Le Laos communiste

Par Amélie Privé

En 1989, la chute du mur de Berlin marque la défaite des communistes de l’URSS. Depuis, beaucoup des pays du bloc soviétique tel que la Roumanie, la Pologne et plusieurs autres abandonne ce qui restait de leurs allégeances communistes. Bien que la très grande majorité de ses pays sont démocratiques ou en voie de le devenir, le Laos traîne derrière. En effet, même en ayant perdu l’aide de l’Unions Soviétique, le parti communiste laotien se maintien au pouvoir sans une très grande opposition du peuple, comme on l’a rencontré au Vietnam ou en Thaïlande contre la dictature. Pour tenter de comprendre pourquoi le Laos ne s’est pas démocratisé, il est important de s’arrêter sur les évènements de l’histoire politique du Laos qui auraient conduis à la prise et au maintien d’un gouvernement autoritaire. Tout d’abord, en quoi l’époque coloniale a pu jouer un rôle. Ensuite l’invasion japonaise ainsi que la guerre d’Indochine seront abordées. Finalement nous verrons ce que fait le parti communiste aujourd’hui pour se maintenir au pouvoir.

À la fin du 17ième siècle, la France débarque sur le territoire du Vietnam, du Cambodge puis, du Laos. Servant alors d’État tampon car la présence française arrêtait d’une part la menace de l’expansionnisme siamois et d’autre part la menace britannique. Le Laos est alors dirigé par des administrateurs français et le roi manipulé par ceux-ci. Lors de la deuxième guerre mondiale, les Français se retirent et les Japonais en profitent pour débarquer et envahir le territoire laotien. À ce moment, même si certains groupes en montagne s’étaient quelque peu rebellés sans pour autant causer de trouble, la présence japonaise réveilla le sentiment nationaliste des laotiens. En effet, lors de la défaite nippone, les Laotiens s’opposèrent au retour des Français puisqu’ils venaient de proclamer leur indépendance.[1]

Le Front Patriotique Lao se forma et commença à prendre de l’expansion. Lors de la guerre froide, les communistes qui luttèrent pour l’indépendance au travers du Front Patriotique étaient aidés par le Vietnam, la Chine ainsi que l’URSS. Il est donc logique de penser que l’autre camp, soit le gouvernement royal avec ses administrateurs français, était aidés par la Thaïlande et les États-Unis. Ainsi, le pouvoir était largement décentralisé ce qui divisa le pays en deux. Comme la conscience d’un territoire commun est un élément essentiel pour créé un mouvement nationaliste et un état solide propice ainsi à la démocratie, la fragmentation territoriale affaiblie énormément le gouvernement et sin pouvoir politique. Ainsi il est impossible à cette époque d’espérer une quelconque démocratisation.

Lorsque le Vietnam lança en 1953 une attaque contre les troupes française, le Pathet Lao en profita pour s’installer dans la région de Sam Neua. Cependant, c’est lors des accords de Genève, qui donna le droit d’exister au Pathet Lao que le Parti prit plus fortement le pouvoir en maintenant les luttes armées dans ses régions. S’en suivit une guerre civile où les militaires prennent le pouvoir aidés par l’URSS, puis de nombreux bombardements plongèrent le Laos au cœur de la guerre du Vietnam. Ce fût seulement à la chute de Saigon, capitale des capitalistes, prise par les communistes, que le Pathet Lao prit également le pouvoir sur son territoire.

À ce moment, alors que bien des pays d’Asie du Sud-Est ont réussis à se libérer quelques années plus tard de la dictature, le Laos demeure déchiré par les guerres et tente de se relever. La plupart de ses grandes villes ou capitales provinciales étaient des créations coloniales dirigées par les Français. Ceux-ci avaient fait immigrer des Vietnamiens ainsi que des Chinois afin de les peupler et utiliser la main d’œuvre pas assez nombreuse. Cela constitue une entrave au développement d’un sentiment unitaire sur le territoire.[2] En effet c’est avec le soulèvement des villes et les pressions que met la population sur le gouvernement qui permet de faire avancer la démocratie. Comme ce fût le cas de la Thaïlande. La population laotienne n’a donc pas encore d’organisation suffisamment puissante pour imposer la démocratie et déloger la dictature. De plus, contrairement à la Thaïlande, le Roi n’a plus de fonction et n’existe plus. Ce qui aurait pu permettre de tempérer la dictature a été aboli par celle-ci. Ainsi, le Parti communiste n’a aucune entrave à son plein pouvoir.

Finalement, le Laos est aujourd’hui membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est(ANSEA), et commence à s’ouvrir au marché mondial. En effet, depuis les années 80, le gouvernement diversifie son économie et signe de nombreuses ententes commerciales avec ses voisins. De plus, une étude statistique montre que son espérance de vie à la naissance de la population à beaucoup augmentée passant de 44 ans à 62 ans en 2002. Les résultats de son PIB sont également à la hausse. On peut donc observer que malgré que la situation demeure très difficile, elle va en s’améliorant. De cette manière, le gouvernement remplit sa tâche, à défaut d’être démocratique. Tant qu’une économie va bien et ne chute pas, le gouvernement a tendance à rester en place, car il ne suscite pas la révolte des populations. Beaucoup de travail au niveau des droits humains doivent être fait, mais en observant à quel point la population a pu être divisée lors des guerres d’Indochine et la manière dont le pays se relève, le Pari communiste lao a le vent dans les voiles et ce pour plusieurs années encore, à moins bien sûr d’un soudain retournement.

Bibliographie

Hours, Bernard, Monique Selim. Essai d’anthropologie politique sur le Laos contemporain ; Marché, socialisme et génies. L’Harmattan. 1997

Taillard Christian. Le Laos, stratégie d’un état tampon. Reclus. 1989.

Isoart, Paul. Les États de l’Asie du Sud-Est. Economica. 1986

Lechervy Christian. Le Laos. Article encyclopédique; le Laos au XXème siècle.

Université de Sherbrooke. Perspective monde. Lien internet

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/pays/LAO/fr.html


[1] Lechervy Christian. Le Laos. Article encyclopédique; le Laos au XXème siècle.

[2] Taillard Christian. Le Laos, stratégie d’un état tampon. Reclus. 1989. P : 50

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