelles telles que la syphilis[3].

Mais c’est surtout la très médiatisée guerre du Viêt Nam qui propulsa les femmes dans le Nord du Viêt Nam à des rôles infiniment plus actifs. En 1968, Ho Chi Minh, Président de la jeune République Démocratique du Viêt Nam, décida de lancer une vaste offensive contre les forces américaines à la fois dans les campagnes et dans les villes, appelée offensive du Têt. Cette offensive se solda par l’échec des Viet Cong (communistes du Nord du Viêt Nam) qui subirent de lourdes pertes[4]. Ho Chi Minh et les officiels communistes réalisèrent l’importance d’augmenter le nombre de leurs troupes.

Fervent adepte de Engels, Ho Chi Minh se souvint sans doute des pensées de son Maître.

Engels disait en effet que:

Si une femme est exclue de la vie politique elle ne peut développer de conscience sociale et politique Une femme ne peut être l’égale de l’homme  si elle est reléguée à un rôle domestique. Elle ne s’émancipe que si on l’arrache à son foyer et à ses tâches domestiques [5]

Les femmes se firent donc recruter comme soldates à travers la presse communiste telle que le Courrier du Vietnam[6]. Trois motivations principales les incitèrent à participer à cet effort : la propagande qui les présentait comme des héroïnes, la fibre patriotique, le désir de reconnaissance par la nation. Elles abattirent des avions ennemis, creusèrent des tunnels       sous-terrains où elles convoyèrent des armes, posèrent des mines. Les plus âgées fabriquaient des casques et des vestes anti-éclats d’obus.  Ce fut l’époque des soldats aux longs cheveux[7].

Ce statut d’héroïne de guerre monta d’un grade à partir de 1972[8], lorsqu’il fallut remonter les infrastructures économiques, la paix étant en perspective. Les femmes travaillèrent dans des coopératives agricoles, dans des unités de production, comme ouvrière, mécanicienne et même ingénieur, pour la relance économique. Elles participèrent également à des mouvements de protestation dans les rues, faisant d’elles des activistes politiques[9].

Dans l’après-guerre, les femmes nord-vietnamiennes occupèrent des postes importants dans la bureaucratie du parti communiste. Mais jamais elles n’obtinrent la même reconnaissance d’effort de participation que leurs semblables masculins[10].

Par ironie du sort, c’est la guerre qui fut le levier de l’émancipation des femmes vietnamiennes. Ho Chi Minh n’avait pas pour motivation première l’émancipation des Vietnamiennes lorsqu’il les poussa à participer à l’effort de guerre et de relance économique. Opportuniste, il se servit d’elles simplement comme outils de guerre pour défaire les Américains. Comme il le dit lui-même, «le mépris de la femme a au Vietnam des racines profondes ». Quoiqu’il en soit, il fut malgré lui l’instigateur de leur émancipation.

Les femmes font toujours part des guerres, elles y mènent combat et y meurent.  Elles protestent et résistent quoi qu’il en soit, que les femmes entrent en guerre ou que l a guerre entre en elles. Depuis la guerre du Vietnam, l’adage «les femmes et les enfants d’abord» est outrepassé. Il faut désormais compter avec elles sur les champs de bataille[11]

Bibliographie

Armstrong, Elisabeth, Prashad, Vijay.1997. Solidarity: War Rites and Women’s Rights.

CR: The New Centennial Review – Volume 5, Number 1, Spring 2005, pp. 213-253)

Lenin , Women And Comunisim : selection from the wrintings of Marx  Engles , Lenin and Stalin  H.64.

M. Pothier, Christine, 2003. Propagandist Rrepresentation of Vietnamese Women : A Comparative Study. University of Ottawa. Dept. of History Volume 3, No. 1, 20 Page

Taylor Dr. Sandra C. 1999.Vietnamese Women At War: Fighting for Ho Chi        Minh and the Revolution. Professor of History at the University of Utah.

Dr. Ernest Bolt, Vietnamese Women in the war : A review, University of Richmond. En ligne https://facultystaff.richmond.edu/~ebolt/history398/VietnameseWomenInTheWar.html, (page consultée le 29 novembre 2009)

In liberation struggle, maintening peace and security and the role of the Vietnam Women Union promoting and ensuring women’s rights . En ligne

http://translate.google.ca/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.participamos.org/Filer/File/Rinkeby/Vietnames%2520women%2520in%2520liberation%2520struggle.pdf (page consultée le 29 novembre 2009)

Ta Van Tai, Continuité et changement dans le rôle des femmes vietnamiennes à travers les âges. En ligne http://translate.google.ca/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.taivanta.com/vietnamese-women/continuity-and-change-in-vietnamese-womens-role-through-the-ages/ (page consultée le 29 novembre 2009)

Vietnam. Vietnam Women’s Union Conference Center Hanoi The United Nations and the UNIFEM CEDAW SEAP Programme in Vietnam organized a panel discussion on Transforming the Roles of the Vietnamese Women In the 21st CenturHanoï. Vietnam Women’s Union Conference. En ligne http://translate.google.ca/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.unifem-eseasia.org/ (page consultée le 29 novembre 2009)


[1] Ta Van Tai, Continuité et changement

[2] Ta Van Tai, Continuité et changement

[3] Dr. Ernest Bolt.Vietnamese in the war

[4] Dr. Ernest Bolt, Vietnamese Women in the war

[5] Lenin , women and comunisim

[6] Taylor Dr. Sandra

[7] Dr. Ernest Bolt, Vietnamese Women in the war

[8] Vietnam. Vietnam Women’s Union Conference

[9] M. Pothier, Christine, 2003.«  propagandist representation

[10] In liberation struggle, maintening peace

[11] Armstrong, Elisabeth, Prashad

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