Participation politique, démocraties et monarchies

par Benoit Auger

À travers le monde, plusieurs États sont constitués sous la forme d’une monarchie. Quatre des onze États d’Asie en sont. Ces quatre États sont toutefois chacun très différents au niveau démocratique. Le type de monarchie exercé affecte-t-il le niveau de démocratie présent dans un État? Cela sera démontré par une comparaison entre les quatre monarchies présentent en Asie du Sud-Est.

Les quatre monarchies présentes en Asie du Sud-Est sont situées dans les États suivants : la Thaïlande, le Cambodge, la Malaysia et le Brunei. Dans les premiers cas, il s’agit d’une monarchie constitutionnelle et dans le cas du Brunei d’une monarchie absolue sous forme d’un sultanat.

Que se passe-t-il au niveau démocratique en Thaïlande? Au sein de l’État thaïlandais, on retrouve en plus du roi, d’un premier ministre avec qui le roi occupe une fonction au sein du pouvoir exécutif. Le premier ministre thaïlandais est élu directement par le peuple et non nommé sous une quelconque forme. De plus, afin d’être élu, le premier ministre doit organisation une véritable campagne électorale et ainsi faire de son mieux pour se démarquer de ses adversaires. Le roi thaïlandais reste toutefois très important, car celui-ci ne sert pas seulement de guide pour le premier ministre, mais bel et bien de patron. La nouvelle constitution thaïlandaise de 1997 a elle aussi été mise en place par un vote au sein de la population, ce qui représente un haut niveau démocratique car dans de nombreux États une nouvelle constitution est souvent mise en place uniquement par les législateurs. Ainsi même si le roi est très important, on peut observer qu’un bon niveau démocratique règne en Thaïlande par les nombreuses opportunités dont bénéficie le peuple au sein des décisions étatiques.

Le Cambodge tel qu’indiqué auparavant est lui aussi une monarchie constitutionnelle, toutefois la démocratie n’est pas représenté de la même façon qu’en Thaïlande. Si en Thaïlande le premier ministre dépend du roi, au Cambodge la relation inverse est plutôt présente. Durant une longue partie de la Guerre froide, la monarchie avait disparue au Cambodge pour revenir trente ans plus tard. Cette longue absence a possiblement affaiblit les rôles du monarque. Aujourd’hui le roi est élu par un conseil au sein duquel le premier ministre siège ainsi que plusieurs législateurs. Ainsi le roi cambodgien est redevable face au gouvernement. De son côté le premier ministre est le même depuis 1985 ayant remporté les élections à chaque fin de mandat. Pour plusieurs, ces élections sont considérées comme non-démocratiques, en particulier à cause du fait que selon la Constitution du Cambodge le premier ministre n’avait pas le droit de se représenter lors de l’élection de 2008. À l’heure actuelle, le premier ministre possède beaucoup plus de pouvoirs que le roi. Hun Sen, premier ministre cambodgien actuel est un ancien militaire et il représente bien la tradition militaire présente au sein du Cambodge qui a durant longtemps été dominé par ceux-ci.

La Malaysia est elle aussi une monarchie constitutionnelle. La Constitution de la Malaysia indique formellement que le roi est d’une grande importance. Le roi est toutefois en poste pour une période de cinq ans et possède comme grand pouvoir de nommer le premier ministre parmi l’ensemble des législateurs. Ainsi le peuple possède un poids limité dans la décision de nommer un premier ministre. De manière générale, mais non officialisée au sein de la constitution, le roi nomme comme premier ministre le chef du parti politique majoritaire. Ainsi le roi respecte d’une certains façon le choix du peuple. Le roi malaisien représente l’autorité au sein de l’Étant et celui-ci ayant nommé le premier ministre, il arrive peu souvent que ce dernier contredise les décisions du roi. Le roi de Malaysia, possède nombreux pouvoirs au sein de la Constitution de Malaysia, mais ceux-ci reste toutefois protocolaires car il les utilise peu. Les processus démocratiques sont bien implantés en Malaysia par des élections pour déterminer les législateurs, dont un d’eux sera de plus premier ministre. En poussant plus loin nous pouvons aussi dire que le roi est élu démocratiquement, car celui-ci est choisi par des gens qui ont été élus par le peuple, le choix du roi représente donc les intérêts du peuple.

Finalement, au Brunei il y règne une toute autre situation. Le sultan du Brunei est l’autorité suprême et quiconque ne peut s’y opposer. Celui-ci occupe l’ensemble des fonctions importantes au sein de l’État : roi, premier ministre, ministre des finances et ministre de la défense. La Constitution du Brunei mentionne la possibilité de tenir des élections pour déterminer un certains nombre de sénateurs, mais le sultan passe par-dessus et se permet d’en désigner l’ensemble. Une seule élection démocratique est survenue au Brunei, mais les résultats de celle-ci furent annulés lorsque le sultan a déclaré l’état d’urgence. Depuis la nomination du premier ministre se fait directement par le sultan et non par une élection impliquant la population. Le Brunei est clairement un État peu démocratique et ne travaillant pas dans la voie d’améliorer la situation.

Il semble donc que le fait d’être une monarchie constitutionnelle ou absolue influence le niveau de démocratie, mais si ce n’est pas le seul facteur. Par exemple, certaines monarchies constitutionnelles, telles le Cambodge, peuvent s’avérer être autant autoritaire.

Pour de plus amples informations sur les monarchies en Asie du Sud-Est, il est possible de lire sur ce même blogue mes quatre autres billets spécifique à chacune des monarchies : “Thaïlande : réelle démocratie?”, “Cambodge : Quelle est la pertinence d’un monarque?”, “Malaysia : Pion ou premier ministre?” et “Brunei : État démocratique?”.

Références

Badie Bertrand et Tolotti Sandrine, dir. 2008. L’état du monde : Annuaires économique géopolitique mondial 2007 Montréal : Boréal. 430 pages.

Massicotte, Louis. Dir. 2009 Problèmes du fédéralisme dans le monde: texts et documents. 9e edition. Québec: PUL. 74 pages.

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