Vietnam: Structures politiques et ouverture économique

Par Xavier Faraire

Le Vietnam d’aujourd’hui est bien différent du Vietnam qui est sorti vainqueur de la guerre contre les Américains. Après une profonde période isolationniste, le Vietnam est plus que jamais ouvert sur le monde. Sa croissance économique est l’une des plus fortes. Depuis la nouvelle constitution qui régit le pays depuis 1992, le régime semble de plus en plus démocratique. Dans ce deuxième billet, je vous propose un petit tour d’horizon d’une dictature communiste qui, tout comme la Chine, s’est ouvert de façon spectaculaire à l’économie globale. Nous examinerons d’abord les structures politiques du pays. Ensuite, nous passeront en revue les différents événements historiques qui ont mené à l’ouverture du régime. Enfin, nous allons voir l’impact de cette ouverture sur l’économie et les relations internationales du pays.

Examinons pour commencer les structures politiques du pays telles que présentées sur le site de l’ambassade du Vietnam en France. Tout d’abord, nous avons l’assemblée nationale qui exerce le pouvoir législatif. Celle-ci est constituée de 500 députés élus pour 5 ans. C’est à l’assemblée nationale que sont élaborés les différents projets de lois, les résolutions, les politiques intérieures et extérieures, les politiques économiques, de défense, de sécurité intérieure, les modifications constitutionnelles, etc. Bref, l’assemblée nationale s’occupe du fonctionnement de l’État[1]. Le gouvernement, quant à lui, exerce le pouvoir exécutif. Il veille à l’application des lois et résolutions qui émanent de l’assemblée nationale. Il est constitué du premier ministre, qui est élu par les députés, des vice-premiers ministres et des différents ministres. Le premier ministre du Vietnam est M. Nguyen Tan Dung[2]. Enfin, le président de la république, élu lui aussi parmi les députés, est en quelque sorte le représentant officiel du pays. Il est le commandant en chef des armées et responsable de la sécurité intérieur[3]. Le président du Vietnam est M. Nguyen Minh Triet[4]. À voir cette description, on pourrait croire que le Vietnam est doté d’un régime parlementaire très démocratique. Dans les faits, il ne faut pas perdre de vue que le régime politique du Vietnam est un régime de parti unique. Le Parti communiste vietnamien contrôle l’ensemble des institutions politiques du pays. Le véritable détenteur du pouvoir est le secrétaire généra du parti,  Nong Duc Manh. Les véritables décisions se prennent au Bureau politique, à huit clos. Cette institution regroupe le secrétaire général du parti, le président de la république, le premier ministre ainsi qu’un certain nombre de ministres important pour un total de 14 personnes (depuis 2006). Ainsi, les grandes décisions du pays sont prises par consensus au sein de ce bureau. De cette façon, le parti évite la division qui pourrait déboucher en amorce de multipartisme. De plus, en théorie, l’assemblée nationale n’a qu’à entériner les différentes lois et résolutions qui sortent du bureau politique. Le Vietnam a aussi des structures politiques locales. Chacune des 57 provinces  et des 4 villes au statut provincial sont gérées par trois différents pouvoirs : les directions provinciales des services déconcentrés de l’État, les conseils populaires et les comités populaires. Ces entités gouvernementales locales sont chargées de la gestion de leur province ainsi que de veiller à l’application des lois émanant du pouvoir central[5].

Le Vietnam a beaucoup changé depuis 1975, passant de pays isolé à acteur non-négligeable du commerce international. Jetons un rapide coup d’œil sur les événements qui ont menés à ce nouveau statut. En 1975, le Vietnam bénéficie d’une certaine popularité de la part des pays de la région après sa victoire contre les États-Unis. La situation se détériore au tournant des années 80. Alors que le Vietnam se plaint que l’armée des Khmers rouges embête sa population frontalière, le parti décide de répliquer  et envahit le Cambodge, puis défait le régime. L’occupation du Cambodge pendant toute la décennie ne plait pas aux autres gouvernements de la région et le pays est plongé dans l’isolationnisme avec pour seul allié, l’URSS. Malgré cette occupation, il faut tout de même donner aux Vietnamiens le mérite d’avoir stoppé l’un des plus grands génocides de l’histoire[6].  Les choses changent graduellement à partir de 1986. Influencé par la glasnost et la perestroïka de Gorbatchev, puis par l’ouverture économique de Deng Xiaoping  en Chine, le Vietnam commence à s’ouvrir lui aussi, de façon moins radicale mais constante. Durant les années 90, le pays devient beaucoup moins rigide avec sa population, avec notamment un relâchement du contrôle de la police, et la libération de milliers de prisonniers politiques. Le parti a desserré le contrôle étatique sur l’industrie pour abandonner la collectivisation radicale. La nouvelle classe de gens d’affaires a obtenu le droit de se joindre au parti. En 2006, tout comme l’a fait la Chine en 2002, le parti abandonne officiellement la référence à la dictature du prolétariat pour tout simplement représenter l’ensemble de la nation[7]. Le parti a même légèrement démocratisé l’assemblée nationale. Bien que le parti nomme tous les candidats aux élections, il laisse tout de même le choix de voter et donc d’éliminer des candidats[8].

Sur le plan international, le Vietnam réussi à négocier la levée de l’embargo américain, ce qui lui permet de commercer avec l’ancien ennemi. Un an plus tard, le pays est admis à l’ASEAN. Il se réconcilie aussi avec la Chine, qui devient un partenaire commercial important, et entre dans la francophonie[9]. Grâce à tous ces changements majeurs dans la politique du pays, la croissance économique du Vietnam a explosé depuis les années 1990. En 2007, la croissance de son PIB était de 8,48%, un des plus forts au monde. Les investissements étrangers se sont multipliés. Le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 59% en 1993 à 18% aujourd’hui. Ses exportations se sont chiffrées à plus de $42 milliards, principalement aux États-Unis, en Chine, au Japon, en Australie et à Singapour. Son adhésion plutôt récente à l’OMC a vraiment fait entrer le Vietnam au cœur de la mondialisation.

Pour toutes ces raisons, que ce soit son ‘’ouverture’’ politique ou sa libéralisation économique contrôlée, on peut réellement dire que le Vietnam est vraiment une sorte de mini Chine. De toute évidence, ce type de modèle économique semble plutôt bien fonctionner dans la région.

Vidéo :

Diapositives présentant Ho Chi Minh city, ville ayant la plus forte croissance économique du pays.

Bibliographie

Vietnam. Embassade du Vietnam en France. Structures politiques. En ligne. http://www.vietnamembassy-france.org/fr/nr070521170056/nr070821155902/ (Page consultée le 6 novembre 2009)

Delalande, Philippe. 2007. Vietnam, dragon en puissance. Paris : L’Harmattan. 237p.

Han, Vo X. «Vietnam in 2007: A Profile in Economic and Socio-Political Dynamism». Asian Survey, vol. 48, no. 1, pp. 29-37.


[1] http://www.vietnamembassy-france.org/fr/nr070521170056/nr070821155902/

[2] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/vietnam_555/presentation-du-vietnam_1357/composition-du-gouvernement_2927.html

[3] http://www.vietnamembassy-france.org/fr/nr070521170056/nr070821155902/

[4] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/vietnam_555/presentation-du-vietnam_1357/composition-du-gouvernement_2927.html

[5] Delalande, Philippe. 2007. Vietnam, dragon en puissance. Paris : L’Harmattan. P.87-88

[6] Ibid. p.78

[7] Ibidem p.98

[8] Han, Vo X. «Vietnam in 2007: A Profile in Economic and Socio-Political Dynamism». Asian Survey, vol. 48, no. 1, pp. 29-37.

[9] Delalande, Philippe. 2007. Vietnam, dragon en puissance. Paris : L’Harmattan. P.60-64

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